Chapitre 13

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Passer le pas de ta porte ne t'a jamais paru aussi salvateur. Tu es enfin dans un lieu que tu connais, qui se veut rassurant, bien qu'il soit froid et paraît dénué de caractère. C'est ta maison. Tu en connais tous les recoins, les pièges et les trésors. Rien ne peut te surprendre ni te décevoir. Tu avances jusqu'à ta chambre. Les lumières sont allumées. Douces et chaleureuses comme une étreinte délicate. Tu te laisses tomber sur ton lit. "Et si Shota me manipulait ? Et si Trois avait raison de me dire de me méfier de lui ?"

Tu enfouis ta tête dans le premier coussin qui te passe sous la main. "Pourquoi tout doit toujours être si compliqué, si pervers ?"

L'amertume te saisit et chaque fois que tu avales ta salive, ta gorge semble devenir de plus en plus étroite, pour ne laisser s'échapper aucune émotion, ou ne laisser entrer aucune goutte de la réalité.

Sans réellement y réfléchir, tu te lèves et te hisses sur la pointe des pieds pour attraper une couverture lestée tout en haut de ton armoire. Pathétique concrétisation de ta solitude. Tout ce que tu as trouvé pour combler ce vide de chaleur humaine autour et en toi, est une couverture lestée. Il y a quelques années, tu t'étais offert ce substitut de présence humaine, pour un Noël que tu passais, une fois de plus, seule. Tu y avais pensé car tu as toujours aimé te sentir compressée gentiment dans tes vêtements, tes chaussures, dans les bras de tes proches. Alors sentir un poids sur ton corps semblait être pour toi, la meilleure façon de pallier ce manque dans les moments les plus nécessiteux d'affection. Simplement le fait de te sentir encadrée physiquement te rassure, t'apaise, au moins pour une nuit. Tu aimes te sentir à l'étroit, sans pour autant être étouffée. Mais de plus en plus, tu te sens suffoquer tant le moule étriqué dans lequel les Services t'ont placée te comprime. Tu aimerais t'en défaire. Peut-être ? Et suivre ton instinct. Abandonner la solitude. Croire en les autres. Croire en toi. Être toi-même ?

Ça y'est.

Tout autour de toi commence à tournoyer. Tes yeux cherchent désespérément un point de fuite stable auquel s'ancrer avant que ton esprit ne sombre dans le raz-de-marée de pensées s'épaississant au large. La vague d'angoisse déferlera sur toi si tu ne te coupes pas de cette réalité au plus vite. Personne ne te tendra la main pour t'extirper de ce naufrage impitoyable. L'eau salée suinte déjà de tes yeux lourds. Tu déploies ta couverture comme la voile de ton bateau, sur ta silhouette fragile. Bien que ce poids puisse s'apparenter à la douloureuse vague déferlante, il est en réalité ton canot de sauvetage, qui t'aidera à passer à travers ce moment orageux. Le tonnerre gronde dans tes sanglots qui ont forcé leur passage du plus profond de ton cœur jusqu'à tes lèvres.

Ça y'est.

Tu es engloutie.

Le silence.... Puis la tempête

...les lumières devenues rouges, débout dans cette pièce, tes mains enroulées fermement autour d'un Beretta 9mm, tu ne trouves que la désolation dans les yeux de ta cible agenouillée face à toi. Tes yeux sont grands ouverts, tu perçois clairement la scène qui se déroule... Ta vision est claire, malgré le liquide chaud qui coule sur ta paupière droite. Le canon de cette arme est exactement au milieu des deux yeux de ta cible. Ton index commence à presser lentement la détente. "Je suis désolé (t/p)" la voix d'Aizawa résonne étrangement. Il se tient de l'autre côté du revolver. Son front appuyé contre le canon. Tu dois l'abattre... ? Oui ? oui... Ton doigt continue de presser lentement la détente, marionnette victime de son marionnettiste tirant les fils sans vergogne. Le coup détone

Tu te réveilles dans une inspiration abyssale. Tout ton corps se soulève dans le choc. Le réveil sur le guéridon à ta droite, inonde tes oreilles. Tu t'empresses de mettre fin à ce bruit aiguisé.

Histoire sans titre ou comment la nuit rencontra le jour (Aizawa x Reader)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant