Chapitre 4

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« Je travaille jusqu'à dix-huit heures ce soir, donc Jocelyn viendra te chercher et restera avec toi à la maison jusqu'à ce que je rentre. »

Joanna s'arrêta, la main posée sur la poignée de la porte, son sac déjà jeté sur son dos. Elle se tourna juste un peu pour capter le regard de son père, fronçant les sourcils.

« Je peux rester seule à la maison, Papa.

— Je ne suis pas vraiment rassuré à cette idée.

— Je peux rester seule. Je m'enfermerai et tout ira bien. Je l'ai fait l'autre soir. »

Leonard soupira un grand coup, pesa le pour et le contre, puis après quelques instants, redressa la tête.

« Bon, okay, j'appellerai ta mère pour lui dire. Mais tu t'enfermes bien, et si tu as le moindre doute, tu l'appelles.

— Promis, Papa. Bon courage pour ta journée.

— À toi aussi, ma puce. File avant d'être en retard. »

La jeune fille offrit un dernier sourire crispé à son père et sortit de la voiture, rejoignant ses amis de l'autre côté du trottoir. Leonard observa sa démarche quelques instants, remarquant son pas encore un peu hésitant.

Trois jours étaient passés depuis le drame qui leur avait enlevé Jim, et Joanna avait quitté son attelle avant son départ au collège, affirmant qu'elle s'en sentait parfaitement capable. Son père avait obtempéré sans trop d'enthousiasme, connaissant la propension de ses enfants à aggraver leurs blessures à la moindre occasion. Mais Joanna était bornée, et il se savait incapable de lui résister.

Leonard finit par reprendre sa route vers l'hôpital, perdu dans ses pensées. Durant les derniers jours, ils n'avaient eu aucune nouvelle de Jim. Ou du moins, aucune nouvelle positive. Tous les jours, ses bourreaux continuaient de diffuser des images de ses séances de torture, toujours plus violentes et difficiles à regarder. Chaque jour, en rentrant du travail, il se forçait à les regarder, glissant de plus en plus difficilement dans sa peau de médecin, pour prendre connaissance de toutes ses blessures.

Sur les images de la veille, Jim était apparu nu et inconscient. Ainsi, Leonard avait pu voir l'étendue des dégâts, et rien qu'à travers l'écran, il pouvait déjà voir tout ce qui n'allait pas chez son fils. Sa peau était pâle, bien plus que d'habitude, avec des teintes jaunes et rouges au niveau de ses blessures ouvertes. Celles-ci étaient boursouflées, suintant d'un mélange de sang et de pus. Son visage était couvert d'ecchymoses et de sang, Sa jambe était tordue en une position n'ayant rien de naturel, sa tête légèrement penchée sur le côté.

Cette fois, Leonard n'avait pas pu retenir la nausée qui l'avait pris à la gorge. Et si son estomac était vide, aucune importance. Il crut même un instant que celui-ci allait finir par s'échapper de son corps, même si son expérience de médecin lui criait que c'était impossible. Son expérience de père lui avait soufflé qu'il ne perdrait jamais ses enfants, et pourtant il en était rendu à regarder des vidéos de torture de son propre fils. Alors un estomac pouvait bien ressortir par des vomissements.

Les haut-le-coeurs avaient fini par se stopper, il s'était appuyé contre le carrelage froid des murs de la salle de bain, respirant un air qui l'avait quitté depuis trop longtemps. Mais finalement, ce semblant de contenance n'avait pu rester bien longtemps. Il avait fini par réaliser que ce n'étaient que les blessures physiques qu'il voyait. Dans quel état serait Jim après tout cela, si seulement il le retrouvait ? Et même s'il arrivait à s'en relever, il ne pourrait jamais retourner à l'école. Jim portait une grande importance au regard des autres, quel serait-il après avoir vu de telles choses ?

Mon FilsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant