𝟖.

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Je me réveillai avec difficulté.

Où suis-je ? Que s'est-il passé ?

Je tournai la tête et peu à peu, les contours familiers de ma chambre apparurent. La dernière chose de laquelle je me souvenais c'était de la musique avant que tout ne devienne noir.

Cet homme...

Un frisson me traversa alors que des images confuses s'imposaient à moi : un murmure à mon oreille, un liquide amer dans ma gorge et cette chaleur contre mon dos.

Encore un rêve...

Je me redressai et chaque mouvement me faisait mal, m'arrachant une grimace. Je m'attendais à retrouver les draps en soie mais ce n'était pas le cas.

C'était une cape noire sur mes jambes.

J'hésitai à la toucher, pourtant, incapable d'y résister, je pris le tissu entre mes mains.

C'est la sienne.

Mon cœur s'emballa.

Ce n'était pas un rêve.

Je balayai la pièce du regard, m'attendant à le voir ici, caché dans un coin de la pièce, prêt à me tuer. Mais il n'y avait personne. Juste le silence de ma chambre brisé par le tic-tac de l'horloge.

Ça n'a aucun sens...

Pourquoi m'avoir laissée sa cape ? Pour me montrer qu'il était bien là ? Qu'il m'avait épargnée pour cette fois ?

Probablement.

Je soupirai.

Il connaît mon nom et savait que j'allais empoisonner le Vicomte Guicciardini. Il n'était pas là par simple hasard. Et ce n'est pas par bonté qu'il m'a sauvée... Non...

C'était impossible.

Ce genre de gestes n'existait pas.

Pas dans ce monde.

S'il était intervenu, c'est qu'il avait une raison. Et qui dit raison, dit mission. Et s'il avait une mission, c'est que l'Empereur m'avait dans son viseur.

Je me mordillai l'ongle du pouce.

Un vieux tic.

Pourquoi l'Empereur me surveille-t-il ?

Victor maintient pourtant la stabilité entre nos deux maisons, non ? Il gère les affaires du côté de l'Empire, comme Père le faisait. Nous faisons toujours partie des Huit Maisons Vassales.

Alors pourquoi ?

À moins que... Aurait-il des doutes ?

Impossible... Il n'y a pas plus droit et fidèle que Victor. Mais... Si c'est vraiment le cas... S'il a vraiment des doutes sur lui... Alors pourquoi ne pas faire espionner Hélio ? Ça serait le mieux placé dans cette situation.

Pourquoi moi ?

En plus... Anastase est le mieux placé pour savoir que Victor ne me confierait jamais quoi que ce soit concernant la gestion du duché.

Sauf peut-être Cesare.

Mais oui... Cesare.

Il est parti soudainement pour un soi-disant problème. Et quelques jours après, il m'a demandé d'assassiner le Vicomte.

Est-ce que ça a un lien avec l'Empereur ?

Pense-t-il que Cesare va le trahir ? Et que je suis complice ?

C'est possible... Voilà qui expliquerait tout.

« Foutue politique... »

Et la Comtesse Adélaïde ?

Je revis ses doigts glisser sur le rebord du verre et cette foutue bague.

Tout convergeait vers elle. Mais en même temps, je n'avais aucune preuve concrète contre elle. Peut-être que ce n'était qu'une simple coïncidence ?

Soit elle est victime d'un crime organisée pour la faire chuter... Soit elle s'est retournée contre mon frère. Sa bague était vide après tout... Mais que peut-elle en tirer de mon empoisonnement ? Au-delà de porter atteinte mentalement à Cesare ?

Un grincement me fit sursauter.

Qu'est-ce que c'était ?

Je tendis l'oreille et c'était le grincement d'une poignée. Je fixai la porte s'ouvrir.

Elise.

« Althea ! Mon Dieu ! »

Avant que je ne puisse réagir, elle m'enlaça dans une étreinte désespérée.

« Je pensais vous avoir perdue... »

Je restai figée. Les yeux écarquillés.

Une quatrième fissure.

Ma gorge se serra.

Une cinquième.

Mon ventre se tordit.

Une sixième.

Mes mains devinrent moites.

Une septième.

Un bourdonnement aigu envahit mes oreilles.

Une huitième.

Mon champ de vision se resserra.

Une neuvième.

Et le vide finit par exploser en mille morceaux, volant dans toutes les directions. Je fermai les yeux, m'efforçant de retenir les larmes qui menaçaient de surgir. Je passai mes mains sur son dos, m'accrochant désespérément au tissu de sa robe.

« Elise... Que s'est-il passé ? »

« Vous avez perdu connaissance après une tentative d'empoisonnement. Les médecins vous ont retrouvé seule, au balcon. Quand on m'a prévenue... Quand on vous a amené ici inconsciente et que je vous ai vu... J'ai cru que... Mais vous êtes en vie et c'est tout ce qui compte. »

Seule ? Il est parti avant l'arrivée des secours.

« Et qu'en est-il de la Comtesse Adélaïde ? »

« Elle a été placée en garde à vue mais elle a été relâchée il y a deux jours. Innocentée. Mais ce n'est pas ce qui compte. Là, le plus important, c'est vous. »

« Je... » murmurai-je.

Mais je ne trouvais rien à dire pour la réconforter.

« Ne faites pas d'efforts inutiles et reposez-vous. »

Elle se détacha de moi.

« Je vais vous apporter une infusion. Je reviens dans un instant. »

Avant qu'elle puisse se reculer, je l'attrapai par la manche de sa tenue.

« Non... Restez encore un peu, s'il vous plaît. »

Elle s'assit au bord du lit et posa une main sur la mienne, me souriant tendrement.

« Je ne partirai pas d'ici, alors. Pas tant que vous l'aurez décidée. »

« Vous ferez ça ? »

« Je vous l'ai dit, Althea, que je serai toujours là pour vous. Et cela, quoi qu'il advienne. »

À ces mots, les larmes se déversèrent sur mes joues sans que je ne comprenne la raison, faisant trembler tout mon corps. Je ne pouvais ni expliquer ni contrôler cette émotion qui avait pris possession de moi.

Elise réagit immédiatement, me reprenant dans ses bras.

« C'est fini... Je suis là... »












𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant