𝟗.

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Assise dans mon lit, je jouais avec un collier que je ne portais jamais —de peur de le perdre. Sa chaîne dorée glissait entre mes doigts, s'accrochant au chapelet. Le pendentif était d'une améthyste ovale, projetant des éclats violets sur les murs. Tout autour de la pierre, des fils formaient certaines phases de la lune.

C'était un bijou unique. Un collier donné de génération en génération. C'était le dernier cadeau de mon père.

Qu'est-ce que je dois faire maintenant ?

Je ne peux pas rester enfermer ici pour toujours... Je devrais sortir... Mais... S'il essaie de m'assassiner ? Ou de récolter des preuves pour m'accuser ? Et s'il réussit ? Qu'est-ce qui va m'arriver ?

Devrais-je écrire à Cesare ?

Pour lui dire qu'un Hassassyīn nous surveille ? Est-ce que je devrais lui parler de mes soupçons sur la Comtesse ? Non... Même si elle a été étrange, elle a été déclarée innocente... Et puis... Ce ne sont pas mes affaires. Il risque de se fâcher si j'essaie de m'emmêler et je ne veux pas qu'il se fâche... Qui sait ce qu'il me fera à son retour, rien qu'en apprenant que le Vicomte a été tuer par d'autres mains que les miennes.

« Althea ? »

Je tournai la tête et découvris Victor au pas de la porte. Je baissai les yeux sur ses chaussures.

« Qu'est-ce que vous voulez ? »

« Ça va faire deux semaines que vous êtes ici. Cloîtrée dans cette... Chambre. Sortir un peu vous ferait du bien. »

Je lâchai un rire sec.

« Quel charmant conseil, Mon Frère. »

Je me remis à jouer avec la chaîne du collier.

« Laissez-moi tranquille, comme vous l'avez très bien fait jusqu'à présent. »

« Bien, mais juste avant je voulais vous dire que j'ai reçu une invitation. Une exposition de peinture éphémère à l'Ancien Temple du centre-ville. Je sais que quand vous étiez petite, vous aimiez y aller avec Père. Alors... J-J'ai pensé que —»

Je me figeai.

Pourquoi cette attention soudaine ?

Jusqu'ici, il ne s'était pas du tout inquiété pour mon empoisonnement. Depuis que je m'étais réveillée, il n'était venu me voir qu'une seule fois. Et ce n'était même pas pour savoir comment j'allais. Non. C'était pour me poser des questions dans le genre : pourquoi j'étais là-bas et qui je soupçonnais. Heureusement pour moi, j'avais caché la cape de l'Hassassyīn juste avant son arrivée. Seul Dieu sait quelle conclusion il s'en s'aurait fait.

« Vous pourriez amener Hélio. » ajouta-t-il. « Ou un chevalier, si vous voulez vous sentir en sécurité. »

Je soupirai, le regard perdu dans le vide.

« J'imagine que si j'y vais, on pourra dire que la famille s'intéresse à l'art et à la culture. Une belle image, non ? Surtout utile pour une négociation futur. Je me trompe ? »

Il ne répondit pas.

Bien sûr qu'il ne répondit pas.

Car c'était exactement ce qu'il voulait.

Je me levai et tirai la corde de la cloche.

« Ça ne sert à rien de rester planté là, Victor. C'est bon, je vais m'y rendre. »

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant