Chapitre 18 : Echo

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Le lendemain, la colère de Damaris ne s'était que très peu atténuée et Nina ne savait pas comment arranger les choses, Louise lui avait conseillé de lui laisser le temps de se calmer. Cette dernière préféra se changer les idées en compagnie d'Enzo, elle l'avait invité à boire un verre chez elle et n'en avait rien à ses petites amies.

— Pas de rencard avec tes copines ce soir ? demanda le jeune homme en constatant l'heure tardive.

— Non, j'évite la zone de guerre.

— La zone de guerre ?

— Damaris et Nina se sont pris la tête, expliqua Louise, je préfère les laisser régler les choses entre elles.

— Et, du coup, t'as appelé ce bon vieux Enzo pour qu'il te console.

— Je n'ai pas besoin d'être consolée, dit sèchement Louise.

— Tant mieux, dit-il en essayant de se rattraper. Ce n'est pas trop dur à gérer ce genre de chose ? Je veux dire, elles se disputent et tout aussi tu es punie.

— C'est le jeu, dit-elle sans développer.

— Moi je ne pourrais pas, insista Enzo, je serais incapable de te partager.

— Tu ne voudrais pas essayer un plan à trois ? Je croyais que c'était le fantasme de tous les hommes.

— Tu parles de sexe, moi je parle de sentiment, dit-il en s'approchant d'elle. Je ne supporterais pas que tu aimes quelqu'un d'autre.

Il était très proche, à tel point que Louise aurait pu deviner la marque de sont shampoing. Il s'approcha encore un peu et, voyant qu'elle ne reculait pas, il se pencha pour saisir ses lèvres des siennes. Louise finit par le repousser, avant de faire quelque chose qu'elle pourrait regretter.

— Désolé, dit Enzo confus, je pensais que tu en avais envie.

— Non, c'est moi qui m'excuse, je n'aurai pas dû t'inviter chez moi. On a été bête de penser que ça pouvait rester platonique entre nous.

— On ? reprit Enzo. Il faut que je te pose une question ?

— Je ne préfère pas, dit la rousse comprenant de quoi il en retourner.

— Tu aurais voulu m'embrasser ?

— Les choses sont déjà compliquées dans ma vie, dit-elle d'un ton las. J'ai déjà deux petites amies, je n'ai pas besoin d'une autre relation.

— Ça veut dire oui ?

— Ça veut dire qu'il n'y a pas de questions à se poser.

— Tu serais célibataire, ça changerait les choses ? insista-t-il.

— Je ne le suis pas.

— Quitte-les. Il n'y aura que toi, je te le promets. Tu n'auras pas à me partager.

— Pourquoi on a cette conversation ? s'énerva Louise. J'ose pas croire que tu me dises ça.

Elle avait un faible pour Enzo, mais elle ne voulait pas remettre en question sa relation amoureuse. Tout était parfait, elles trouvaient peu à peu un équilibre.

— Je les aime, je ne compte pas les quitter.

— Tu les aimes peut-être, mais je ne suis pas sûre que tu sois heureuse. Tu m'as dit toi-même que c'était une idée de Nina et que tu as cédé pour lui faire plaisir.

— Je suis heureuse.

— Ma présence ce soir dans ton appartement prouve le contraire.

Louise mit Enzo à la porte et fondit en larme, il n'avait pas totalement tort. Les jours suivants, ils ne s'adressèrent pas la parole, elle évitait même de le regarder.


Damaris était loin de s'imaginer ce qui tracasser Louise, elle ne pensait qu'à ses conflits avec Nina.

— Tu n'as pas l'air de bonne humeur, dit Héloïse à Damaris le mardi suivant pendant un cours en amphithéâtre.

— Mais si, je pète la forme, rien ne pourrait me combler plus que je ne le suis, répondit-elle avec ironie.

— Confie-toi à tata Héloïse et dit moi ce qui ne va pas.

— Prise de tête avec Nina.

— Et avec Louise, ça va ?

— Oui.

— Qu'est ce qui s'est passé ?

— Elle veut que je quitte mon travail et payer mon loyer pour que j'ai plus de temps à passer avec elles.

— Elle veut d'entretenir en gros.

— Exactement et je ne suis pas ce genre de fille.

— Je ne sais pas ce qu'il te faut.

— Une relation normale, dit Damaris.

— Une relation normale ? s'esclaffa son amie un peu trop bruyamment. Mais t'as deux copines.

— Calme-toi. La plus normale possible en tout cas.

— Tu es difficile.

— Pourquoi ? demanda Damaris.

— Elle te l'a imposé ?

— Non, encore heureux.

— Qu'est ce qu'elle t'a dit exactement ?

— Je me plaignais de pas avoir assez de temps à passer avec elles, entre les cours et le taf, mais que j'avais de travailler pour payer mon loyer et elle m'a proposé de le payer.

— Elle ne t'a pas forcé la main, elle t'a juste suggéré une solution.

— Vu comme ça, mais elle se sert trop de l'argent pour régler les choses.

— C'est parce qu'elle en a. Si on en avait, on ferait la même chose.

— Pas faux. Je louerai un jet pour faire le tour des capitales du monde, se mit à rêver Damaris.

— Tu pourrais te l'acheter, ou partir en croisière. Acheter un paquebot. Nina peut se payer un paquebot ?

— Je ne pense pas. Mais elle pourrait payer une croisière.

Elles se concentrèrent quelques minutes sur le cours avant qu'Héloïse ne pose une nouvelle question :

— Dit, t'es amoureuse ?

— Je crois que oui, dit Damaris après y avoir un peu réfléchit.

Elle voulut donner plus d'explication, mais l'un de leur camarade leur demanda de se taire pour pouvoir suivre le cours, même si la vie sentimentale de Damaris avait des airs de soap opéra.

Après le cours, elles allèrent déjeuner et Héloïse demanda plus de précision à son amie :

— Tu les aimes pareil ?

— Je crois, oui.

— Est-ce que tu penses que tu les aurais aimés si elles n'étaient pas en couple ?

— Certainement oui. Mais peut être que je ne serais jamais sortie avec aucune.

— Pourquoi ?

— J'ai d'abord rencontré Nina.

— L'histoire du café bouillant, coupa Héloïse.

— A la façon dont elle a réagi, je ne pense pas que je me serais approchée d'elle.

— Et Louise ?

— S'il n'y avait pas eu Nina, elle ne m'aurait même pas jeté un coup d'œil.

— Comme quoi, vous étiez faites pour être toutes les trois.

— Ouai. Je me souviens même plus comment c'était avant elles. Ni comment c'est de sortir avec une unique personne.

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