Les draps étaient froissés et collants de sueur. Des larmes coulaient parfois sur mes joues et l'air était étouffant, chargé de l'odeur stagnante de la solitude et de la transpiration. Depuis des jours, je n'avais ni mangé, ni même trouvé la force de poser un pied au sol —l'idée de bouger me semblant impossible. Comment pouvais-je envisager d'empoisonner quelqu'un ? Rien que d'y penser, un profond regret me submergeait, mon estomac se nouant à chaque pensée de cet acte infâme.« Ne vous laissez pas emporter par les ténèbres,
Mon Enfant... La lumière finit toujours par vous
retrouver, si vous lui laissez un peu de place. »Je me redressai lentement, essuyant mes larmes d'un revers de la main. Guidée par une impulsion que je ne parvenais pas à comprendre, j'ouvris un tiroir. De là, j'en sortis un chapelet longtemps oublié, caché pour un besoin encore plus fort que celui de ce soir. Il était fait de perles nacrées sur une chaîne en or, la croix d'un cristal limpide reflétant la lumière des chandelles. Je le serrai entre mes doigts et me laissai glisser à genoux. Joignant mes mains entre-elles, je murmurai :
« Aie pitié de moi, ô Dieu, dans Ta grande miséricorde, et dans la richesse de Ta compassion efface mon iniquité. Lave-moi toujours plus de mon iniquité, et de mon péché purifie-moi. Car mon iniquité je la connais et mon péché est sans cesse devant moi. Contre Toi seul j'ai péché et j'ai fait le mal devant Toi ; ainsi seras-Tu trouvé juste dans Tes paroles, et vainqueur lors de Ton jugement. »
Mais malgré ces mots que je récitais instinctivement, ce vide persistait. Aucune parole ne pouvait combler ce gouffre. J'étais là, agenouillée sur le sol froid, lorsqu'un son brisa le calme de la chambre : quatre coups à la porte.
Cesare ?
Mon cœur se serra.
Avant que je ne puisse réagir, la porte s'ouvrit et la silhouette de ma mère apparut.
« Althéa ? Les domestiques m'ont dit que vous vous sentiez mal. » avança-t-elle de quelques pas.
Je me redressai vivement, dissimulant le chapelet dans les plis de ma robe.
« Oh, Mère ! Tout va bien ! J'avais besoin d'un peu de repos, rien de plus ! Je me sens mieux maintenant ! D'ailleurs, j'ai même décidé d'aller à un bal ! Je me dis qu'un peu de musique et de compagnie me feront le plus grand bien ! »
Elle fronça les sourcils.
« Vous détestez les bal, Mon Enfant... »
Elle s'approcha davantage et posa une main sur ma joue. Ses yeux bleus avaient cette lueur triste et sage que seule une mère pouvait avoir en voyant son enfant souffrir.
« Althéa... Vous êtes mon plus grand bonheur, vous le savez, n'est-ce pas ? Ce bonheur, je ne veux pas le voir se faner à cause des attentes de ce monde. Si quelque chose vous tourmente, vous pouvez m'en parler. Ce n'est pas parce que vos frères sont désormais les maîtres du domaine que vous devez suivre un chemin que vous n'avez pas choisi. Vous avez fait bien assez de sacrifices, bien plus que ce monde vous en demandait. »
Ses paroles firent monter en moi un torrent d'émotions que je luttais pour contenir. Elle était encore fragile, à peine remise de la perte de mon père après tant d'années de deuil et de sa propre maladie. Comment pouvais-je lui imposer ma souffrance ?
« Mère, ne vous inquiétez pas pour moi. Je suis heureuse, je vous le promets. C'est l'hiver qui approche qui me donne ce teint ! »
Elle m'attira doucement contre elle, déposant un baiser sur mon front.
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𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄
FantasyL'histoire l'a salie. Les siècles ont terni son nom, l'accusant de tous les crimes. Le passé l'a réclamé. Non pas pour laver son nom, mais pour devenir exactement ce qu'on craignait d'elle. « Pourquoi viser la rédemption ? Ils ne méritent pas que je...