Ce matin-là, alors qu’ils déjeunaient, Gabriel prit la main de Pilar entre les siennes et la serra.
- J’ai un cadeau pour toi lui dit-il
- Un cadeau pour moi ? répéta Pilar étonnée
- Pour toi, oui.
Il sortit de son portefeuille une carte de crédit qu’il lui tendit.
- Une carte de crédit ! s’écria-t-elle enthousiaste.
- Mmh. Tu m’as dit hier que tu t’ennuyais alors j’ai pensé que ca te plairait de t’amuser à courir les boutiques.
- Tu ne m’accompagnes pas ?
- Non. Je dois aller travailler. Mais achète ce qui te fais plaisir, ne fais pas attention aux prix.
Pilar le regarda intensément. Il soutint son regard sans battre d’un cil et se permit même de lui adresser son plus beau sourire.
- pourquoi tu me regardes ainsi ?
- je ne sais pas…peut-être parce que j’ai la désagréable impression d’être un joujou qu’on peut acheter. D’habitude je ne suis payée que pour les faveurs que je fournis à mes clients et voilà que là, d’un coup, un artiste au minois enfantin me paye pour faire du shopping !
- lorsqu’on sortira ensemble dans des soirées il faut bien que t’aies quelque chose de chic à te mettre sur le dos non ? à ton …travail on te traites probablement avec grossièreté, comme une pute au joli cul, mais moi je te vois comme une femme qui mérite d’être couverte de tout ce qu’il y a de classe et d’élégant.
- Un numéro de charme ? dit-elle amère.
- Non. Je ne fais que te donner de quoi te permettre de te couvrir décemment afin que nous puissions bientôt nous montrer en public tous les deux. Que veux-tu ? tu préférerais que je me montres brutal, violent et salaud envers toi comme les gros pervers du club ? je ne traites pas les femmes ainsi Pilar.
Avec lenteur, Pilar descendit du tabouret et posa un baiser sur sa joue alors qu’une larme roulait sur la sienne.
- Tu es tellement gentil souffla-t-elle en séchant sa joue humide. C’est la première fois depuis longtemps qu’un homme se montre si respectueux vis-à-vis de moi.
Touché par la gratitude et la tristesse qu’il lisait dans ses yeux, il repoussa son assiette et la prit dans ses bras. Elle se laissa aller contre son torse nu et noua les bras autour de sa taille. Elle était vraiment attachante songea Gabriel. En à peine quelques jours , elle avait transformé l’atmosphère de l’appartement du tout au tout. Ils riaient, blaguaient, regardaient la télé, il s’asseyait à la cuisine et la regardait emplir petit à petit l’air de délicieuses senteurs ( il ne se rappelait pas avoir si bien mangé depuis des mois !). elle était partout, se rendant indispensable de sorte que même en réunion il ne pensait qu’à s’enfuir pour la retrouver. Il commençait sérieusement à s’attacher à elle ,et la jeune femme n’était là que depuis cinq jours !comment ferait-il pour survivre lorsqu’elle partirait ? ils s’entendaient trop bien, la complicité et l’amitié qui était née entre eux cachait quelque chose d’autre. De plus intense, de plus profond, de plus sensuel…
Pilar s’écarta de lui et quitta la cuisine, pieds nus, avec un mouvement des hanches qui excita le jeune homme confus. Il se plaisait surtout à regarder son magnifique derrière mis en valeur par un boxer noir par-dessous un chandail confortable qu’il lui avait passé pour dormir ; et son épaisse chevelure châtain qui fouettait son dos droit. Lorsqu’elle se retourna pour juger de son effet, il ne put s’empêcher de rire. Elle lui fit une bise dans l’air et disparut vers la salle de bains.