𝟗.

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La nuit était sombre, le vent sifflant à travers les arbres, et je courais, haletante, à travers une forêt dense. Mon cœur battait à tout rompre, mes jambes fléchissant sous l'effort. Chaque pas semblait me rapprocher de quelque chose d'inéluctable, quelque chose de terrifiant. Soudain, je trébuchai sur une branche cachée sous des feuilles mortes et tombai lourdement au sol. La douleur éclata dans ma cheville et je poussai un cri étouffé. Me retournant, je vis des ombres humaines se profiler entre les arbres, et le hurlement des chiens se rapprochait de plus en plus.

« Non, non, non... » murmurai-je, la panique envahissant chaque fibre de mon être.

Les chiens étaient sur moi en un instant, leurs mâchoires puissantes se refermant sur ma chair. La douleur était indescriptible, des cris de terreur et de souffrance se mêlant dans un tourbillon de sensations horribles. Je sentais leurs crocs s'enfoncer, déchirer, broyer.

« Aidez-moi ! » hurlai-je, ma voix se perdant dans la nuit.

Mais il n'y avait personne pour m'entendre. Juste ces ombres humaines, observant silencieusement alors que les chiens me déchiquetaient, vivante. La douleur était insupportable, et tout devint flou, sombrant dans l'inconscience.

Je me réveillai en sursaut, le souffle court, les draps enroulés autour de moi comme un piège. La lumière du jour baignait la pièce, inondant tout de sa clarté apaisante. Mon cœur battait toujours à toute allure, et la terreur de mon cauchemar s'accrochait à moi comme une seconde peau.

« Ce cauchemar... » murmurai-je, tremblante. « Qu'est-ce que c'était ? » me redressai-je lentement, portant une main tremblante à mon front moite.

La douleur semblait si réelle, et la terreur ne quittait pas mon esprit. Je pris plusieurs profondes respirations pour essayer de me calmer, mais mon esprit ne cessait de revenir à ce rêve horrible. Une prémonition ? Me levai-je du lit, mes jambes encore tremblantes, pour aller jusqu'à la fenêtre. Reprenez vous... Tirai-je machinalement les rideaux, me laissant bercer par les lueurs orangées de l'aube. J'ai des responsabilités et un mariage à préparer. Mais ces cauchemars... pourquoi sont-ils si réalistes ? Dérivèrent mes pensées vers les nuits précédentes, vers d'autres cauchemars tout aussi troublants que celui-ci.

Dans certains, je mourais de manière toute aussi atroce ; poignardée dans une ruelle sombre, empoisonnée lors d'un dîner, ou encore pendue.

Dans d'autres cauchemars, j'étais accusée de trahison, ma réputation et mon honneur réduits en miettes. Et traînée devant des tribunaux, humiliée publiquement.

Il y avait même quelques années de cela, j'avais rêvé que Cesare m'étranglait, ses mains puissantes serrant mon cou au point de me couper le souffle. Ses yeux pleins de haine me fixaient tandis que je luttais désespérément pour respirer. L'angoisse de ce rêve m'avait suivie au réveil, et étrangement, peu de temps après, un événement similaire s'était produit. Cesare, dans un accès de colère, avait tenté de m'étouffer lors d'une dispute, et c'était grâce à ce cauchemar que j'avais su quoi faire, comment le repousser et me libérer de son emprise.

Je devrais être prudente... Touchai-je doucement mon cou, là où ses mains avaient laissé des marques rouges et douloureuses à l'époque.

Ces rêves étaient peut-être un avertissement, un moyen pour moi de me préparer à l'inévitable et de me sauver d'une quelconque manière.

Dehors... tout me parait si calme et serein. M'éloignai-je de la fenêtre et me dirigeai dans les jardins. Mon regard se posa alors sur des fleurs environnantes et suivis leur chemin sinueux à travers les parterres jusqu'à ce que mes yeux se posent sur des althéas bleues, leurs pétales délicates baignées dans la lumière du soleil matinal.

Je m'accroupis doucement, laissant mes doigts effleurer leur texture soyeuse, et une émotion familière m'envahit. Ces fleurs, qui étaient autrefois les préférées de mon père, semblaient résonner avec la voix douce de ma mère dans mon esprit.

« Père... » murmurai-je, les yeux fixés sur les pétales d'un violet profond. « Mère m'a dit que vous étiez toujours avec nous, quelque part là-haut. J'aurais tellement aimé que vous soyez là pour me guider à travers ces moments difficiles. Je suis désolée si je n'ai pas été assez forte, si je n'ai pas su faire face à toutes les épreuves qui ont assailli notre famille. »

Une brise légère caressa doucement mes cheveux, comme une caresse réconfortante, et pendant un instant, j'eus l'impression que mon père était là, invisible mais présent, écoutant mes paroles avec bienveillance.

« J'ai tenté de demeurer loyale à vos préceptes, à votre sagacité. Toutefois, je me sens accablée et démunie face aux défis qui se dressent devant moi. J'ose espérer que vous le comprenez, Père. J'espère que vous êtes en mesure de percevoir les luttes que je mène et que malgré mes faiblesses, mes péchés, vous êtes fier de moi, peu importe ce que je suis devenue. » perlèrent des larmes au coin de mes yeux. « Ce que nous sommes devenus. Je vous assure, Père, que je veillerai sur Mère ainsi que sur mes frères et sœurs. Je m'engagerai à ce que leur bien-être soit préservé, même si cela implique de supporter la torture, d'être contrainte à un nouveau mariage ou de verser des larmes silencieuses chaque soir, priant pour que ce ne soit qu'un affreux cauchemar. Je ferai usage de tous les moyens en mon pouvoir pour protéger notre famille. »

Alors que je séchais mes larmes, un cri déchira soudainement le silence. Mon nom, porté par la voix d'Élise. Surprise par cet appel inattendu, je relevai lentement la tête, mes yeux encore embués de larmes, pour la découvrir se précipiter vers moi à travers les allées verdoyantes. Que se passe-t-il ? Me redressai-je maladroitement, me concentrant sur la silhouette qui se rapprochait, cherchant à dissiper la brume d'émotions qui enveloppait plus tôt mon esprit.

« Althéa. » arriva-t-elle à ma hauteur, essoufflée. « Le Duc Aarden est ici. »

Encore ?














𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant