Discussion sur l'oreiller

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Notre visite à l'hôpital me parut interminable. Le médecin qui retira les éclats de verre de ma peau s'inquiéta que le traitement expérimental de Maxence ne soit allé dans mon sang. Considérant que ce médicament n'avait jamais été testé sur les humains, il était préoccupé par les effets qu'il pourrait avoir sur moi. Cette problématique se solda en branle-bas de combat dans l'équipe de soins. L'urgentologue s'entretint en caucus avec un interniste, une infirmière formée dans l'administration de thérapies biologiques, un pharmacien-chercheur et Maxence, qui expliquait à tout ce beau monde de quoi était constitué son traitement.

— Je lui fais confiance, son traitement est sécuritaire, plaidai-je faiblement.

Apparemment, faire confiance à quelqu'un n'était pas un argument valide en médecine.

Après déblatération, il fut décidé que je resterais sous observation pendant deux heures, puis que j'aurais droit à un suivi médical et une prise de sang dans quelques jours.

Je m'endormis sur l'épaule de Maxence. Il me secoua doucement lorsque je pus quitter l'hôpital avec l'accord du médecin.

Nous passâmes ensuite au poste de police faire notre déposition et subir l'interrogatoire des policiers en lien avec l'arrestation de Léonore.

À travers cela, un appel paniqué de Florence, des explications, des remontrances.

À la fin de toutes ces aventures, je n'avais plus qu'une envie : dormir.

Maxence me ramena chez lui.

— Comme ça, je vais pouvoir travailler de la maison et être là si tu as besoin de moi, m'avait-il expliqué.

Je n'avais besoin de rien à part un oreiller et une surface plane.

Je crois que Maxence m'avait bordée, mais je dormais déjà, et je dormis tout l'après-midi et toute la nuit sans interruption.

Au matin, Maxence avait fini par en avoir marre.

— Debout, la marmotte.

— C'est samedi, protestai-je.

— Ça fait quatorze heures que tu dors. Tu vas perdre de la masse musculaire et devenir grabataire.

— Je suis blessée, lui rappelai-je.

Maxence eut un rire.

— Ce n'est pas ce que tu me disais hier.

Il s'étendit à côté de moi et s'appuya sur sa main pour me regarder.

— Que vais-je faire de toi, Charlie?

Je m'étirai tranquillement. Mes paumes meurtries se rappelèrent à moi et je grimaçai. Mes coupures avaient été enduites d'onguent antibiotique et mes mains recouvertes de bandages, mais il faudrait quelques jours avant que la douleur s'estompe lorsque je bougeais les mains.

— Je pourrais te donner quelques suggestions, répondis-je sur un ton qui n'avait rien d'innocent.

— Mais tu es blessée...

Oh, le goujat. Il utilisait mes propres répliques contre moi.

Maxence se rapprocha de moi sur le lit et passa son bras autour de ma taille. Son visage était tout près du mien sur l'oreiller.

— Hier, tu m'as vanté les propriétés apaisantes d'une douche chaude, soulevai-je alors. Si tu ne me laisses pas en plan, cette fois, on pourrait valider cette information...

— Tu me proposes une expérimentation scientifique?

J'acquiesçai.

— Tu connais bien mes points faibles...

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