Chapitre 17

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Il était aux alentours de dix-neuf heures quand Neavi poussa la porte de la maison en rentrant de l'hôpital. Elle déposa un sac au pied de l'escalier puis s'avança vers Jim, qui dessinait à la table du salon. Il sourit en la voyant et elle se pencha pour embrasser le dessus de son crâne, remua ses cheveux quelques instants puis se redressa après avoir observé le dessin quelques secondes.

Elle entra dans la cuisine, où Leonard préparait à manger, un œil attentif posé sur Jim à travers la vitre. Il la regarda entrer avec un sourire aux lèvres, lâcha ses ustensiles et la serra brièvement contre lui avant de reprendre sa découpe.

« Bonne journée ?

— Comme une journée aux urgences, souffla-t-elle en s'asseyant sur le plan de travail. Et vous ?

— Comme une journée à la maison. Je n'ai jamais fait autant de travail de bureau en dix ans.

— Je vois. Et Jim ? »

Leonard arrêta quelques secondes son travail pour regarder son fils, soupira puis reprit où il s'était arrêté.

« Il a dessiné toute la journée. Enfin il s'est arrêté pour manger et dormir, mais c'est tout.

— Dessiner a l'air de lui faire du bien, si ça peut l'aider à surmonter laissons-le faire.

— Mouais, si on veut, soupira Leonard, résigné.

— Et toi ? Tu arrives à te détacher ? »

Les yeux baissés sur ses mains manipulant prudemment un long couteau, il exhala un souffle tremblant et Neavi le sentit sur le point de s'effondrer. Elle prit sa main droite dans la sienne, en ôta le couteau puis le tourna vers elle. Elle le serra contre lui, une main glissant de haut en bas dans son dos.

« Parle-moi, je veux t'aider. »

Il souffla encore une fois et posa sa tête sur son épaule en se mordant la lèvre.

« J'ai tellement besoin de l'avoir près de moi... J'ai eu tellement peur, et avec tout ce qu'il a raconté à Joshi, j'ai peur qu'il se rende compte qu'il fait une erreur en me gardant près de lui...

— Leo', Jim t'aime, depuis le premier jour, jamais il ne voudrait se séparer de toi. Je peux comprendre ton besoin d'être avec lui, mais vous avez vraiment besoin de vous retrouver seuls. Tu ne pourras pas toujours dormir avec lui. »

Leonard hocha la tête contre son épaule puis se redressa. Sans qu'il n'ait pleuré, ses yeux étaient rouges et brillants, emplis de fatigue.

« Tu as passé combien de temps sur ton terminal ?

— Trop longtemps, sûrement.

— C'est bien ce que je pensais. Va te poser un peu dans le canapé, ferme les yeux, je m'occupe du dîner. »

Nouveau hochement de tête et il obéit après avoir embrassé son amie sur la joue. Il traversa le salon jusqu'au canapé sous le regard inquiet de Jim, qui fronça les sourcils.

« Tu vas bien, Papa ?

— Oui, Boy, ne t'en fais pas. Juste un peu fatigué.

— D'accord. On mange bientôt ?

— Dans vingt minutes, intervint Neavi depuis la cuisine. Ne traîne pas trop à ranger tes affaires, Jim. »

Le garçon sourit en tournant la tête vers Neavi puis se remit à son dessin pour le terminer rapidement.

Leonard, lui, s'allongea sur le canapé, un bras sur les yeux, et se laissa glisser dans un repos dérangé par ses pensées. Il pensait à Neavi, à Jim, à Joanna, à son travail, au futur... Tellement de pensées se bousculaient aux portes de sa conscience... Il ne voulait pas les écouter, il ne voulait pas se préoccuper de tout cela.

Mon FilsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant