Chapitre 7

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Quelle beauté...ses yeux, ses cheveux...La similitude était frappante, saisissante. Les autres allaient forcément s'en apercevoir eux aussi... Minerva préféra chasser les pensées qui lui venaient à l'esprit et qui risquaient de la bouleverser, plus qu'elle ne l'était déjà. Il fallait garder la tête froide pour aller au bout du plan, la première étape était pour bientôt. Deux heures tout au plus. Il ne fallait pas qu'elle se laisse submerger par l'émotion, afin de rester efficace et lavée de tout soupçon. Chacun de ses faits et gestes serait passé au crible. Mais c'était pourtant plus fort qu'elle. Le visage de la jeune femme l'avait envahie instantanément, comme un fantôme du passé venu reprendre possession d'une maison qu'il aurait habitée de son vivant. Cassandra venait prendre possession des lieux. C'était l'objectif qu'ils s'étaient fixé, Édouard et elle. Ramener Mademoiselle Rose à Monopolys. La sexagénaire n'avait pas pu soutenir son regard plus de quelques minutes et elle ne s'était pas préparée à cela. À être déstabilisée par cette jeune femme. Après réflexion, c'était bien qu'elle l'ait croisée avant le dîner. Elle ne pouvait pas se permettre de chanceler devant les autres invités. Il fallait qu'elle tienne bon. Qu'elle respecte le plan.

Minerva s'assura que personne n'était à proximité de la porte d'entrée de la maison, elle avait déjà dû improviser avec Georges et sa passagère et son ascenseur émotionnel avait entrepris une folle descente ! Rien à signaler. Elle se faufila à l'intérieur, telle une ombre et se hâta de se défaire de sa cape, puis de déposer son panier en osier dans le garage en prenant soin de le soulager de son contenant principal. Le saint Graal de cette journée mémorable, dissimulé sous quelques écorces ramassées dans la forêt et qui lui serviraient tôt ou tard. Tout le monde ici savait qu'elle utilisait les écorces pour agrémenter certains des massifs fleuris du domaine. Ça passerait donc inaperçu et personne ne soupçonnerait ne serait-ce qu'une seconde, qu'elle ait pu passer une partie de l'après-midi à honorer le plus étrange des rendez-vous de sa vie. Qu'elle se soit aventurée dans le repère d'une puissante sorcière. Pourtant elle l'avait bel et bien fait, plus courageuse et déterminée que jamais. Dénouée de toute peur et boostée par l'adrénaline qui faisait bourdonner ses tempes. Elle n'avait pas cillé une seule fois, même quand la prêtresse était entrée en transe et que ses yeux s'étaient changés en deux émeraudes incandescentes. Même lorsque des espèces d'ombres chinoises terrifiantes étaient venues danser sur les murs et rire dans un vacarme diabolique. Elle avait affronté la peur et elle n'était pas rentrée bredouille. Elle avait récupéré cette précieuse ampoule qu'elle tenait entre ses mains.

Il fallait la cacher, là où personne ne pourrait tomber dessus et d'après ce qu'on dit, il n'y a jamais meilleur abri que sur soi. Elle la glissa donc dans l'étui en cuir de sa cigarette électronique et vint déposer celui-ci entre son sein et l'une des coques de son soutien-gorge. Il n'en bougerait plus jusqu'à ce soir et l'ampoule avec. Minerva regarda sa cigarette électronique puis la porta à sa bouche pour en tirer une grosse bouffée de vapeur au goût de cerise. Elle se fît la réflexion qu'elle ne pourrait pas ranger de la soirée, l'élégant appareil qui lui avait permis d'arrêter les Winston voilà déjà deux ans. Ce n'était pas grave du tout. Elle vapoterait sans retenue... non plutôt avec beaucoup de retenue...Oui de la retenue. Elle laisserait même sa cigarette dans la salle de billard et s'éclipserait de temps en temps pour...Non surtout pas ! Cela pourrait éveiller les soupçons... Bon, la vapoteuse resterait sur la table, mais elle ne fumerait pas beaucoup, ne voulant pas montrer quelque signe de stress ou d'anxiété. Tout allait marcher à la perfection. Il ne fallait pas se laisser gagner par le doute...

— Vous êtes rentrée, Madame ! Beckie, la gouvernante...Merde, se pouvait-il qu'elle l'ait vu tirer l'ampoule du panier ?

— Beckie...Oui, je suis allée chercher des écorces pour le massif...Celui près de la grille ! Ni touchez pas. Je les ai laissées dans le garage !

Une Soirée Lourde de ConséquencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant