Quand tu es partie...

Chapitre 12

Journal Intime de Lucy : Juliet 12th

Épuisée, j'observe Adam relever ses altères. J'ai accepté de l'accompagner, bien que le sport ne soit pas mon loisir de prédilection. Passer du temps avec lui est important pour moi. Le boulot au laboratoire qualité occupe tout mon temps et nous n'avons que peu de temps pour nous deux. Le soir nous dormons chez ses parents mais je m'endors bien souvent de fatigue et nos soirées avortées laissent un goût d'inachevé. J'en suis consciente mais j'ai toujours pensé que notre couple était solide et que rien ne pouvait aller contre nos sentiments. Du moins, c'était ce que je pensais. Et je me méprenais sur cela.

Depuis que j'ai commencé à travailler au sein de Peterson Industry, nous avions coutume de nous perdre dans de nombreuses dissensions, nos échanges devenaient tendus et nous craignions, l'un comme l'autre, de débattre sur n'importe quels sujets, notamment l'écologie. Adam voyait d'un mauvais œil mes activités chez Peterson Industry et ne comprenait pas qu'il me fallait user de stratagèmes pour m'assurer la sympathie de tous afin de faire accepter mes idées écologistes.

Et pour couronner le tout, j'avais appris à connaître Mr Peterson, qui était bien loin de l'image froide et glaciale que dépeignait son fils. Je découvrais de jour en jour, un homme élevé au sein de la haute bourgeoisie, qui avait appris à taire ses émotions, à faire front et à avoir les épaules larges, juste pour mener à bien son rôle de PDG. Et c'est un boulot colossal que j'avais appréhendé un jour alors qu'il avait moins de travail. Il avait voulu me montrer le revers de la médaille afin que j'en parle à son entêté de fils, qu'il sache que sous ses airs durs et sans concessions, son père le prenait en considération. Il m'apprît aussi qu'il a été élevé comme un adulte, dès le plus jeune âge : on lui avait appris à faire fi des sentiments et à s'en méfier, afin de garder la tête froide car l'homme est un loup pour lui-même et ses semblables.

Hormis cela, il a commencé à faire des recherches sur les moyens de faire évoluer la société vers la protection de l'environnement. Il sait que peu de gens adhéreront à ces idées et qu'il se heurtera à un mur. Au risque de perdre des clients, il a choisi de taire ses idées momentanément, afin de chercher des arguments plus convaincants. Convaincre, est le vrai problème. Il ne souhaite pas se risquer de perdre des années de labeur transmises de père en fils inutilement. Et ça, je le comprends.
Malheureusement, ce n'est pas le cas d'Adam qui pense bêtement que je me dresse contre lui, ce qui est totalement faux.

Alors qu'il se lève enfin après avoir terminé ses séries, il s'approche de moi avec un doux sourire et me propose de sortir.

Exténués par notre séance de sport, nous nous dirigeons tous deux vers nos vestiaires respectifs. L'atmosphère est un brin électrique et je sens que malgré son entraînement, Adam n'est pas au mieux de sa forme.
Retirant mes vêtements de sport, je prends rapidement une douche puis enveloppée dans une serviette chaude, je me dépêche de m'habiller, impatiente de retrouver Adam. Je le sens énervé et je veux me dépêcher de le rassurer.
J'enfile mes sous-vêtements, un teeshirt, un jean moulant rapidement et m'assois sur le banc pour mettre mes chaussettes. Je range scrupuleusement mon sac que je referme puis enfile une basket. Mon sac sur le dos, je glisse mon pied dans l'autre basket et rejoins Adam dehors, impatiente.

Hors des vestiaires, Adam est assis sur un banc, les coudes posés sur ses genoux et semble pensif. Je le sens détaché et étrange depuis un moment. Nos discussions ne se résument qu'à quelques babillages futiles et sans intérêts, de peur de nous disputer, et j'en souffre terriblement.

Prenant place à ses côtés, je pose mon sac à mes pieds et lève un regard vers lui. Histoire de capter l'ambiance. Le regard fixé sur un point au sol, ses lèvres restent pincées, les muscles de ses bras tendus et ses mains se resserrent l'une sur l'autre. Je devine donc que quelque chose l'inquiète.