coup de foudre chez les Ducherry: chapitre 17

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     Catherine se réveilla en sursaut. Elle alluma sa lampe de chevet et regarda l’heure à son réveil. Minuit vingt-huit. Qui donc venait la déranger à une heure aussi tardive ? on tambourina de nouveau contre la porte. Catherine se leva et passa sa robe de chambre. Les yeux encore lourds de sommeil, elle alla ouvrir la porte pour découvrir avec surprise…

-          David ? mais que faites-vous ici ?

-          Mon père est un salaud de première ! s’exclama-t-il en entrant dans l’appartement de la jeune femme.

Il se laissa tomber sur le canapé et ferma les yeux.

-          Que faites-vous ici ? répéta Catherine restée debout près de la porte ouverte.

Voyant que son visiteur ne se décidait pas à partir ; elle ferma la porte et s’assit à ses pieds sur la moquette.

-          Vous savez que c’est mal de débarquer à des heures aussi tardives chez les gens ? le sermonna-t-elle

David hocha lentement la tête et ouvrit les yeux.

-          Vous êtes soûl ?

-          Non…j’ai bu un verre ou deux mais je suis pas bourré.

-          Je vous avais dit de m’appeler en cas de problème, pas de débarquer chez moi à toute heure du jour et de la nuit !

-          J’ai pas envie de rentrer à la maison. Mon père vit là-bas et j’veux pas le voir dit-il en soupirant bruyamment.

-          Vous vivez chez vos parents ? s’étonna-t-elle.

-          Ma mère est morte dit-il. Et oui je vis encore dans la maison familiale.

Après une minute de silence, David tourna la tête dans sa direction et demanda d’un air absent :

-          Des fois vous n’avez pas l’impression que …si vous disparaissiez…le monde se porterait bien mieux sans vous ? que vos proches se sentiraient soulagés d’être…débarrassés de votre présence ?

Voyant que Catherine répondait par la négative, il détourna les yeux.

-          Non, bien sûr. Comment la fille d’un homme aussi riche qu’O’hara pourrait-elle se sentir rejetée ? dit-il pour lui-même. Depuis tout petit, je guettais l’’instant où mon père me dirait , je suis fier de toi, ou encore, je t’aime mon fils, mais…ces instants ne se réalisaient que dans ma tête, dans mes rêves. A l’école, je me débrouillais toujours pour rapporter de bonnes notes afin qu’il soit fier de moi, mais rien de tout ca ne s’est produit. Au lieu de quoi, il m’insultait, me punissait, me fouettait…rien de ce que je faisais ne lui plaisait. Lorsque j’ai eu quinze ans, j’en ai eu assez de mendier un brin d’affection de la part de mon père. Alors j’ai changé du tout au tout. Je fumais des joints dans les toilettes de l’école, je faisais l’école buissonnière, j’ai été dépucelé par une prostituée que mes nouveaux amis m’avaient présenté, papa a vu rouge et a fini par m’envoyer en pension. Je parle couramment trois langues, je suis doué en chiffres et je déteste mon existence.

Au fur et à mesure qu’il poursuivait son récit, Catherine sentit un élan de compassion monter en elle pour ce garçon qui avait été privé de l’affection paternelle dont son père l’avait couverte. C’était si triste qu’un père fasse de son fils ce que David était devenu. Parce que c’était de sa faute si son aîné se comportait aussi mal, cherchant l’amour dont il avait été privé durant son enfance dans les plaisirs futiles de la vie.

-          Il a forcé ma sœur a épouser le jardinier histoire de le punir de son insolence continuait David ; mon frère est amoureux d’une strip-teaseuse qui fait des extras en usant de ses charmes et il se cache car il a peur de la réaction du tout –puissant Harry Bourjolly ! ironisa-t-il. Et moi…moi j’ai été viré aujourd’hui.

Catherine le regarda longuement. Avec ses cheveux décoiffés teints en châtain clair, ses yeux vitreux et son visage livide, David était loin, très loin de l’homme sexy à qui elle avait sauvé la vie. Malgré tout, son air vulnérable toucha son cœur et c’est avec tendresse qu’elle se rapprocha pour le prendre dans ses bras alors qu’il se mettait à pleurer. Cet homme aux traits arrogants qu’elle avait dénudé était plus sensible que l’on ne croyait. Avec une enfance pénible et une adolescence difficile qui l’avaient transformé en homme insouciant, moqueur, aux tendances suicidaires. Catherine lui murmurait des paroles apaisantes alors que son corps se libérait de la tension accumulée au fil des semaines. Lorsqu’il se fut calmé, Catherine insista pour qu’il reste dormir à l’appartement.

-          Le canapé est confortable . je vais vous apporter un oreiller et une couverture.

Alors qu’elle se levait, David se leva à son tour et lui prit la main, plongeant ses yeux bleus-gris dans ceux , noisette de son interlocutrice.

-          Catherine vous devez probablement me prendre pour un fou mais je ne le suis pas, et je ne compte pas vous étrangler pendant votre sommeil.

-          C’est rassurant dit Catherine, amusée.

-          Et…je sais que ce n’est pas facile pour vous d’héberger un total inconnu sous votre toit, d’autant plus si ce dernier connait votre père et peux à tout instant l’appeler pour lui dire où vous êtes alors…merci de ne pas me jeter à la rue alors que je…

-          Vous parlez trop David l’arrêta-t-elle en souriant. Je vous pardonne de m’avoir tirée du sommeil mais là il faut vous reposer.

Elle le regarda longuement puis se hissa sur la pointe des pieds pour poser un baiser sur sa joue. Elle se détourna rapidement, cachant ainsi aux yeux de David ses joues rosées de plaisir.

   Le lendemain, à son réveil, le canapé où David s’était endormi était vide. Catherine sentit tout à coup une sensation de vide intense lui brûler l’estomac. Elle était seule. Après ce qu’elle avait fait pour lui, il était parti sans dire merci alors qu’elle , comme une idiote l’avait accueilli chez elle à minuit !

-          Il est parti et n’a même pas dit merci murmura-t-elle blessée malgré elle.

Quelques minutes plus tard, après s’être douchée et avoir mangé, on sonna à la porte. Lorsqu’elle ouvrit, elle se trouva face à un immense gerbe de roses rouges qui lui cachaient le visage du livreur.

-          Catherine O’hara ?

-          C’est moi.

-          Ces fleurs sont pour vous. Où puis-je les poser ?

-          Pour moi ? s’étonna-t-elle. Euh…entrez entrez, posez-les sur la table là. Oui , ici.

-          Vous devez me signer ceci, dit le jeune homme débarrassé de sa charge en lui tendant un feuillet sur laquelle elle apposa sa signature. Le livreur parti, Catherine s’approcha des fleurs et en décrocha la carte pour y lire :

La générosité est toujours appréciée à sa juste valeur,

Surtout lorsqu’elle vient du cœur. Vous m’avez hébergé hier soir. Permettez que je vous invite à voir «  le lac des cygnes ». je vous assure que ce sera très divertissant. Je passe vous prendre à sept heures.

                                                          David.

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