Chapitre 11

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 La notice du test de grossesse Clearblue, acheté à la hâte en fin de journée grâce à la bonne volonté de Georges, était on ne peut plus explicite. Deux barres enceinte, une barre pas enceinte ! Deux barres. J'étais enceinte. Il me faudrait faire une prise de sang pour déterminer la date exacte de la conception, mais d'après le règlement de mon cycle et le retard de mes menstruations, je devais entrer dans ma quatrième semaine.

Un bébé. Le fruit de ma rencontre avec Luca, de la rencontre de nos corps...De nos cœurs l'un contre l'autre. Il m'avait quitté aux premières heures de la journée, puis avait manifesté ses doutes. De timides regrets auxquels je n'avais pas encore donné de suite. J'étais furieuse contre lui et triste, mais ma colère était pourtant en train de se dissiper. Il avait peur de briser ses enfants en quittant leur mère et le domicile familial et je n'avais pas de mal à imaginer ce qu'il pouvait ressentir, mais un autre enfant allait voir le jour. Le mien ! Je n'étais pas une briseuse de couple et je lui avais, dès le début de notre relation, proposé à plusieurs reprises que l'on cesse d'être des amants, pour investir nos sentiments dans une amitié irréprochable. Il s'y était opposé catégoriquement et avait cherché à me rassurer en me répétant avec conviction, que sa femme et lui s'étaient suffisamment chargés eux-mêmes, de détruire leur union. J'étais désormais légitime, autant qu'elle pouvait l'être et n'aurait plus à ressentir le moindre remords, puisque moi aussi j'allais avoir un enfant de lui. Il fallait que je sorte des toilettes et que mon visage reprenne une apparence normale. Je devais faire abstraction de cette surprise qui venait absolument tout chambouler, mais il fallait bien avouer que Pennybags aurait pu annoncer une apocalypse imminente que je n'aurais pas été davantage secouée ! Mes cheveux réajustés, une petite retouche maquillage pour rafraichir mon teint et je quittais les toilettes, persuadée d'avoir repris le contrôle et d'être en mesure de donner le change.

Alors que j'arrivais en même temps que Minerva sous l'imposant luminaire du hall d'entrée et que Moutarde et Olive se disputaient toujours à voix haute dans le salon, un hurlement strident retentit au premier étage. Un hurlement qui alerta l'ensemble des convives et qui indiquait qu'un danger n'était pas loin. Qu'un danger venait même de frapper.

La seconde qui suivit ces cris effroyables sembla durer une éternité. Minerva semblait chercher dans mes yeux que je lui indique quoi faire, mais j'étais tout aussi stupéfaite et apeurée qu'elle l'était, après avoir entendu cet effroyable hurlement. Eleanor vola de la cuisine vers notre direction, suivie simultanément par Diane qui avait dû faire déraper son bâton de rouge à lèvres en entendant le cri, un trait de rouge remontant en diagonale au-dessus de sa lèvre supérieure. Violet, Olive et Moutarde arrivèrent également dans le hall, haletants et mortifiés.

— Bon Dieu, de bon sang ! Qu'est-ce qui se passe ici ? aboya Moutarde !

— Ça vient de là-haut ! Vite !

Minerva donna le la pour une course effrénée dans l'imposant escalier qui menait au premier étage.

Nous la suivîmes sans attendre et à la même cadence, si bien que je manquai de glisser à la dernière marche, à cause de l'un de mes escarpins venus se prendre dans ma robe.

Éclairé par des appliques murales à la lumière diffuse et tamisée, un immense pallié desservait la chambre à couché, la salle de remise en forme, une autre salle de bain, l'accès aux combles et le bureau de Pennybags.

Les sanglots qui faisaient suite aux hurlements nous guidèrent jusqu'au bureau dont la porte était ouverte et où nous découvrîmes Beckie qui gémissait, recroquevillée sur elle-même et qui malaxait nerveusement les bords de son tablier en fixant le sol devant elle.

Une Soirée Lourde de ConséquencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant