Quand tu es partie...

Chapitre 4

Journal Intime de Lucy : Monday, June 13th

Après une nuit passionnée, Adam et moi avons pris notre déjeuner sur sa terrasse. La fameuse remise de diplômes se déroulera pour ce vendredi et nous avons décidé de nous accorder un peu de temps avant les grandes félicitées.

Ayant discutée de mon rêve étrange à Adam, je lui ai fais part de mon souhait de voir la grand-mère de Chris. Elle sait voir l'avenir et communiquer avec l'au-delà. Elle est très douée et j'ai pensé qu'elle pourrais m'aider. J'ai toujours cru à ce genre de choses et je m'en remets à ça lorsque je me sens perdu comme aujourd'hui. J'ai prévenu Chris dans la matinée et il m'a annoncé que sa grand-mère pouvait me recevoir dans l'après-midi. Adam est resté perplexe face à cette idée mais a accepté de m'accompagner.

Nous avons pénétré dans le vaste domaine, marchant non loin du haras, apercevant l'immense piscine avec jacuzzi et Spa, situés derrière la maison coloniale. Face à la large porte en verre cintrée en arcade et en fer forgé, nous avons sonné en attendant notre ami.

Chris nous fit entrer et nous demanda  de le suivre. Derrière lui, se tenait un vaste miroir sculpté en fer forgé sous un guéridon accueillant un large bouquet de pivoines roses et blanches dans un vase blanc.

Traversant la demeure, nous arrivions dans le salon agencé de meubles modernes, jusqu'à une porte donnant sur l'extérieur. Nous n'étions jamais allés de ce côté lorsque nous venions chez lui.
Nous avons emprunté  un chemin bordé par un charmant jardin fleuri très bien entretenu, qui nous conduisit devant une charmante petite maison où loge sa grand-mère.

Chris frappa à la porte et une petite dame est apparue, les cheveux blancs retenus par un chignon, souriante et très rassurante. En m'apercevant, elle s'est aussitôt emparée de ma main dans la sienne, plongeant son regard dans le mien. Un regard clair à la fois troublant et bienveillant. Il semblait qu'elle pouvait pénétrer en moi et brosser mon caractère avec une facilité déconcertante. Cette seule idée me dérangea un peu et je me sentais épiée.

Elle demanda ensuite aux garçons de prendre congés et referma la porte sur eux. Elle me proposa de m'asseoir dans un canapé en cuir et de patienter. Je m'exécutais et, les mains sur mes genoux, je regardais autour de moi, la décoration ancienne et soignée du salon. L'ambiance qui régnait se voulait apaisante mais l'angoisse me gagna et j'étais impatiente de savoir ce qu'elle avait vu dans mes yeux, un moment plus tôt.

Soudain, une bonne odeur de pommes caramélisées me chatouillait les narines. Levant les yeux, je la vis revenir, chargée d'un plateau, s'essayant en face de moi et déposant le tout sur la table basse. Elle me proposa une part de tarte aux pommes et du thé, mais angoissée comme je l'étais, je ne pouvais rien avaler. Elle saisit alors une nouvelle fois ma main dans la sienne qu'elle observa un long moment. Mon angoisse grandit encore. Je m'interrogeais sur ce qu'elle pouvait bien voir et à mesure que je me le demandais, cela nourrissait mon inquiétude, un peu plus à chaque fois.

Les yeux fermés, elle demeura concentrée un long moment, ses mains entourant les miennes, puis elle leva un regard que je ne saurais traduire. Ce genre de regard d'où rien ne transparaît mais qui se veut inquiétant par sa linéarité. Elle attrapa un paquet de cartes, qu'elle mélangea et étala sous nos yeux. Ensuite, son troublant regard revint sur moi et m'interrogea sur ce qui m'amenait ici.

Perturbée par ce retard chargée de réponses, je trouvais difficilement mes mots pour décrire une situation qui n'est autre qu'un cauchemar. Je me sentais ridicule d'expliquer quelque chose que j'avais seulement rêvé et n'allait peut-être  pas se produire. Son sourire chaleureux et bienveillant m'aida à exprimer ce qui me tourmentait et à détailler autant que possible ce cauchemar étrange.