Les cafés

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« Que fais-tu ce soir? »

Ce texto provenait de Maxence.

Je me jetai sur mon téléphone comme la misère sur le pauvre monde.

« Rien. Pourquoi? »

« Veux-tu passer au labo? On pourrait commencer notre collaboration. Raph et Léonore sont d'accord pour apporter quelques modifications à l'étude, à condition que je me tape tout le travail. »

En lisant cela, je sautai sur mes pieds, brandis les bras dans les airs et effectuai une petite danse de la joie. Je me rassis ensuite derrière mon bureau comme si de rien n'était.

« J'apporte le café? »

« J'ai une machine au bureau. »

C'est ainsi que, lorsque le soleil fut couché, je me précipitai à l'institut de recherche. Maxence vint me déverrouiller la porte, puisque l'agent de sécurité au bureau d'accueil avait quitté pour la journée.

— J'espère que ça ne te dérange pas de travailler en soirée. Je ne peux pas me permettre de déroger de mon emploi du temps pour travailler sur notre projet.

Je secouai la tête.

— Pas du tout! J'ai un refuge à gérer pendant le jour, je te rappelle.

— Très bien, dans ce cas. Viens, allons dans mon bureau.

Je calquai mon pas sur celui de Maxence. En chemin, nous croisâmes Léonore, qui semblait quitter l'institut.

— Bonsoir, Charlie, me salua-t-elle avec son sourire habituel.

Cette femme était un véritable chérubin tombé du ciel, avec ses cheveux blonds soyeux, sa bouche rose et sa gentillesse constante.

— Bonsoir, Léonore! lançai-je avec une énergie qui trahissait mon enthousiasme d'être ici.

Maxence et elle échangèrent quelques mots avant de se souhaiter une bonne soirée.

Lorsque la scientifique disparut au bout du couloir, je levai la tête vers Maxence.

— Il est un peu tard pour terminer sa journée, non?

Le chercheur extirpa un trousseau de clés de sa poche pour déverrouiller la porte de son bureau.

— C'est Léonore, dit-il comme si cela expliquait tout. Je pense qu'elle est plus intense et investie dans nos travaux de recherche que moi-même. Elle a vraiment à cœur le succès de cette étude. Et puis, ce n'est pas moi qui lui reprocherai d'abattre trop d'ouvrage. Raph et moi, on n'y arriverait pas sans elle.

Maxence m'introduisit dans son bureau et me fit signe de prendre place dans une chaise libre en face de la sienne. Il mit en marche la machine à café, puis s'installa dans son fauteuil de bureau.

— Alors, Charlie, lâcha-t-il en faisant craquer ses jointures, formerons-nous une bonne équipe, toi et moi?

Ses yeux bleus sondaient les miens avec attention. Je ne pus m'empêcher de me demander si sa question n'avait pas un double sens...

— Mieux que bonne. Excellente, affirmai-je sans hésiter.

Maxence acquiesça. Je ne parvenais pas à dire s'il était satisfait ou non de ma réponse. Il extirpa d'un tiroir une épaisse pile de feuilles imprimées et la laissa tomber entre nous sur le bureau.

— Ma méthodologie, m'annonça-t-il. J'aime bien lire sur du véritable papier en fin de journée. L'écran de l'ordinateur finit par me déglinguer les yeux, et je suis déjà myope, alors...

Chimp RescueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant