Panic! at the Labo

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Je me rhabillai en quatrième vitesse, dévalai les marches de mon appartement et me précipitai dans la rue. La voiture de Maxence n'était plus là.

Je l'appelai sur son cellulaire, mais tombai directement sur sa boîte vocale.

— Tu ne peux pas me dire une telle chose pour la première fois par écrit, lui reprochai-je à mon tour après avoir entendu la tonalité indiquant que je pouvais laisser un message.

Je mis fin à la communication et démarrai ma voiture.

Conduire une auto après avoir passé une nuit blanche n'était pas une bonne idée. J'avais l'impression que tout allait trop vite autour de moi, que tout était flou. Et puis, je n'étais pas concentrée. Je m'inquiétais pour Maxence. Connaissant Léonore, elle pouvait bien foutre le feu au laboratoire et laisser son collègue à l'intérieur.

Cette pensée me fit appuyer davantage sur l'accélérateur. Je devais avoir la tête déjantée de Cruella au volant de sa voiture dans le dessin animé des 101 Dalmatiens. Limite psychotique.

Lorsque je me garai devant l'institut de recherche, je ne voyais pas de voiture de police. Je n'entendais pas de sirène.

Je me précipitai à l'extérieur et courus jusqu'à la porte d'entrée. Il était six heures trente. L'agent de sécurité était déjà arrivé et les portes étaient donc déverrouillées. Une chance pour moi, qui n'avais pas de clé pour entrer.

L'agent sembla d'ailleurs sur le point de m'interpeler, mais je ne lui en laissai pas le temps. Je courus devant le bureau d'accueil comme une dératée et le dépassai pour me rendre au deuxième étage.

Alors que je montais les escaliers quatre à quatre, pantelante, je me promis de travailler mon cardio si je sortais de ce laboratoire en un morceau. On ne savait jamais quand sprinter comme Usain Bolt s'avérerait nécessaire.

J'entendis des éclats de voix en m'approchant du laboratoire de Maxence. J'accélérai sur les derniers mètres et passai la porte du labo.

— Tu fais une erreur, Maxence.

Je freinai brusquement dans le couloir, essoufflée. Maxence et Léonore s'affrontaient du regard devant les réfrigérateurs médicaux. La scientifique m'aperçut la première. Elle plissa les yeux.

— Le petit feu de cette nuit ne t'a pas assez réchauffée? me lança-t-elle, perfide. Je peux t'en préparer un plus gros.

— Charlie, va-t-en, lança Maxence en se tournant vers moi, manifestement peu ravi de me retrouver là.

Je ne l'écoutai pas et vins me placer à ses côtés. Je ne voulais pas le laisser affronter cette femme seul.

— Tu as laissé cette idiote gâcher ton étude, Maxence, reprit Léonore en secouant la tête.

— Laisse Charlie en-dehors de tout ça. Je ne travaillerai plus avec toi, Léonore. Ton nom n'apparaîtra pas sur les rapports. Tu n'as plus rien à faire ici.

La scientifique toisa Maxence du regard, les poings serrés, les yeux étincelants de colère.

— Si je ne peux plus travailler sur cette étude, alors personne ne le pourra.

Léonore se retourna vers l'un des réfrigérateurs et l'ouvrit d'un geste brusque. Un courant d'air froid parvint jusqu'à moi.

Que fabriquait-elle?

Elle attrapa un bac contenant des dizaines de fioles en verre. Regarda Maxence droit dans les yeux. Renversa le bac. Toutes les fioles qu'il contenait tombèrent au sol et éclatèrent dans un vacarme du tonnerre. Le sol était maintenant jonché d'éclats de verre et d'un liquide incolore.

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