⠀Le carrosse avançait lentement et par la petite fenêtre, j'apercevais des regards suivre mon passage. Devant les portes de la basilique Saint-Pyerr, une poignée de Cohors* se tenaient en garde-à-vous. Elise descendit la première et me tendit une main que j'acceptais. Mais dès que je mis un pied au sol, un mauvais pressentiment m'envahit. C'était comme si chaque fibre de mon corps refusait cette audience.
Un homme d'Église s'approcha, vêtu d'une robe noire aux plis rigides.
« Mademoiselle Borgia ? Le Pape Alexandre VII vous attend. »
À l'évocation de ce nom, mon cœur se serra. Je hochai la tête, incapable de parler, et le suivis à travers le vestibule. Le silence n'était troublé que par le claquement régulier de mes talons sur le marbre. En passant dans une immense salle, je levai les yeux vers des fresques représentant des scènes bibliques.
C'est magnifique... Pas étonnant qu'il demeure tout son temps ici. J'en aurais fait tout autant.
Après une éternité de marche dans ce dédale de couloirs, nous arrivâmes devant une porte gardée par un soldat. Il l'ouvrit, révélant une salle décorée de rouge et d'or. Au bout d'une table garnie de mets et de liqueurs, Alexandre VII m'attendait, assis sur son trône. Je m'avançai, abandonnant Elise à l'entrée.
« Votre Sainteté, je vous remercie de m'accorder cette audience. » m'inclinai-je dès que je fus à sa hauteur.
Il m'indiqua d'un geste le siège en face de lui, dans lequel je pris aussitôt place.
« Que pensez-vous de votre mariage avec le Duc Aarden ? »
Son franc-parler me déstabilisa, restant paralysée un instant.
Je vois... Il ne perd pas de temps.
Pendant une fraction de seconde, j'eus envie de dire combien cette union me répugnait, combien ce mariage arrangé n'était qu'un fardeau imposé par mon frère. Mais croiser son regard éteignit toute franchise. Je devais répondre ce qu'il voulait entendre, pour le bien des Borgia. Pour mon propre bien.
« Votre Sainteté, je considère cette union comme une alliance propice à la paix et aux intérêts communs. Je suis déterminée à honorer les engagements de ma famille envers l'Église, tout en m'alliant à un homme de foi et de valeur. » je pris le verre de vin devant moi et en bus une gorgée, espérant me donner assez de forces pour mes autres mensonges. « Cette union pourrait non seulement stabiliser nos maisons respectives, mais aussi renforcer les liens entre le Vatican et la noblesse. »
Il m'observa un instant avant de dire :
« Une perspective mature pour une si jeune femme. Mais les alliances demandent des sacrifices. Êtes-vous prête à trahir ceux que vous aimez si cela sert le bien de l'Église ? »
Comment ose-t-il poser une telle question ? Trahir ceux que j'aime ?
Il est fou.
Cette idée me paraissait odieuse, une trahison impensable. Un reniement de tout ce que j'étais : de mon sang, de mon âme.
Sa question n'est pas un hasard... Il exige un compromis immédiat, un aveu qui me lierait à lui.
Cesare me répétait souvent que les compromis étaient nécessaires pour protéger notre famille. Peut-être était-ce vrai ? Peut-être devais-je me soumettre, ne serait-ce que pour protéger ce que j'avais de plus cher ?
Pour Celyan... Je dois le faire pour mon petit frère. Il doit avoir le choix lorsque son tour viendra.
« Votre Sainteté, l'Église représente pour moi la voie de la lumière. Si, un jour, cela devait porter atteinte à ceux que j'aime, je prierais pour avoir la force de suivre cette voie. »
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𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄
FantasyL'histoire l'a salie. Les siècles ont terni son nom, l'accusant de tous les crimes. Le passé l'a réclamé. Non pas pour laver son nom, mais pour devenir exactement ce qu'on craignait d'elle. « Pourquoi viser la rédemption ? Ils ne méritent pas que je...