coup de foudre chez les Ducherry: chapitre 9

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  Esmeralda était plus offusquée que malheureuse. Sa fierté avait été sacrément touchée. Personne, à part son père n’avait jamais osé lui donner la fessée. et voilà que ce jardinier de pacotille lui flanquait la déculottée de sa vie! d’habitude, c’était elle qui se montrait d’une cruauté sans égal envers ses domestiques; mais là, c’était l’inverse qui s’était produit. Et elle devait s’avouer que cela n’avait rien de drôle. Elle se demanda si c’était ce qu’éprouvaient les employés lorsqu’elle les injuriait et les giflait; cette sensation d’infériorité, d’impuissance. Après ce qu’elle venait de vivre, elle se sentait démunie, incapable de quoi que ce soit, humiliée, blessée dans son amour propre. Elle venait d’être remise à sa place par un jardinier. Un jardinier! Il avait osé levé la main sur elle, Esmeralda Bourjolly! Comment avait-il osé? Comment avait-il osé? Dans quel enfer son père l’avait-il envoyée? Cet homme l’avait frappée alors qu’elle ne lui avait rien fait! Bon, lui lancer un verre dans le dos n’était pas rien mais quand même! Il lui avait fait mal! Esmeralda sécha ses larmes. Cette histoire ne devait pas sortir de ces murs. Personne ne devait savoir qu’Esmeralda Bourjolly avait pleuré comme une madeleine face à un minable jardinier. Minable jardinier qui tout compte fait, était craquant à souhait. Elle sécha ses joues humides et sauta à bas du lit. Pieds nus elle descendit à la cuisine.

Elle y retrouva Sean qui finissait de disposer le couvert. À son arrivée, il leva la tête et rougit.

-mademoiselle Esmeralda, je voudrais m’excuser de …

- non…c’est à moi de m’excuser. Je n’aurais pas dû vous lancer ce verre pas plus que je n’aurais dû vous passer un ordre.

Surprise, Sean resta sans voix avant de glousser comme un idiot.

-vous plaisantez n’est-ce pas?

-je ne plaisante pas…je sais que c’est surprenant. Je n’ai pas pour manie de m’excuser, et encore moins devant des…domestiques. Mais je me suis rendue compte que j’ai été vexante alors je m’excuse.

Sean posa ses mains à plat sur la table et la regarda en plissant les yeux.

-on arrête de jouer. où est le piège ? questionna Sean soupçonneux.

-il n’y en a pas.

-arrêtez ! vous n’allez pas me faire croire que vous n’allez pas vous venger de ce qui vient de se passer ?

-il ne s’est rien passé. Nous avons juste eu une …petite dispute entre…jeunes mariés.

-petite dispute ? répéta Sean. Vous me prenez pour un imbécile c’est ca ?

-dites…vous me considérez vraiment comme une insensible qui ne songe qu’à la vengeance ? je suis bonne joueuse, je sais admettre lorsque je perds. Nous sommes partis sur de mauvaises bases tous les deux. Nous allons rester coincés ici pendant un mois…ne devrions-nous pas faire la paix afin que notre cohabitation nous soit agréable à tous les deux ?

Sean fronça les sourcils. A quoi jouait-elle ? il ne se serait pas attendu à l’entendre lui tenir ce discours. Au contraire, c’était lui qui devrait être en train de prononcer des paroles si sensées. Il ne savait pas comment réagir face à tout ceci.

-vous ne dites rien ?dit Esmeralda.

-je ne sais pas comment réagir avoua-t-il. Je n’arrive pas à déterminer si vous mentez ou s’il y a une part de vérité dans vos propos. Je ne sais pas sur quel pied danser avec vous.

-je suis sérieuse Sean. Je n’ai pas envie de me disputer avec vous chaque jour. Je veux que nous nous tutoyons, et je veux que nous parlions, afin de mieux nous connaître. Qu’en pensez-vous ?

coup de foudre chez les DucherryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant