𝟏𝟏.

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Je me réveillai avec difficulté, mes paupières lourdes comme du plomb. Chaque mouvement me semblait un effort titanesque, mes muscles endoloris protestant à chaque tentative de bouger. Une confusion profonde s'empara de moi, comme si j'émergeais d'un rêve oppressant dont les détails m'échappaient encore.

Où suis-je ? Que s'est-il passé ?

Je tournai lentement la tête, scrutant mon environnement avec appréhension. Les contours familiers de ma chambre se dessinèrent peu à peu : le baldaquin orné de broderies dorées, les meubles élégants et le parfum subtil des roses fanées sur la table de chevet. La dernière chose dont je me souvenais était la musique envoûtante du bal, les rires, les conversations animées et cette douleur soudaine, fulgurante, suivie d'une obscurité totale.

Cet homme...

Un frisson me parcourut tandis que des images confuses s'imposaient à moi : un murmure à mon oreille, un liquide amer forcé dans ma gorge et cette étrange sensation de chaleur contre mon dos. Je fronçai les sourcils, chassant ces souvenirs qui me paraissaient irréels.

Encore un rêve.

Je pris une profonde inspiration et m'appuyai lentement sur mes coudes pour me redresser. Je baissai les yeux, m'attendant à retrouver les draps de soie immaculés de mon lit. Mais ce ne fut pas le cas. Une étoffe noire reposait sur mes jambes, comme un plaid. J'hésitai avant de la toucher, comme si mes doigts allaient confirmer une vérité que je n'étais pas prête à entendre. Mais, incapable d'y résister, je pris le tissu entre mes mains. Sous la lumière pâle qui commençait à percer les rideaux, les bordures dorées et bleuâtres brillaient doucement.

C'est la sienne.

Mon cœur s'emballa et je jetai un coup d'œil autour de la pièce comme si j'allais le trouver ici, caché dans un coin de la pièce. Mais il n'y avait personne. Juste le silence de ma chambre brisé par le tic-tac monotone de l'horloge. Je secouai la tête, repoussant cette idée absurde, et me levai lentement, m'avançant maladroitement jusqu'à la fenêtre. Le jour pointait à l'horizon, les premières lueurs du soleil teintant le ciel de nuances rosées. Je laissai la cape glisser entre mes doigts pour l'étendre sur une chaise près de moi.

Il n'était pas là par hasard.

Cet homme, cet Hassassyīn, ne m'avait pas sauvée pour des raisons altruistes. Ce genre de gestes n'existait pas dans ce monde. S'il était intervenu, c'est qu'il avait une mission. Et s'il avait une mission, c'est que l'Empereur avait posé ses yeux sur moi.

Je suis devenue une menace.

Je me mordis nerveusement l'ongle du pouce, un vieux tic que je croyais avoir enterré.

Cesare a été imprudent. Trop imprudent. Promettre ma main au Duc Aarden et accepter une audience au Vatican... C'est un message bien trop clair et audacieux : une alliance en marche. Je ne suis qu'un simple pion dans ces démarches politiques ; mais ce pion, l'Empereur ne le laisserait pas avancer.

Je me laissai tomber sur le bord du lit, ma main toujours crispée autour de mon pouce, sentant mes dents ronger la peau fine. Le goût métallique du sang envahit ma bouche, mais je n'y prêtais pas attention.

Envoyer une noble de l'Empire dans les bras du Vatican ? C'est un geste suicidaire. Je ne sais pas comment redorer cette image sans que Cesare ne l'apprenne, sans que l'Empereur ne se sente davantage défié et méprisé. Et cet Hassassyīn... Peut-être même qu'il a eu l'ordre de me tuer et que quelque chose a retardé sa main. Mais cela ne change rien. Ce n'est qu'une question de temps avant que le véritable coup tombe.

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