Je frappai à la porte du couvent, les poings en sang. Mais la douleur n'avait plus d'importance. Je ne voulais qu'une chose... M'enfuir. Me cacher. Survivre.
La porte s'ouvrit sur une nonne.
Elle m'invita à la suivre.
Amenée dans une chambre, je m'effondrai sur le lit. Les larmes coulaient sans relâche alors je sentais encore la pince à feu contre ma peau.
« Sept ans déjà... »
Je remontai une manche de mon peignoir et touchai les cicatrices blanches et boursouflées.
La nausée me traversa.
Je fermai les yeux, ramenée à ce jour-là.
« Ce n'est pas sa faute ! C'est la mienne ! Si quelqu'un doit être puni, c'est moi ! Personne d'autre ! C'est ma faute ! »
Je tendis les mains vers mon frère comme si je pouvais le faire arrêter.
« Cesare, j'accepterai n'importe quel châtiment ! Fouettez-moi ! Battez-moi ! Brûlez-moi ! Mais pas elle ! Ne lui faites rien... Je vous en supplie, Mon Frère... ! »
Il me regarda sans la moindre trace de compassion et prit une arme.
« Retenez ceci : c'est votre faute, Althea. »
Avant que je ne puisse m'interposer, le bruit sec de la détonation résonna. Tout se figea. Puis le monde revint à moi par une éclaboussure sur mon visage. Le sang. Son sang. Il jaillit de sa tête. Se mêlant à mes larmes. Créant une amertume insupportable dans ma bouche.
« Irenn... ! »
Alors que je me faisais traîner hors de la pièce par les cheveux, Cesare tuait toutes les nonnes sur son passage. Leurs cris se percutaient aux craquements des flammes, le sol se gorgeant de leur sang. Tirée toujours plus loin, traînée sur ce maudit sol, je ne pouvais que regarder ce couvent se faire anéantir par le feu, par l'enfer, par la mort —par les conséquences de mes actes.
Je posai une main sur mon front, tentant de repousser ce souvenir. Mais rien n'y faisait. Il persistait.
Dans un mouvement brusque et désespéré, je saisis la fiole d'opium posée sur la table de nuit, laissant tomber quatre gouttes sur ma langue. Je restai un moment immobile, le temps que la substance fasse effet, avant de ramasser une invitation que j'avais reçu : celle de la Comtesse Adélaïde.
Faute de pouvoir bien dormir, j'avais retracé cette nuit chaque apparition publique et chaque rumeur sur Guicciardini. Petit à petit, j'avais reconstitué le portrait de cet homme. Et si mon intuition était juste, si tout ce que j'avais supposé sur lui était vrai, ce bal pourrait être la seule occasion pour moi de le rencontrer et de—
« Vous n'avez pas dormi, n'est-ce pas ? »
Elise venait d'entrer.
Je repoussai la couverture et m'assis au bord du lit, reposant la lettre à sa place.
« J'ai parfaitement bien dormi. »
Je savais qu'elle ne me croirait pas et qu'elle ne tarderait pas à me le faire comprendre.
« Althea... Je sais que je ne suis pas ici depuis longtemps... »
Elle s'agenouilla et posa une main sur la mienne.
« Mais sachez que vous n'êtes pas seule. Si vous avez besoin de parler, je suis là. Je serai toujours là, quoi qu'il advienne. »
Je l'observais, cherchant une faille dans sa déclaration. Mais je ne vis que loyauté. Une loyauté que je ne méritais pas.

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𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄
Historická literatura🔞 L'histoire l'a salie. Les siècles ont terni son nom, l'accusant de tous les crimes. Le passé l'a réclamée. Non pas pour laver son nom, mais pour devenir exactement ce qu'on craignait d'elle. genre : dark fantasy + romance psychologique + slow bur...