𝟏𝟐.

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Le jardin était baigné dans la douce lumière de l'aube naissante, créant une atmosphère paisible et sereine. Assise sur une chaise, enveloppée dans un plaid pour me protéger du frais matinal, je tenais entre mes mains tremblantes une tasse de chocolat chaud. La douleur lancinante de ma main bandée persistait, mais la fraîcheur de l'air m'apportait un léger réconfort.

Des pas légers dans l'herbe attirèrent mon attention, et levai les yeux pour voir Elise s'approcher de moi. Son visage était empreint d'une douce préoccupation alors que je soupirai, sentant un poids s'élever de mes épaules. Sans un mot, elle s'assit sur une marche, fixant le ciel qui commençait à s'illuminer. Les étoiles scintillaient encore faiblement, témoins silencieux de la nuit qui s'était écoulée.

« Cela a-t-il recommencé ? » brisa-t-elle le silence.

Je tournai lentement ma tête vers elle, mes yeux rencontrant les siens avec une intensité mêlée de vulnérabilité.

« Que voulez-vous dire ? » répondis-je d'un murmure à peine audible.

« Avez-vous recommencé à vous faire du mal ? »

Me refaire du mal ? Détournai-je le regard, sentant un nœud se former dans ma gorge —me remémorant cette sombre période de mes dix-sept ans.

« Non, ce n'est rien. Ne vous inquiétez pas pour moi. » essayai-je de lui offrir un faible sourire, mais je savais que mes paroles ne la convaincraient pas. « Promettez-moi de ne rien dire à personne de ce qu'il s'est passé hier soir, surtout pas à ma mère. » ajoutai-je, mes yeux implorant Elise de respecter ma demande.

Elle acquiesça lentement, comprenant le poids de cette demande.

« Vous auriez dû me solliciter pour vous aider avec ce bandage ou même pour vous préparer ce chocolat chaud. » changea-t-elle brusquement de sujet.

Je la regardai, un ricanement sarcastique s'échappant de mes lèvres.

« Ah, oui, bien sûr... J'aurais dû vous demander de jouer les infirmières. Et puis, qui sait, peut-être que Benediss aurait eut l'amabilité de m'aider à boire ce chocolat. »

« Je suis désolée, Althéa. »

« C'est à moi de l'être. J'ai été injuste avec vous. »

« Ce n'est rien. Nous sommes là l'une pour l'autre, n'est-ce pas ? »

« Oui. » lui adressai-je un sourire sincère, prenant une gorgée de mon chocolat chaud. « Comment va... Celyan ? »

« Je ne sais pas. Il n'a pas pris la peine de nous parler après que vous soyez partie dans vos appartements. »

« Il doit me détester bien plus maintenant... » touillai-je nerveusement la boisson.

« Althéa, je suis sûre que ce n'est pas le cas. Celyan peut être... compliqué, mais il vous aime, je le sais. » eut-il un long silence avant qu'elle reprenne: « Sinon... Savez-vous quel est le thème du bal auquel vous assistez ce soir ? » essaya-t-elle de me faire penser à un sujet moins morose.

« Le thème du bal de ce soir est... "Le Printemps Éternel". » répondis-je, cherchant à me rappeler les détails de l'invitation. « C'est assez poétique, n'est-ce pas ? »

Elise hocha la tête, son regard s'illuminant d'un enthousiasme contagieux.

« Oh, cela sonne magnifique ! J'imagine que les jardins seront décorés de fleurs et de couleurs vives. »

« En ces temps automnaux ? Je pensais plutôt à une salle d'opéra décorée de fleurs et de lustres. »

« Avez-vous déjà fréquenté cette salle ? »

« Oui, je le crois bien... » m'efforçai-je de me remémorer. « C'était il y a de nombreuses années, accompagnée de mon premier époux... » fis-je une pause, cherchant à récolter les fragments épars de cette soirée lointaine. « Je ne peux qu'évoquer que quelques images fugaces: des lustres étincelants, d'amples escaliers dignes d'une majesté, du marbre blanc, du doré... »

« Il est dommage que vous n'ayez pas plus de souvenirs, mais cela pourrait constituer une juste raison d'y retourner ! »

« En effet... » m'échappa un énième soupire, accompagné d'un sourire mélancolique. « Après tout, tout ce qui se rapporte à mon premier époux demeure en quelque sorte énigmatique dans mon esprit. »

« Pourquoi donc ? » sembla-t-elle surprise.

« Je ne sais pas... » haussai-je les épaules, désarmée par cette question. « Il s'agissait de mon premier mariage, une union arrangée par Victor. J'étais encore une enfant de douze ans, tandis qu'il comptait déjà quarante-neuf années. Peut-être est-il préférable que certains souvenirs restent voilés ? »

« Il est difficile de concevoir un tel mariage à votre âge si tendre, Madame... » avait-elle les larmes aux yeux, bien trop empathique.

« En effet, cela n'était guère une situation idéale pour une jeune fille. Mais, comme bien souvent, les mariages sont davantage des arrangements politiques ou financiers que des unions fondées sur l'amour. »

« Vous êtes une femme remarquable, Althéa. Votre force et votre résilience sont dignes d'admiration. »

« Merci, Elise. Votre amitié m'est précieuse. »

Elle inclina légèrement la tête en signe d'approbation, puis se leva de sa place sur la marche.

« Je vais vous laisser vous reposer, Madame. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je serai dans la cuisine. »

Je lui adressai un signe de tête reconnaissant alors qu'elle s'éloignait, me laissant seule. Avec un soupir de soulagement, je pris une autre gorgée de ma tasse, sentant la chaleur du liquide me donner du courage pour ce soir.
















𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant