Chapitre 10

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Adam

Les jours suivants, je venais à la boutique  plus tôt que prévu, mon matos sous le bras, confiant et motivé. Bien décidé à montrer mon niveau en surf, lorsque la boutique ouvrait, j'allais me mettre en short de bain comme tout le personnel.
En attendant les clients, je m'occupais du rayonnage et des commandes avec James.

Laissant la boutique entre les mains de Jarod et Mike, James avait souhaité surfer avec moi en milieu de matinée afin de juger de mon niveau en surf. Il ne fut pas déçu. Je prenais plaisir à taquiner les vagues, limite à prendre des risques calculés, et je m'éclatais. Essayant de masquer mon côté un peu trop chevronné, je m'appliquais à être un surfeur modèle.
Il s'aperçut assez rapidement que j'excellais en la matière et que c'était vraiment une passion pour moi. Hors de question d'épater la galerie, j'étais là pour progresser encore et m'élever au niveau des professionnels.

L'après-midi, Jay et moi étions chargés de donner des cours sous la surveillance de James et ses deux acolytes. Je prenais plaisir à enseigner doctement ma passion, à orienter les gens vers un matos plus adapté et à conseiller ceux qui voulaient progresser. En d'autres termes, j'en faisais plus et James appréciait mon professionnalisme.

James n'eut aucune réticence à me confier des adolescents et même des adultes, et c'est à partir de là que j'ai commencé à vraiment apprécier mes journées.

****

Arrivé de bonne heure devant la boutique, comme tous les matins, je tire le trousseau de clé de ma poche et ouvre la porte que je cale avec une pierre. Abandonnant mon sac près de l'entrée, j'appuie sur l'interrupteur pour allumer les lumières et commence à installer les stands de maillots de bain et de crème solaire devant la boutique. James m'avait confié les clefs de la boutique au bout d'une semaine. Il avait confiance en moi. Cela me donne l'occasion d'œuvrer comme si tout cela m'appartient. Du moins, avant que mes patrons arrivent à 9h.

La plage est encore déserte. L'océan est lipide, paisible, un véritable havre de paix. Le ciel est chargé de nuages noirs et un orage menace de craquer à tout moment. Appuyé contre le chambranle de la porte, je reste un moment, perdu dans mes songes, plus exactement sur Lucy. Elle est partie de bonne heure en compagnie de mon père et la voir avec lui tous les matins me flingue le moral. Me perdre dans la contemplation de l'horizon et de cette vaste solitude, recharge mon énergie.

Des pas se rapprochent et en me retournant, je reconnu Jay. Avec son sac à dos, il arrive en skate , comme tous les matins, souriant comme d'ordinaire. Vêtu d'un short de bain, il me salue vivement, avant de filer vers les vestiaires déposer son sac et son skate. Son humeur taquine est au rendez vous et je vais devoir prendre sur moi.

Assis sur une chaise devant la boutique, j'observe le ciel dont les nuages se font de plus en plus menaçants. Déboulant à mes côtés, Jay contemple le ciel à son tour.

— Avec un peu de chance, on aura de belles vagues.
— On verra, c'est plutôt mal parti.
— C'est pour cette raison que tu gardes ton jean ?
— T'as tout compris ...

Il hausse les épaules et glisse les mains dans ses poches, nonchalant. Baissant la tête sur mes chaussures, j'attrape un lacet qui pend dehors et le glisse sous mon pied.
Soupirant longuement, j'observe la plage toujours déserte. D'habitude, quelques personnes sont déjà installées sur le sable. Que ce soit des touristes ou des téméraires, ils investissent déjà  les lieux afin d'être sûr d'avoir la meilleure place. Cette fois, ce n'est pas le cas.

James vint seul aujourd'hui, Jarod arriva un peu plus tard et Mike était en congé quelques jours. Nous sommes donc 4 pour gérer la boutique.
Contre toute attente, une jeune femme blonde arriva. Elle se présenta rapidement à James, qu'elle semble connaître, puis nous salua d'un mouvement de tête en souriant gracieusement. Je ne le savais pas encore mais elle allait m'attirer des ennuies.

Quand tu es partie...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant