Quand tu es partie...

Prologue

Réveillée par une atroce douleur à la tête, mon regard erre autour de moi, l'habitacle flotte comme un bouchon de champagne et on tangue légèrement. Encore attachée par la ceinture de sécurité, il m'est impossible de me libérer. Mes gestes sont trop fébriles pour parvenir à quelque chose. Complètement mouillée, le froid pénètre à travers ma peau, comme pour atteindre mes os. Insidieuse, la peur s'est emparée de moi, comme un être sournois. Je donne des coups contre la vitre prêt de moi, faisant balancer encore l'appareil dont les pales sont plongées de moitié dans l'océan. Et mes cris incessants ne servent non plus à rien. Personne ne peut m'entendre, le rivage est à perte de vu.

Le pilote semble assommé et à en juger par la quantité de sang sur sa tête, puis autour de lui, il est sûrement dans un sale état. La panique prend toute la place et guide mes pensées les plus désespérées. Essayant de me libérer, mes gestes sont vains. Mes extrémités rougis n'ont presque plus de sensation et l'eau froide de l'Atlantique Nord me glace de part en part. Affolée, mon regard erre de tous côtés sans trouver une solution. Mes seules pensées sont pour mes parents et Adam. Que je ne reverrai sans doute jamais. Je le sais.

Un bruit sourd se fait entendre et l'eau remplit le cockpit, encore et encore. Ma gorge se serre, mon cœur tambourine à un rythme abominable et cette douleur lancinante qui me lacère le crâne. Mes doigts gourds continuent parviennent au mécanisme mais chaque frottement me fait horriblement mal. Je ne peux me libérer. Le froid ronge ma peau et me brûle à la fois.

Plaquée contre la vitre de l'appareil, je tente une dernière respiration, encore une, tandis que l'eau monte. Ç'en est fini. Lentement et progressivement, nous descendons vers les profondeurs abyssales. La descente se fait doucement, comme hors du temps.

Il faut que je sorte de là. Je continue de donner des coups contre la paroi en verre de l'appareil mais c'est inutile. Emprisonnée dans ce monstre d'acier, mes gestes sont vains et la fatigue me gagne. Retenant ma respiration, je ne vais pas tenir longtemps alors que je m'enfonce vers le noir total. Mes yeux se ferment, je manque de souffle et je me laisse flotter, à demi-consciente. Je ne sais pas.

Une douce pensée me berce comme dans les rêves. Sûrement on nous retrouvera et on nous sauvera. C'est comme ça que ça se passe normalement. Mes forces m'abandonnent, peu à peu et je ne peux plus penser, ni même bouger, inerte. Le froid me fossilise entre ses griffes et ne serre si fort que j'expire déjà mon dernier souffle. La souffrance fait place au bien-être, très vite. Je ne ressens plus cette douleur, je me sens légère comme une plume. Suis-je sauvée ?

Je rends les armes, laisse calmement Mme l'éternité s'approcher de moi avec sa lumière chaude et rassurante.
Le souvenir des plages et des journées chaudes de Californie me reviennent en mémoire. L'odeur du jasmin, entêtant, celui du parfum de mon homme que j'aime tant et celui du chocolat. Le lycée... Hampton Bays... Los Angeles...

Tout est simple, facile et doux, à présent.

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~Menik-Rush ( feat. Lylli )~