𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄

𝟏𝟒.

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Je fus tirée de mon sommeil, non pas par la lumière du jour, mais par la voix d'Elise.

« Le Duc Aarden est là. »

Aarden ? Si tôt ? Quel genre d'homme vient déranger une personne à cette heure ?

Un homme qui se croit tout permis...

Un soupir m'échappa et d'un geste vif, je ramenai la couette sur moi. Je n'avais plus eu de nuit complète et voilà que l'on venait troubler ce maigre sommeil que j'avais réussi à obtenir.

« Dites-lui de revenir plus tard. »

« Je crains que cela ne soit impossible, Althea. J'ai tenté de le renvoyer, mais il s'est montré... tenace. »

Je sortis la tête de la couette.

« Tenace ? Vous a-t-il fait quelque chose ? »

« Non, non, il ne m'a rien fait ! Mais il n'a pas hésité à montrer son impatience. Lorsque je lui ai dit que vous ne pouviez pas le recevoir, il m'a menacé de me faire renvoyer et de s'en prendre à votre réputation. »

Menacer Elise ? Comment ose-t-il ?

Je lançai brusquement la couverture sur le côté et m'assis, m'adossant à la tête du lit.

Je l'aurais volontiers renvoyé à sa place de parasite. Mais je n'ai pas le choix.

« Très bien, allez préparer le salon et faites chauffer de l'eau pour le thé. D'ailleurs... Je souhaiterais avoir un garde du corps pour cette matinée. »

« Bien, Madame. »

Si seulement les apparences n'étaient pas aussi cruciales... J'aurais pu lui claquer la porte au nez et le lui briser...

Je jetai un coup d'œil à ma chaise, où un peignoir était posé.

Ça fera l'affaire.

Me levant d'un geste las, j'attrapai le vêtement et l'enfilai, serrant la ceinture avec une poigne un peu trop serrée.

« Que s'est-il passé ? »

Le contact déchargea une vague de douleur, comme si sa proximité amplifiait les effets du poison. Il resserra sa prise et je jurai voir une lueur de satisfaction dans ses yeux face à ma souffrance.

Ce regard... Il n'avait rien d'innocent. Cette main sur mon épaule, ce toucher si faussement réconfortant... Je n'avais pas confiance en lui. Il y avait quelque chose en lui, quelque chose que je ne pouvais expliquer mais qui me mettait profondément mal à l'aise.

Je dois rester sur mes gardes.

Les migraines me saisirent à nouveau et je m'affalai sur le divan, faisant tomber une étoffe au sol. En baissant les yeux, je reconnus la cape de l'Hassassyīn. Je la ramassai, ses bordures ambrées et bleues métalliques scintillant faiblement sous la lumière. Aussitôt, la rencontre d'hier me revint en mémoire : la sensation de ses bras autour de moi et l'odeur de son parfum.

Cette aide... Est-ce vraiment le fruit de sa conscience ? Un élan de pitié ?

Je pliai la cape avant de m'agenouiller pour attraper un coffre dissimulé sous le sommier. En l'ouvrant, un léger nuage de poussière s'éleva. Mes doigts effleurèrent une dernière fois le tissu, observant ses couleurs iridescentes.

Si l'Empereur ne l'a pas envoyé pour me tuer, alors il doit y avoir une autre raison. Chercherait-il à savoir si je suis sur le point de le trahir ? Mais pourquoi m'en inquiéter ? Je n'ai rien de compromettant à cacher pour le moment. De plus, Victor est un appui solide pour l'Empire, ce qui contrebalance des manigances de Cesare avec le Vatican.