𝟐.

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Je regagnai ma demeure sous une pluie battante mais lorsque je franchis le seuil du salon, l'horreur me saisit. Mon mari, le Prince d'Iispanie, gisait sans vie au sol. Son visage était pâle, ses yeux vitreux reflétant l'horreur de ses derniers instants. Je réprimai aussitôt ma nausée, pressant mes lèvres d'une main.

C'est impossible...

Deux mains se posèrent sur mes épaules, me faisant sursauter.

« Appréciez-vous la vue, Althéa ? »

Cesare.

Je me retournai brusquement, le regard rivé sur mon frère.

« Qu'avez-vous fait ! »

Il éclata d'un rire moqueur.

« Rien de particulier, ma Chère Sœur. Pourquoi cette mine ? »

« Vous êtes allé trop loin ! »

Avant que je ne puisse reculer, sa main claqua ma joue. Il saisit mon visage avec une poigne de fer, me rapprochant du sien.

« Qu'importe cela pour vous ! » rugit-il. « Éprouvez-vous le moindre sentiment pour cet homme ? »

« Nul besoin d'éprouver des sentiments envers quelqu'un pour ne pas lui souhaiter la mort ! »

Il me poussa violemment, me projetant au sol. Alors que j'essayais de me relever, une sensation étrange m'arrêta. Je baissai les yeux, découvrant la flaque de sang qui s'étendait sous moi. La nausée me submergea à nouveau. Quand je relevai les yeux, Cesare se tenait au-dessus de moi, un fouet à la main.

« Vous avez besoin d'un rappel, Sœurette. Vous semblez avoir oublié qui détient le pouvoir ici. »

Je me réveillai, trempe de sueur. D'une main tremblante sur le front, j'essayai de dissiper les images du cauchemar qui m'avaient enserrée dans ses griffes.

Encore...

J'allais me lever mais une main me stoppa dans mon élan.

« Restez tranquille, Althéa. Hier après-midi vous vous êtes évanouie. »

Je tournai la tête et remarquai Cesare à mon chevet. Son regard s'adoucit.

« Allez-vous mieux ? »

Je déglutis, ma gorge sèche, répondant tant bien que mal :

« Oui... je pense. »

« Bien, voilà qui me rassure... Je dois partir vers l'Est pour régler une affaire urgente. » annonça-t-il. « Une question de grande importance pour notre famille et pour nos alliés. En attendant, le mariage avec le Duc Aarden est reporté. »

Que vient-il de me dire ?

La confusion m'envahît et je récitais chacune de ses paroles dans mon esprit.

« Pour combien de temps ? »

« Quelques semaines, peut-être plus. Cela dépendra de la situation sur place. Mais ne vous inquiétez pas, Sœurette. Tout sera prêt à mon retour. Vous devez vous reposer et vous préparer pour ce qui est à venir. »

Il se pencha et déposa un baiser sur mes cheveux.

« Prenez soin de vous en mon absence. » ajouta-t-il avant de quitter la pièce.

Suis-je encore en train de rêver ?

Je me pinçai la joue.

Non, c'est bien réel.

Alors que je rassemblais mes pensées, la porte s'ouvrit. Elise, ma dame de chambre, entra précipitamment —ses yeux bruns remplis d'inquiétude. Elle s'agenouilla près de mon lit, ses mains se posant sur les miennes.

« Althéa ! Comment vous sentez-vous ? »

« Ne vous inquiétez pas. » je me redressai. « Je vais mieux maintenant. »

« J'étais tellement inquiète ! Vous devez prendre soin de vous ! »

« Je le ferai. Merci pour votre sollicitude, Elise. »

Victor m'a parlé d'une réunion... Il me semble que c'est aujourd'hui, non ? Si Cesare est parti, alors...

« J'ai des responsabilités à honorer. » soufflai-je.

« Qu'avez-vous prévu ? »

« Je dois me rendre au Conseil pour discuter des troubles dans les territoires du Nord. Sans la présence de Victor, ni celle de Cesare, il m'incombe de représenter notre famille. »

Elle hésitait et je comprenais pourquoi.

Assister à une telle réunion était une responsabilité réservée aux hommes. Mais l'urgence imposait des exceptions. J'étais bien consciente que les seigneurs présents ne seraient pas tous enclins à accepter mes paroles, mais il en allait de l'honneur de ma famille.

« Vous avez tant de choses à gérer... »

« Le Conseil ? Je n'ai pas le choix. Si Cesare revient et apprend que j'ai laissé passer une occasion d'affirmer notre position, il pourrait... »

Je laissai ma phrase en suspens. Ce frère qui oscillait sans cesse entre bienveillance glaciale et tyrannie me laissait toujours dans l'incertitude.

« Alors, nous n'avons pas de temps à perdre. Il faut vous préparer. »

Elle m'aida à sortir du lit, me guidant jusqu'à la salle de bain. Une baignoire en cuivre était déjà remplie d'eau tiède, parfumée de lavande et de rose. Alors que je plongeais dans l'eau, les tensions de mon corps commencèrent à s'évanouir. Une fois le bain terminé, je fus amenée dans la chambre, où d'autres domestiques m'attendaient avec une robe dans les mains. La robe était d'un rouge carmin —une couleur plus proche du sang que de la soie. Les manches étaient longues ample. Le corset, quant à lui, mettait en valeur ma silhouette d'une façon que je trouvais presque indécente.

Mais je n'avais d'autre choix que de l'accepter.

Ils ont vraiment de très mauvais goût en matière d'apparence...

Elles m'enfilèrent dans ces tissus immondes et Elise prit place derrière moi, ramassant mes cheveux pour venir les brosser et les sécher. Avec une habileté propre aux coiffeuses de son rang, elle commença à faire des boucles très épaisses et définies avant de les relever vers le haut à l'aide d'une couronne frontale. Avec une dernière touche, elle se recula, me laissant admirer son travail dans le miroir.

« Vous êtes prête, Madame. »

« Merci, Elise. C'est parfait. »














𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant