coup de foudre chez les Ducherry: chapitre 22

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En entendant frapper à la porte de son appartement dans laquelle il passait beaucoup plus de temps depuis qu’il avait quitté la maison familiale ; David sursauta et regarda l’horloge qui indiquait sept heures trente du soir.

-          Quoi ? mais elle est en avance ! s’exclama-t-il en éteignant le four.

Otant son tablier, il se précipita vers la porte qu’il ouvrit.

-          Papa ? fit-il surpris.

-          Bonsoir mon fils murmura Harry Bourjolly.

-          Que fais-tu là ? je ne t’ai jamais donné l’adresse de cet appartement fit-il savoir en fronçant les sourcils.

-          C’est Gabriel qui m’a indiqué où tu te trouvais. Il faut que nous parlions…je peux entrer ?

Avec réticence, David fit entrer son père dans l’appartement. Ce dernier jeta un regard surpris à la table sur lequel trônait des chandelles et un couvert pour deux.

-          Tu attends quelqu’un ? demanda Harry avec curiosité.

-          Oui, et elle ne devrait pas tarder alors je te prierais d’être bref.

David se demanda pourquoi son père était venu. A l’évidence, il était mal à l’aise vu qu’il se balançait d’avant en arrière comme un gosse qui ignorait sa leçon. Il était particulièrement classe dans son pull-over gris, son pantalon noir et ses mocassins noirs.

- Bon, fit-il, je vais aller droit au but. David…tu me manques.

David pouffa.

-          Tu te fiches de moi ? ricana-t-il.

-          Pas du tout. Je…j’ai renvoyé jack, alors …tu peux revenir à l’entreprise balbutia-t-il.

-          Non. Je suis très bien où je suis, répliqua-t-il.

-          S’il te pâlit mon fils…

-          Mon fils ? ah ! parce que maintenant tu sais que je suis ton fils ? après toutes ces années où j’ai attendu que tu me considères comme tel, après toutes ces années où je guettais ces mots indiquant que tu m’aimais un tant soit peu, tu me les dis maintenant ? et pourquoi mhm ?

-          La…la copine de ton frère m’’a dit que tu avais voulu te suicider. David…c’est à cause de moi ? tu es dans cet état depuis longtemps ?

-          Depuis que j’ai quinze ans, marmonna David en croisant les bras et en toisant son père. Je me suis entaillé les veines à deux reprises…tu n’en as jamais rien su. Je me suis drogué trois fois en utilisant une seringue, je fumais des joints dans les toilettes…récemment j’ai tenté de me suicider à deux reprises.

-          Quand ? demanda Harry horrifié. Quand ?

-          Quelle importance ? hurla David en le fusillant des yeux.

-          Gabriel le savait ?

-          Il connait tout sur moi. C’est mon frère. C’est lui qui me soignait quand je me coupais.

-          Et…et pourquoi tu faisais ca ? balbutia-t-il les larmes aux yeux.

-          Qu’est-ce que ca peux te faire ? c’est du passé. Que veux-tu dis-moi ? que me vaux…l’honneur de ta petite mise en scène , parce que ses larmes de crocodile ca ne prend pas sur moi dit-il sèchement.

-          Tu lui ressembles tant souffla Harry en s’asseyant sur une chaise.

-          Pardon ? fit David. De quoi tu parles ?

-          De ta mère… vous avez les mêmes traits. Tu lui ressembles tellement mon fils. Lorsqu’elle est morte , j’ai cru mourir de chagrin. Esmeralda et ses adorables yeux bleus me la rappelait tant ! mais j’ai préféré rejeter la faute de sa disparition sur toi… le jour où on avait organisé un barbecue dans le jardin…ton frère et toi jouiez à cache-cache. Ta mère parlait ave une amie au bord de la piscine. Alors que tu courrais derrière moi, j’ai malencontreusement trébuché sur toi et…et tu as basculé sur elle…et elle est tombée dans l’eau. Elle ne savait pas nager et son gros ventre l’entraînait vers le fond alors qu’elle se débattait pour ne pas couler…ce n’était pas de ta faute mon fils mais de la mienne…je refusais de l’admettre et je t’ai accablé de reproches. Pendant toutes ces années…j’étais rongé par la culpabilité et…

Le reste de  sa phrase se perdit dans un sanglot. Choqué, et les yeux brillants de larmes malgré lui , David regarda les épaules de son père s’agiter violemment sous le poids de ses sanglots étouffés dans un mouchoir qu’il avait sorti de sa poche. Son père pleurait. Harry Bourjolly pleurait ! s’approchant à pas lents, David s’assit près de lui et murmura :

-          Ce n’est pas de ta faute papa…c’était un accident.

-          Et puis , poursuivit Harry, ses eaux se sont rompus et…Esmeralda est née. Pauvre petite. Tu l’as toujours détesté.

-          Peut-être que si les choses s’étaient passées différemment, on serait une famille unie et heureuse.

-          Mais nous le sommes David dit Harry en se mouchant bruyamment. Esmeralda est de retour et semble très amoureuse de son mari, ton frère Gabriel s’est fiancé avec cette…fille.

-          Pilar. cette fille s’appelle Pilar dit David. Et elle aime profondément Gabriel. Laisse-le être heureux avec qui il le souhaite. Il est majeur, c’est à lui de décider de ce qu’il compte faire de sa vie.

-          Oui…mais toi mon fils…es-tu heureux ?

David réfléchit un moment aux semaines qui s’étaient ;écoulées en compagnie de Catherine. Elle était si adorable ! ils avaient passé d’excellents moments ensemble. Elle était charmante, pleine d’humour et d’une joie de vivre enfantine, intelligente et si innocente et fragile.

-          Oui répondit enfin David…je suis très heureux papa.

-          David…pardonne-moi. Pardon pour tout ce que tu as dû souffrir par ma faute. Je ferai tout ce que tu voudras pour me racheter implora-t-il.

-          Je ne peux pas effacer tout ce que j’ai enduré par ta faute murmura David en baissant la tête.

Après une hésitation, il la releva et regarda son père droit dans les yeux. Cet homme froid et insensible qu’était Harry Bourjolly était très différent de l’homme larmoyant et bourré de remords qui était assis face à lui. Cet homme était son père. Celui qu’il avait toujours désiré avoir durant toutes ses années et qui, ce soir, laissait tomber son masque de froideur et sa fierté pour lui demander pardon.

-          Tu es tout excusé papa murmura-t-il d’une voix enrouée. Je te pardonne. Je te pardonne tout tout tout dit-il en se jetant dans ses bras et en fondant en larmes.

-          Oh David ! soupira Harry en fermant les yeux et en serrant contre son cœur son fils. Je t’aime mon enfant.

-          Je t’aime aussi papa répondit David en fermant les yeux. Je t’aime aussi.

coup de foudre chez les DucherryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant