𝟏𝟓.

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Assise à une table ornée de nappes de soie, je sirotais lentement un verre d'eau, scrutant chaque geste et chaque expression faciale du Duc Aarden et de l'Archidiacre Frolov. J'essayais de deviner le contenu de leur conversation en analysant les mouvements subtils de leurs lèvres et les regards échangés. Un léger froncement de sourcils de la part du Duc, un sourire en coin de l'Archidiacre.

Que peuvent-ils se dire ?

Soudain, une petite tête brune apparut dans mon champ de vision. Je baissai les yeux et aperçus Celyan. Un sourire tendre effleura mes lèvres en voyant mon frère dans sa tenue de noble. Depuis quand a-t-il autant grandi ? Me rappelais-je avec nostalgie de l'époque où, à mes seize ans, je le voyais, petit garçon de trois ans, tentant de se déguiser avec des vêtements bien trop grands pour lui. À présent, ces mêmes vêtements lui allaient parfaitement, mettant en valeur sa stature de jeune homme.

« Que puis-je pour vous, cher frère ? »

« Vous semblez bien pensive ce soir. » pesta-t-il, ses yeux trahissant une certaine inquiétude mal dissimulée.

« Oh, rien de grave, je vous assure. » répondis-je en posant mon verre, un léger sourire se dessinant sur mes lèvres. « Mais dites-moi, comment trouvez-vous cette soirée ? »

Il haussa les épaules, un air indifférent sur le visage.

« Un peu ennuyeuse, pour être honnête. Les discussions des adultes ne sont pas vraiment passionnantes. »

Je comprends... Me rappelai-je des mêmes sentiments que j'éprouvais à son âge —et qui persistait encore du haut de mes vingt-quatre ans.

« Je comprends, mais il y a parfois des choses intéressantes à apprendre en écoutant. »

Son visage se ferma légèrement, et il détourna le regard.

« Oui, peut-être. Mais il y a des choses que vous ne pouvez pas comprendre, même en écoutant ou en regardant. »

« Que voulez-vous dire, Celyan ? » fronçai-je légèrement des sourcils, peinée de le voir aussi sérieux pour son petit âge.

Il secoua la tête, visiblement frustré.

« Vous ne pouvez pas comprendre. Vous pensez tout savoir, mais il y a des choses qui vous échappent. »

« Celyan, je suis là pour vous. Si quelque chose vous préoccupe, vous pouvez me le dire. »

Il me fixa, ses yeux violets brillants de colère retenue.

« Ce n'est pas aussi simple. Vous ne pouvez pas résoudre tous les problèmes par de simples paroles, Althéa. »

« Je veux juste vous aider, Celyan. Je m'excuse pour tout ce qui s'est passé entre nous. Je sais que j'ai commis des erreurs, et je regrette profondément mes actions. Mais je serais toujours votre sœur, et je serais là pour vous quoi qu'il advienne. » posai-je ma main sur son épaule comme pour le réconforter.

« Des erreurs ? » répéta-t-il avec amertume en dégageant ma main comme si elle était porteuse de maladie. « Ce mot est bien faible pour décrire ce que vous avez fait. Vous ne pouvez pas m'aider. » tourna-t-il aussitôt les talons avant de s'éloigner, me laissant seule avec mes pensées et mon inquiétude grandissante.

Frustrée et blessée, je quittai la salle, cherchant à calmer mes nerfs à vif. En me dirigeant vers l'extérieur de l'opéra, l'air frais de la nuit m'accueillit comme une bouffée d'oxygène. Je marchai rapidement, essayant de chasser la confrontation avec mon frère de mon esprit.

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant