coup de foudre chez les Ducherry: chapitre 8

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    Esmeralda regarda l’heure à sa montre-bracelet et poussa un juron. Où diable était ce jardinier de pacotille quand elle avait besoin de lui ? il était maintenant 8 :40 h. le soleil s’était levé il y a trois heures de cela et Esmeralda avait faim.

Elle ouvrit la porte du réfrigérateur et fit une grimace de dégoût. De la viande à profusion, de la pizza surgelée, des produits laitiers, quelques fruits et du poisson. Du poisson ! elle détestait le poisson ! son père l’avait fait exprès c’était évident. Il savait qu’elle avait un régime à respecter, et le frigo était bondé de glucides. Pas un légume à l’horizon mis à part deux tomates, une laitue, et trois concombres ! des concombres, pff !

Le pire était qu’elle allait devoir rester ici pendant un mois.

Avant leur départ de la maison, son père avait confisqué le cellulaire de Sean lui signifiant qu’il n’en aurait pas besoin ; et elle elle avait oublié le sien  dans la bibliothèque.

Lorsqu’il étaient montés dans la limousine elle et lui, ils avaient trouvé une bouteille de champagne placée à leur intention dans une glacière. Elle l’avait ouverte et s’était servie une coupe histoire d’oublier cette matinée atroce. Sean avait apparemment pensé pareil puisqu’il s’était également servi. Une étrange sensation les avait alors saisi, c’était comme s’ils avaient le vertige, tout tournait autour d’eux, puis ce fut les ténèbres.

A leur réveil, ils étaient allongés sur un douillet canapé en cuir blanc. En regardant autour d’eux avec des yeux étonnés, ils avaient constaté qu’ils se trouvaient dans un chalet de campagne immense, tout ce qu’il y a de plus luxueux, meublé avec goût et adresse, avec jacuzzi intérieur, construit avec du chêne au cœur d’une vaste propriété recouverte d’arbres. Il y en avait tant qu’on aurait dit une forêt !et sur la table basse, ils avaient trouvé une lettre écrite de la main du propriétaire qui disait :

‘’Mes chers enfants,

Je sais que la manière dont j’ai organisé les choses n’est pas des plus diplomates. Mais tout ce que je fais c’est pour votre bien à tous les deux. La raison pour laquelle vous vous êtes endormis est simple; il y avait des somnifères dans votre boisson afin que vous ne soyez pas lucides pour voir le chemin qui vous a mené au chalet dont  vous ignoriez l’existence. La durée de votre séjour forcé est d’un mois. Vous trouverez tout ce dont vous aurez besoin pour vous nourrir dans la cuisine.

Amusez-vous, faites connaissance, prenez soin l’un de l’autre.’’

                                                                                             HARRY. B

Lorsqu’elle avait lu cette lettre, Esmeralda avait hurlé, crié, tempêté. Sean avait tenté de la calmer, elle s’en était alors pris à lui. L’injuriant, le traitant comme un moins que rien, disant toutes les atrocités pouvant le blesser. Et au lieu de répliquer comme elle s’y attendait, il avait pris ses valises et était monté s’installer à l’étage. Le chalet comptait six chambres avec salle de bains attenantes, mais une seule n’était pas fermée à double tour. Ah son père avait bien joué son coup! Mais il ne l’emporterait pas au paradis. Elle avait essayé d’ouvrir les portes des autres chambres avec un couteau, avec une épingle à cheveu, mais rien à faire. Elles étaient bel et bien closes. Le simple fait d’avoir à partager sa chambre avec un individu pareil avait déclenché chez elle un début d’hystérie. Ah, ah ah! plutôt mourir! Alors Sean avait fait du canapé son salon, ne montant à l’étage que pour se doucher, se brosser les dents et s’habiller.

Cela faisait maintenant trois jours qu’elle se trouvait ici. Il n’y avait pas de téléphones, pas d’ordinateurs, de talkie walkie, pas de voitures, de motos, d’hélicoptère, rien sinon le silence de la forêt, le chant des oiseaux et la télévision.

Mais où diable était ce satané jardinier? Ne savait-il pas que c’était à lui de lui préparer son petit-déjeuner?

En soupirant, Esmeralda s’approcha de la porte-fenêtre qui reliait le jardin à la cuisine et le spectacle qui l’y attendait la laissa sans voix. Sean était accroupi sur le sol et arrachait les mauvaises herbes de ses grandes mains gantées, il semblait très concentré sur ce qu’il faisait. Vêtu en tout et pour tout d’un jean délavé déchiré aux genoux et d’une paire de bottes en caoutchouc, son torse nu luisait de sueur et le soleil tapait sur son dos bruni et légèrement teinté de taches de rousseur. Sous la lumière du soleil, ses cheveux sombres devenaient bruns. Et lorsqu’il se redressa, la jeune femme put admirer à sa guise ses pectoraux bien tracés, ses longues jambes et ses cuisses musclées moulées dans le jean.

Qu’il est beau! lâcha Esmeralda. elle posa aussitôt les mains sur sa bouche. Mais que lui arrivait-il pour délirer à ce point? Était-elle fiévreuse? Souffrante? Mourante? Ce jardinier était certes un beau spécimen de la gent masculine mais de là à le dire à voix haute!

Pourtant, lorsque Sean franchit le seuil de la cuisine quelques minutes plus tard, Esmeralda sentit son sang battre furieusement contre ses tempes alors qu’elle constatait à nouveau combien il était superbe. Ses cheveux collaient à son front moite de sueur et pendaient au-dessus de ses yeux couleur d’ambre.

-oh…vous êtes réveillée remarqua-t-il.

-oui je suis réveillée et j’ai faim, dit-elle sèchement en croisant les bras sur sa poitrine

-le frigo est plein à craquer répondit Sean en ôtant ses gants et en se rafraichissant le visage dans l’évier. Vous n’avez qu’à vous préparer quelques chose à manger.

-euh…je crois que vous n’avez pas compris. C’est à vous de me faire à manger.

-ah! Et c’est écrit où? Vous ne savez rien faire de vos dix doigts?

-mais, commença Esmeralda, vous me l’avez préparé hier et avant-hier aussi.

-oui, parce que je n’avais rien à faire. Là c’est votre tour. Je vais me doucher dit-il en se détournant.

-je vous ordonne de vous arrêter! cria la mariée. Vous ne quittez pas cette pièce sans m’avoir préparé mon déjeuner. Vous êtes mon domestique ne l’oubliez surtout pas. Alors mettez-vous au travail sinon vous êtes viré!

Sean s’arrêta puis fit lentement demi-tour. À deux centimètres de ses lèvres, il lâcha sur un ton qui fit frissonner Esmeralda:’’écoutez-moi bien, vous n’êtes personne pour m’ordonner quoi que ce soit. Je suis jardinier pas chef cuisinier! Je suis votre mari, pas votre domestique! On est dans la galère tous les deux, j’ai jamais voulu me marier avec une pimbêche de votre espèce alors vous allez me faire le plaisir de me montrer un tant soit peu de respect. Le seul qui est apte à me virer c’est votre père. Est-ce clair?’’

Furieuse de cette réplique à laquelle elle ne s’attendait pas, Esmeralda s’empara d’un verre se trouvant sur la table et le lui lança sur le dos alors qu’il s’en allait. Le verre se brisa et les éclats volèrent à travers la pièce. Tout se passa tellement vite qu’elle ne comprit pas tout de suite ce qui lui arrivait. Le fait est que, quelques secondes après, elle se retrouva projetée sur les genoux de son mari, le short et la culotte à la hauteur des chevilles, les fesses exposées à l’air.

Lorsque la première claque cingla, Esmeralda poussa un cri et le griffa le dos.

-garce! s’exclama Sean furieux.

La deuxième claque lui coupa littéralement le souffle. Et celles qui suivirent la firent verser un torrent de larmes.

Lorsqu’il la lâcha enfin, ses fesses étaient comparables à des tomates mûres et elle sanglotait en tentant tant bien que mal de rajuster sa tenue. Ceci fait, elle s’élança à l’étage en toute hâte dans les escaliers menant à l’étage. Deux secondes plus tard, une porte claquait.

Sean tremblait de tous ses membres. Mais que lui arrivait-il? Il n’avait jamais au grand jamais frappé une femme. Et là, il venait de le faire. Et pas avec n’importe qui. Avec Esmeralda Bourjolly, le mannequin de renommée internationale, sa FEMME.

-génial maugréa-t-il. Son père t’as marié à elle pour que tu lui apprennes le respect et tu te permets de lui donner la fessée comme si elle était une gosse de six ans qui aurait volé des biscuits! Cette lune de miel…j’suis pas prêt de l’oublier.

coup de foudre chez les DucherryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant