Les jours étaient passés depuis cette soirée. Damaris n'avait épargné aucun détail de ses retrouvailles avec Louise, mais Nina craignait qu'elle ne lui cache quelque chose, qu'elles soient allées plus loin que de simples baisers.
— A quoi me servirait de te le cacher ? avait protesté Damaris.
Chacune d'elle réfléchissait à la suite. Est-ce que ce n'était qu'un égarement ponctuel ? Est-ce que cela pouvait être un nouveau départ ? Ou le début d'une nouvelle trahison ?
Une fin d'après-midi, Louise sortit de la banque avec une de ses collègues. Elle ne mit pas longtemps à remarquer Nina de l'autre côté de la rue qui l'observait appuyée contre sa voiture. Elle alla la rejoindre en affichant un grand sourire, le plus chaleureux qu'elle le put, pour cacher son stress qui grondait dans son estomac. Nina ne souriait pas. Elle affichait son regard givré, sévère et hypnotisant. Son masque d'apathie.
— Salut, dit timidement Louise. Je me doutais que tu viendrais me voir.
— Je suis sans surprise pour toi, releva-t-elle d'un ton monocorde.
— Ne le prend pas comme ça, dit-elle en faisant la grimace. Tu veux qu'on aille prendre un café ?
Nina ne voulait pas se montrer désagréable, elle avait promis à Damaris de ne pas s'attaquer avec Louise, elle lui avait rappelé que c'était elle qui avait amorcé la situation de la dernière soirée et que Nina avait donné son accord. Mais elle avait encore des ressentiments, une colère silencieuse.
— Je ne veux pas mettre le bordel dans votre couple, dit Louise après que la serveuse ait déposé leur commande à leur table. Je ne m'attendais pas à cette soirée.
— Je sais, dit Nina. Mais j'ai besoin de savoir ce que tu attends maintenant.
— Moi aussi.
— Ça a été difficile, expliqua la brune, quand tu as, quand tu nous as quittées.
Louise comprenait que Nina était encore bouleversée. Elle la connaissait très bien, elle savait qu'elle était beaucoup plus sensible qu'elle ne voulait le faire paraitre. Elle ne pouvait pas imaginer ce qu'elle avait pu ressentir quand elle avait pris la décision de partir. La voir revenir ne devait pas être du pur plaisir. Louise devait prendre ses sentiments en considération, ne pas la considérer pour acquise.
— Je suis désolée, commença-t-elle, j'ai passé beaucoup de temps à réfléchir, à me reconstruire.
— Te reconstruire ? Carrément ? Tu étais si mal que ça avec moi ?
— Non, c'est pas ça. J'étais... Je suis... bégaya la rousse.
Un long silence s'installa entre elles, Nina foudroyait Louise du regard alors qu'elle cherchait les meilleurs mots pour ne pas la blesser.
— Tu étais la seule chose que j'aimais dans ma vie d'avant. La seule touche de bonheur. Je subissais tout le reste et en plus je devais te partager. Te partager avec ta vie, ton travail dans lequel tu t'épanouis et surtout toutes tes conquêtes.
— Damaris ?
— J'y viens, dit Louise. J'étais jalouse. Jalouse de ta vie. Tu m'avais moi, ton travail et le reste. Je n'avais que toi, mais je pensais que c'était suffisant, ton bonheur, ton bien être, t'aimer. Quand on a rencontré Damaris, je suis tombée amoureuse, je l'ai aimé comme je t'aimais. Elle est passionnée comme toi, dit-elle avec un sourire nostalgique. C'est pour ça que c'est souvent explosif entre vous. Je sais que ça peut être un peu stupide, mais j'avais l'impression d'être invisible, être seulement la petite amie, la pièce en plus dans votre relation.
Nina ne comprenait pas, elle n'avait jamais eu l'impression que Louise était mal dans leur relation, où qu'elle se sentait mal dans sa vie. Elle voulait lui dire qu'elle ne l'avait jamais considéré comme acquise, que jamais elle n'avait cessé de l'aimer, mais elle ne dit rien, ne voulant pas la couper dans ses confidences.
— J'avais besoin de me retrouver, continua Louise. Et je sais que je vous ai blessé et je n'ai aucune excuse, mais je ne savais pas comment me sortir de tout ça. Cette histoire avec Enzo, c'était n'importe quoi.
Nina fit une grimace qui n'échappa pas à Louise qui ne préféra pas relever.
— Avant notre rencontre dans les toilettes, je voulais déjà tout arrêter avec lui et cette soirée n'a fait que confirmer ce que je ressentais à cette époque. Je vous aimais, Damaris et toi, mais je ne m'aimais pas.
Un long silence s'éternisa, Nina se sentait coupable de n'avoir eu aucune idée de mal être de sa petite amie. Louise semblait avoir pleine conscience de son mal-être qu'elle conjuguait au passé, la brune lui demanda ce qui avait changé.
— J'ai pris du temps pour moi, pour savoir qui j'étais, pour savoir ce que je voulais pour moi, pour être heureuse.
— Et tu as trouvé ?
— En partie. D'abord, Dami et toi. Je sais que ça ne sera peut-être pas possible, ce précipita-elle avant que Nina n'intervienne. Même si on ne ressortira peut-être jamais ensemble, vous êtes importantes pour moi et c'est important pour moi de vous avoir dans ma vie. Et l'autre chose, je vais quitter la banque.
— Vraiment ?
— Oui, j'ai seulement suivi le modèle familial.
— C'est vrai, mais tu vas faire quoi maintenant.
— Je ne sais pas encore. Tu connais mes parents, je leur ai dit que je voulais changer de vie, mon père m'a dit qu'il me soutiendra financièrement si j'en avais besoin. Je prends des risques, mais pas tant que ça finalement.
Nina lui sourit chaleureusement. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était déjà un grand saut dans le vide pour Louise, celle qui rentrait toujours dans le moule.
— Un diner ? proposa Nina. Dami, toi et moi, un soir dans la semaine, ça te tente ?
— Ça serait avec plaisir.
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Un Café Pour Trois
RomanceDamaris travaille dans un café pendant l'été et rencontre Nina et Louise, deux femmes séduisantes qui ne la laissent pas indifférente.