Chapitre 6

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Six ans plus tôt (quelques semaines après l'arrivé de Chuuya)
Hôpital : Département de pédopsychiatrie

L'ambiance était plus détendue ce jour là, tous les patients qui recevaient de la visite étaient réunis dans la salle B. Chuuya n'avait jamais assisté à ces réunions de famille puisqu'il en avait aucune. Voir des pères et des mères souriants avec leur progénitures lui était presque insupportable. Il tenta de se concentrer sur son objectif et d'oublier ces gens heureux. Rester en retrait, il repéra Dazai et son ami Tanisaki qui discutait à une table, pour l'instant, tout se déroulait comme prévu. Au moment où Osamu se lèverait, ce serait son signal pour intervenir. Avec qui devait-il se quereller?

Il observait les candidats potentiels se demandant qui en serait le moins affecté, lorsqu'une dame d'une grande beauté et d'une élégance hors du commun entra dans la pièce. Elle était assez grande et mince, des yeux marrons et de longs cheveux bruns foncés qui cascadaient harmonieusement dans son dos. La nouvelle venue se tenait fièrement la tête bien droite regardant à gauche et à droite à la recherche de quelqu'un. Lorsqu'elle repéra la raison de sa venue, elle s'élança vers lui. Son visage auparavant si doux s'était transformé en un masque horrifié.

-OSAMU DAZAI!, s'exclama-t-elle en l'interrompant en plein entretient avec son ami d'enfance.

-Maman? répondit le jeune homme qui semblait tout à coup avoir rajeunit de plusieurs années.

-Qu'est ce que tu as encore fait? L'interrogea-t-elle en fixant le nouveau bandage sur son visage et ses yeux cernés de noirs.

-Pourquoi es-tu ici? Demanda son garçon évitant volontairement de répondre à sa question.

Le jeune homme semblait figé sur place. Cette femme ne lui avait jamais rendu visite auparavant et sa soudaine apparition lui faisait présager le pire. Elle ne se serait pas donné cette peine si ce n'était pour un évènement important.

-J'ai bien le droit de rendre visite à mon fils, lâcha-t-elle agacée, le forçant à lui faire une accolade qu'il ne semblait pas désirer.

L'ami de Dazai s'était levé à l'approche de la femme et attendait que le fils le présente à sa mère. Chuuya observait toujours, mais les évènements ne suivaient pas du tout ce qu'ils avaient anticipés. La visite impromptu de Madame Dazai, nécessitait un changement de stratégie. Le grand brun réussit à se libérer de l'étreinte de sa mère et lui présenta son ami d'enfance qu'elle connaissait déjà, mais qu'elle n'avait pas reconnu puisque la dernière fois qu'elle l'avait vu, il devait avoir dix ou onze ans. Pendant que la femme demandait des nouvelles à Tanisaki de sa soeur Naomi, Dazai en profita pour croiser le regard de Chuuya resté à bonne distance. Osamu fit un signe de tête en direction de la salle de bain et le rouquin comprit que les rôles devaient être inversés, c'était lui qui se chargerait d'aller récupérer la tablette. Pour ce qui est de la distraction, sans en avoir connaissance, la jolie visiteuse l'avait fait pour eux. Tous les hommes qui veillaient au bon déroulement des visites n'avaient d'yeux que pour cette femme. Son fils avait hérité d'elle cette capacité à être le centre de l'attention sans faire d'effort particulier.

En toute discrétion, Nakahara se dirigea vers la salle de bain où théoriquement, il n'avait rien à faire. Il pourrait prétendre ignorer que l'endroit était interdit si on l'attrapait contrairement à Dazai qui était un habitué de l'endroit. L'espace n'était pas très grand, mais il ignorait les indictions qu'avait reçu Tanisaki de la part du champion de la dissimulation. Où pouvait bien être caché cette tablette? Les distributrices de papier étaient trop petites et il n'y avait pas de mobilier. Chuuya avait beau se creuser la tête, il ne trouvait pas, mais il était hors de question de s'avouer vaincu. Il prouverait à Dazai qu'il était son égal et qu'on pouvait lui faire confiance. Il regarda au plafond et vit une tuile suspendue qui était légèrement décentrée par rapport aux autres. L'adolescent grimpa sur la cuvette des toilettes en faisant très attention, car celle-ci n'avait pas de couvercle qu'on pouvait rabaisser. Pour atteindre la tuile en question, il du sautiller et réussit à la bouger. La tablette électronique était là devant ses yeux, mais même à bout de bras il lui était impossible de l'atteindre. Il poussa un juron bien sentit.

Soukoku le verdictOù les histoires vivent. Découvrez maintenant