Bonus 2 - 1 : Les Moires et les Nornes ont un drôle d'humour.

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Deep -


Le grondement puissant de mon moteur me remplit les oreilles. Seul sur la route, j'en profite pour accélérer. Le vent siffle autour de moi. Mes roues avalent l'asphalte. L'adrénaline coule à flots dans mes veines. Mon cœur pistonne dans ma poitrine. Je savoure ces sensations avec délice. C'est grisant, addictif, puissant. Sauf que je dois couper court à tout ça en voyant une voiture sur le bas-côté à l'horizon. Je ralenti et m'arrête finalement en voyant de la fumée s'échapper du capot ouvert. Ce qui, en principe, est mauvais signe. Un homme dans la cinquantaine trifouille dans le véhicule, sûrement dans l'espoir de réparer quelque chose. Je me gare et descend. L'homme se redresse et me détaille avec une pointe de crainte dans le regard. Parfait ! J'aime quand les gens réagissent de cette façon. Je m'approche lentement avec un petit sourire.

- Je peux vous aider ? Demandé-je.

- Si vous savez pourquoi elle fait ça, alors oui. Répond l'homme avec un geste en direction de sa voiture.

- Je peux regarder. Dis-je en prenant sa place.

- Merci.

- Et vous allez où comme ça ?

- La Nouvelle-Orléans.

- Vous n'êtes pas loin. C'est dommage d'être tombé en panne.

Tout en discutant, je trouve ce qui fume. Le radiateur a lâché et tout surchauffe dans le moteur. Je pince les lèvres. Il n'y a rien d'autre à faire que d'appeler une dépanneuse. L'homme, Jeff, soupire. Remorquer son véhicule va lui coûter une blinde, le pauvre. Comme je suis de bonne humeur, je décide de l'aider en contactant le garage affilié au Club. Je pose mon tel en haut-parleur à côté de moi tout en essuyant mes mains graisseuses.

- Mon petit Deep. Que puis-je pour toi ? Demande la voix chantante de Lyra.

- Tu peux venir chercher une voiture en panne sur la route dix ? À une quarantaine de miles de la ville.

- Ouai bien sûr. Je serais là rapidement.

- Merci ma belle.

- Mais de rien.

Je raccroche et rassure l'homme en lui disant qu'on vient remorquer sa voiture. Il soupire de soulagement. Je le laisse près de sa voiture et vais poser mon cul sur ma bécane. Je détaille tranquillement cet homme en fumant une clope. Qu'on soit clair, si je me suis arrêté, ce n'est pas par sympathie pour un automobiliste en panne. S'il ne m'a pas reconnu, ce que je peux comprendre vu que j'ai beaucoup changé depuis, ce n'est pas mon cas. Je sais très bien à qui j'ai affaire. Mon putain de géniteur, rien que ça.

Le bâtard qui nous a foutu à la rue ma mère et moi quand il a apprit qu'elle était malade. Et qu'il a remplacée par une de ses maîtresses qu'il avait engrossé quelques années plus tôt lors d'une de ses nombreuses soirées extra-conjugales. Ce jour là, quand j'avais treize ans, j'ai à la fois découvert que mon père était un fumier, que la vie était une salope et que j'avais un petit frère de dix piges. J'ai salement trimé pour aider ma mère durant ses deux dernières années de vie. J'ai beaucoup bossé, illégalement parce que j'avais pas l'âge requit. J'ai dealé pour assurer les fins de mois et payer son traitement et je me suis salement camé pour supporter tout ça.

À quinze ans, je me suis retrouvé seul, drogué, sans toit, avec les services sociaux au cul.J'ai atterris pas hasard chez Greg, un ancien légionnaire. Un type qui ne faut pas faire chier au risque de déguster. Il m'a recueillit, envoyé en cure, il m'a tanné le cuir, m'a refoutu à l'école pour que j'obtienne mon diplôme. Il m'a apprit les valeur de la Légion, l'honneur, la loyauté, il m'a apprit à être fier de ce que j'avais fais. Il m'a aussi apprit à me battre et à utiliser un flingue. À dix-huit piges, il a signé ma fiche d'admission pour l'armée et m'a offert sa médaille de la Légion comme porte-bonheur. Je devais lui rendre quand je quitterais l'armée, vivant et en un seul morceau si possible. Je l'ai fais.

Angel's Melody - T4 - Pour toujours et à jamais.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant