coup de foudre chez les Ducherry: chapitre 20

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     Rentrés à l’appartement, Gabriel referma doucement la porte alors que Pilar se dirigeait comme une fusée dans la chambre.

Elle avait réfléchi pendant le trajet. Et Harry avait raison. Cela ne servait à rien de se voiler la face. Un homme comme Gabriel ne se lierait jamais définitivement à une femme comme elle, souillée dès l’adolescence par des ordures puant l’alcool. Elle n’était pas bien pour lui. Il méritait mieux. Quelqu’un de classe, de distingué, qui ne trimbalait pas un passé lourd comme le sien derrière lui. Il méritait une femme du même rang que lui, qui n’aurait pas honte de sortir dans la rue à son bras au risque de voir des photos choquantes d’elle étalées dans la presse. Les larmes aux yeux, elle ôta la jolie robe que Gabriel lui avait payé. Payé. Ce mot raisonna atrocement dans sa tête. C’était ce qu’elle était. Une prostituée, et elle était payée pour les services rendus.

Elle troqua la robe contre la robe qu’elle portait le premier soir où elle avait dormi ici et se débarrassa du collier de diamant et des boucles assorties que Gabriel lui avait offert. Non, elle n’emporterait rien de ce qu’il lui avait donné. Elle allait repartir comme elle était venue. Sans rien.

-          Qu’est-ce que tu fais ? s’éleva une voix derrière elle.

-          Je m’en vais dit-elle en reniflant et en pliant la robe.

-          Pourquoi ?

-          Parce que mon contrat arrive à terme. Les deux semaines sont écoulées. Donne-moi l’argent et tu seras débarrassé de ma présence.

Choqué, Gabriel la dévisagea en fronçant les sourcils.

-          Je ne comprends pas murmura-t-il.

-          Tu m’as engagé pour deux semaines pour des sorties et pour prendre du bon temps mais maintenant que tout est fini, je veux que tu me payes ce que tu me dois afin que je retourne d’où je viens.

-          C’est quoi ce discours ridicule ? Pilar qu’est-ce qui se passe ? je croyais que t’étais bien ici.

-          Oui, et c’est justement parce que je suis bien ici que je dois m’en aller dit-elle en séchant ses yeux.

-          Tu pleures dit-il en se rapprochant.

Elle recula.

-          Il y a quelque chose que tu ne veux pas me dire. Avant de partir pour la soirée tu n’étais pas dans cet état d’esprit. C’est là-bas que tu as changé de comportement…plus précisément après que tu aies parlé à mon père.

-          Je ne vois pas de quoi tu parles.

-          Oh que si. Que t’as-t-il di ? il t’as fais peur ? il t’as menacé ? demanda-t-il en prenant son visage en coupe dans ses mains.

Elle se dégagea et recula à nouveau.

-          Ton père m’a clairement signifié de ne plus m’approcher de toi.

-          C’est bien lui ca ! cracha Gabriel en dénouant sa cravate et en ôtant sa veste. Toujours diriger la vie des autres !

-          Gabriel…

-          J’ai quelque chose à te demander Pilar coupa-t-il en sortant une petite boite de la poche intérieure de sa veste.

Pilar se mit à pleurer de plus belle lorsque Gabriel s’agenouilla à ses pieds et ouvrit l’écrin pour laisser scintiller un anneau serti de diamants, avec au centre un rubis en forme de cœur.

-          Pilar…je te demande ce soir , de me faire l’immense plaisir de devenir ma femme.

-          Gabriel ne complique pas les choses supplia-t-elle en séchant à nouveau ses yeux.

-          Je ne complique rien. C’est toi qui le fait en ne me répondant pas.

-          S’il te plait !

-          Dis oui et je promets de plus insister.

-          Je…je ne peux pas faire ca. Gabriel s’il te plait relève-toi. Ecoute je ne peux pas t’épouser.

-          Pourquoi ? questionna Gabriel d’un ton glacial en se relevant.

-          Je…je ne suis pas faite pour toi. Tu mérites de sortir avec une femme qui n’a pas une réputation aussi sale que la mienne. Tu mérites une femme qui ne fera pas honte à ton père, qui aura fait de brillantes études, qui ait un vrai travail…qui ne se déhanche pas tous les soirs en string pour des hommes en manque d’amusement.

Gabriel la regarda en fronçant les sourcils. Mais qu’est-ce qu’elle racontait ? ne voyait-elle pas ce qui crevait les yeux ?

Il l’attrapa par les cheveux et l’embrassa violemment. Mettant dans ce baiser toute l’ardeur, l’amour et la frustration qu’il éprouvait. Lorsqu’il la relâcha, elle tremblait et s’accrochait au col de sa chemise.

-          Je t’aime Pilar. peut m’importe ce que tu as été, ce que tu as fait, les erreurs que tu as commises…tout ca c’est du passé. Et je veux que tu sois à mes côtés pour que nous affrontions tous les deux le présent.

-          Gabriel, souffla-t-elle émue.

-          Tu ne m’aimes pas ? s’alarma-t-il en la retenant par la taille.

-          Bien sûr que si. Oh, tu ne peux pas savoir à quel point ! je t’aime ! avoua-t-elle en nouant les bras autour de son cou.

-          Bien fit-il satisfait. Cela ne fait que deux semaines que nous nous connaissons, mais je suis sûr de ma décision. Nous aurons toute la vie pour apprendre à mieux nous connaître. Pour l’heure, je veux que tu oublies le strip-tease, oublie mon père, oublie mon frère, le monde extérieur, oublie tout ! ne pense qu’à cet instant, qui est le plus beau de toute ma vie.

Pilar sentit une larme rouler sur sa joue. Gabriel la cueillit en un baiser. Pilar songea qu’elle n’avait jamais été aussi heureuse qu’en ce jour. Gabriel était un amour. Et elle l’aimait de tout son cœur. Le ciel en était témoin ! plus jamais elle ne se laisserait influencer par les commentaires mesquins de son entourage. Elle lutterait pour son bonheur quoi qu’il en coûte. Elle avait perdu sa mère, son père, son premier amour…elle ne perdrait pas Gabriel.

coup de foudre chez les DucherryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant