Le chaud et le froid

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Je n'eus pas besoin d'utiliser la clé de Maxence le lendemain, puisque Raphaëlle était encore au laboratoire lorsque j'y arrivai. Nous nous saluâmes d'un bref signe de tête, puis je me dirigeai vers la pièce où m'attendaient les chimpanzés.

C'était un sentiment grisant de pouvoir officiellement faire connaissance avec eux, d'apprendre à cerner la personnalité qui se cachait derrière leurs craintes et leurs mécanismes de défense.

Je posai au sol les sacs en toile que j'avais apportés et qui contenaient du matériel destiné aux chimpanzés. Une grande partie du rôle des soigneurs consistait à faire de l'enrichissement auprès des animaux. Les activités d'enrichissement revêtaient souvent des allures de jeux, mais elles étaient essentielles pour stimuler les chimpanzés sur les plans physique et mental.

Je n'avais pas tellement d'attentes pour mes interventions d'aujourd'hui. Je devais apprendre à gagner la confiance des chimpanzés. Au fil du temps, ils me reconnaîtraient, et je pourrais leur faire faire davantage d'activités. Peut-être que je pourrais même les faire sortir de leur cage pour qu'ils socialisent entre eux.

À moins que Maxence ne considère cela comme une bêtise?

Je m'imaginai une pièce remplie de chimpanzés qui se promenaient librement et qui profitaient des rayons du soleil. Ça me faisait chaud au cœur.

Maxence et moi ne nous étions pas rendus jusque-là dans notre projet, mais j'arriverais bien à le convaincre du bien-fondé de mon idée, quitte à utiliser une méthode déloyale pour y parvenir...

Des images indésirables s'invitèrent dans mon esprit.

Non, Charlie. C'est non. Pas de fantasmes. Pas de baiser. Pas de mains dans le cou.

Je me secouai, puis me mis à l'ouvrage. Enfin, ouvrage n'était pas le mot exact. Je passai l'heure suivante à m'accroupir devant les cages, à émettre de petits claquements de langue et à tendre la main pour chatouiller les pieds de mes nouveaux protégés.

Ce n'était que du bonheur.

Les chimpanzés de Maxence n'avaient participé à aucune étude avant celle sur le traitement du VIH. Ils étaient jeunes et en santé et n'étaient pas trop traumatisés par ce qu'ils avaient vécu depuis leur arrivée à l'institut. Cela facilitait grandement mes interactions avec eux.

J'essayai ensuite de leur faire goûter différents aliments et notai leurs préférences dans un calepin. Cela me permettrait de leur créer une fiche alimentaire personnalisée, comme je le faisais pour mes chimpanzés au refuge.

Pour l'instant, j'avais numéroté les chimpanzés de un à six dans mon carnet, mais cette façon de faire me rebutait. Il fallait leur donner des noms, comme à Axel.

Ça aussi, j'allais devoir en discuter avec Maxence.

À la fin de ma dégustation, Raphaëlle entrouvrit la porte et passa la tête à l'intérieur.

— Je peux entrer?

J'acquiesçai et me levai en époussetant mes genoux.

Être dans la même pièce qu'elle en l'absence de Maxence ne me plaisait pas particulièrement. Aux dernières nouvelles, elle ne me portait pas dans son cœur.

— Ça se passe bien avec les chimpanzés?

Je la dévisageai avec méfiance. Pourquoi cherchait-elle à faire la conversation?

— Oui, mieux que je ne le pensais.

— Je n'aurais pas cru que Maxence et toi en arriveriez là. Je dois dire que je suis impressionnée. Moi qui croyais que tu n'étais qu'une harpie...

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