LA CARTE. [Drarry]

XIV.

Après quelques achats dans des boutiques à proximité du parc dans lequel le couple s'était étendu, Harry et Draco choisirent un café à la devanture et au menu attrayant. Il y avait assez d'espace sur la terrasse ouverte donc les sacs ne furent pas une gêne.

Harry commanda un thé glacé et une crêpe tandis que le blond se contenta d'un café, ce qui lui valut un avertissement de la part de son petit-ami.

-Ne me demande pas de partager avec toi ensuite.

-Oui, comme si tu partageais avec moi, Potter.

L'écrivain sourit avant de laisser son regard se perdre dans la foule de personnes qui se déplaçait à proximité de la terrasse. Draco repensa à ce qu'il lui avait confié tout à l'heure. Il savait qu'Harry avait une notion particulière de l'amitié, il voyait une forte proximité entre l'amitié et l'amour. Draco n'arrivait toujours pas à savoir où se situait vraiment cette limite. Harry non plus, sans doute.

Le blond décida de ne pas en reparler et lorsque la journée se termina, il décida plutôt de retourner à l'hôtel et d'y rester alors qu'Harry avait prévude revoir d'anciens camarades de classe qui avaient emménagé ici après leurs études communes.

-Tu es certain de ne pas vouloir venir ? Ça ne les dérangerait pas, tu sais.

Draco était allongé sur le divan et observait son petit ami qui se préparait, visiblement de bonne humeur à l'idée de revoir ses amis. Ce n'est pas le fait de devoir rencontrer de nouvelles personnes qui gênait Draco, il avait tout simplement la flemme de sortir mais en aucun cas il ne voulait restreindre Harry à rester à l'hôtel.

-Je vais bien survivre une soirée sans toi, finit par répondre Draco en croisant le regard interrogateur du brun à travers le miroir. J'en ai d'autres à mon actif.

Il se leva et marcha jusqu'à Harry qui lui adressa un sourire gêné en réponse à son regard inquisiteur.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Je remarque seulement que tu as fait l'effort de mettre une chemise. Je pensais que tu n'offrais cette exception qu'à ma chère mère.

Harry sourit en secouant la tête, laissant son petit ami remettre en place son col. Les dress-codes lui passaient au-dessus de la tête habituellement mais il se rappelait des réceptions des parents de Maïa et de leur intérêt pour l'harmonie des convives.

-Je mets des chemises parfois.

-Oui, des chemises de nuit, je sais que tu as une certaine passion pour celles-là. Particulièrement rayées.

-Haha, se moqua faussement Harry en passant une main sur son crâne. J'en conclus que tu valides ma tenue. Maïa sera heureuse, vous avez les mêmes goûts vestimentaires 

-Maïa, c'est bien celle que tu as rencontré grâce à internet? L'organisatrice de mariage ?

-Oui ! On ne s'est pas vus depuis plusieurs mois alors elle tenait absolument à ce que je vienne à sa réception. C'est vrai que j'ai une tête d'écrivain mondain.

-Vêtu comme cela, tu as beaucoup plus la tête de l'emploi.

Harry se contenta de lui faire un doigt d'honneur, conscient que Draco ne faisait que de le taquiner.

-Mon taxi est là alors je vais descendre. Tu peux manger au restaurant, c'est inclus dans mon forfait avec la carte d'accès.
Et ne m'attends pas si tu es fatigué.

-Oui, chéri, marmonna Draco en accompagnant Harry jusque la porte.

Le brun acquiesca et quitta la chambre après avoir embrasseé tendrement une dernière fois son petit-ami.

La motivation pour aller au restaurant arriva assez tard donc lorsque Draco arriva dans la salle du restaurant, celle-ci était quasiment vide. Il s'installa à une table vide mais dressée pour deux et commença à consulter la carte que lui avait donné la serveuse. Il avait presque fait son choix lorsqu'une ombre se dessina sur la carte qu'il tenait entre ses doigts. Un homme, affublé d'un costume trois pièces se tenaient devant lui. Draco le reconnu rapidement, malgré le fait que la seule fois où il l'ait vu était une salle se club peu éclairé. C'etait l'homme avec qui Harry ne s'entendait pas.

-Vous êtes Cédric, n'est-ce pas ?

Un sourire amusé étira les lèvres de l'homme en question.

-Je vois que j'ai une réputation qui me précède. Puis-je m'asseoir ?

Au moins, il était poli. Draco le détailla quelques secondes avant d'accepter dans un hochement de tête. Quelles étaient les probabilités pour que cet homme réside dans le même hôtel choisi par Harry ? Parmi tous les hôtels de cette ville ?

-Êtes-vous seul ce soir ?

-Plus maintenant, vous êtes bien assis à ma table à ce que je sache.

-Oui, bien sûr. Je parlais d'Harry. Il n'a pas voulu prolonger notre discussion de la dernière fois.

"Une discussion ". Draco se rappelait encore de la tension visible dans le corps du brun lorsqu'il s'était entretenu avec ce Cédric. La lueur presque hautaine dans ses yeux agaça Draco qui n'en montra rien et fit signe à la serveuse afin qu'elle prenne leurs commandes.

-Pourquoi êtes-vous venu à ma table ? Je ne suis pas des meilleures compagnies.

-J'avais envie de satisfaire ma curiosité. À propos de la personne qui a réussi à convaincre Harry de quitter Le Phœnix.

-Pourquoi est-ce que vous vouliez qu'il le quitte ?

-Oh, Harry ne vous a pas parlé de notre différend ?

-Sans doute qu'il ne trouvait pas d'importance à me parler de vous. Il ne vous porte pas vraiment dans son cœur.

L'expression satisfaite de Cédric fut presque comique. Draco retint un soupir, se souvenant avec force des leçons de conduite en société de sa mère lors de son enfance.

-Visiblement, vous n'êtes pas un Dom et Harry n'est pas votre soumis, il n'avait aucun collier la dernière fois que je l'ai vu. Vous ne savez rien de ce monde-là.

-Je n'ai jamais affirmé que je m'y connaissais, répondit Draco alors que son plat était posé sur la table par la serveuse. J'imagine que vous êtes un fin connaisseur.

-Exactement, poursuivit Cédric sans tenir compte du sarcasme de du blond. Harry était un soumis, lors de son arrivée au Phœnix et ensuite, il a commencé à s'intéresser au rôle de dominant. Maître Severus lui a même autorisé de pratiquer avec des dominants pour s'entrainer et il a ensuite pratiquer sur des soumis tout en poursuivant son contrat avec Maître Severus.

Écouter cet étranger parler de son petit ami était saugrenu, il lui décrivait Harry comme s'il n'était pas l'homme avec lequel il partageait sa vie. Draco regretta finalement d'avoir accepté cet homme à sa table, mais à quoi s'était-il attendu ? C'était sa curiosité mal placée qui l'avait incité à accepter. Il est tellement rare qu'Harry ne s'entende pas avec quelqu'un, il était plutôt du genre à éviter les conflits.

-Je ne vois pas où est le problème, formula Draco sous le regard consterné de Cédric.

-Bien sûr, souffla-t-il en levant les yeux au ciel. Il se qualifiait de "switch". Une personne qui oscille entre la dominance et la soumission. C'est tout bonnement incohérent.

Pendant tout le reste de son repas, qu'il écourta, Draco écouta silencieusement Cédric se plaindre à propos du fait qu'un soumis ne pouvait pas avoir la position mentale totale qu'il devrait avoir s'il ne pouvait pas se focaliser totalement sur lui, sa soumission, parce qu'il était distrait par l'étude de la manière de dominer de l'autre et ainsi de suite. Draco comprenait les arguments qu'avancait Cédric, mais il les trouvait assez catégoriques. Il avait compris que ce monde, qu'il ne connaissait qu'à travers des romans ou des films traitant de relation BDSM, était assez codifié. Mais de là à repousser totalement la vision qu'avait Harry...

Lorsqu'il glissa dans les draps frais du lit de la chambre d'hôtel, Draco se dit qu'il aurait bien aimé que son brun soit avec lui, finalement.