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— AU FAIT, ON DEVRAIT LIRE la lettre de papa, avant que ce ne soit trop tard.
Isabelle regarda son frère. Elle avait complètement oublié la lettre.
Kiara était déjà partit depuis quelques minutes et la nuit commençait à tomber. Isabelle attendait que le ciel dévoile ses astres qu'elle admire tant. John B la regarda et essaya de voir si, sa sœur allait bien. Parce que sincèrement, après tout ces événements, même lui n'arrive pas à dormir. Pas correctement en tout cas. Et il s'inquiète, pour elle. Parce que c'est sa sœur, la seule famille de sang qui lui reste.
— Tout va bien ? demanda-t-il
Elle regardait le ciel à ce moment là.
— Oui. mentit-elle
Elle se leva et rentre dans la maison avec lui pour pouvoir lire la lettre avec John B.
— Bien, lisons les derniers mots de papa... soupira-t-elle
Il passa une main dans son dos pour la réconforter. Dès qu'il s'agissait de la famille, Isabelle était vulnérable, c'était sa seule faiblesse. Elle réussit à lire à haute voix :
Isabelle,
Étant donné la dernière lettre que tu as reçu, j'imagine à quel point tu me détestes. Je ne suis pas à la maison pour t'accueillir dans mes bras. Tu devrais être à la maison, je l'espère. Et si tu ne l'es pas, rentres, s'il te plaît. Pour John B. Il a besoin de toi plus que jamais. Je t'avais dis qu'il se passerait quelque chose, et évidement tout ne s'est pas passé comme prévu. Je ne sais pas quand est-ce que je rentrerais, j'espère le pouvoir. Pour toi et John B. Si vous êtes ensemble, je dois vous dire une dernière chose : vous n'êtes pas les seuls à chercher le trésor, ...
— Quoi ? demanda John B
— La suite a bavé, j'arrive pas à lire.
— Moi non plus.
— Attends si, on dirait qu'il nous dit d'éviter une personne... je vois un "W" et après... il n'arrête pas de s'excuser comme d'habitude...
Elle soupira.
— Un lettre inutile. Comme d'habitude.
Elle jeta la lettre sur la table et sortit de la pièce.
— Isabelle, attends ! dit-il
Elle arriva sur le porche, où JJ et Pope se trouvaient encore. Elle alla jusqu'au ponton.
— Il se passe quoi ? demanda JJ à John B
— La lecture ne s'est pas bien passé... dit-il en tendant la lettre à JJ
JJ était curieux et la lit.
John B partit rejoindre Isabelle. Elle s'était effondrée en larmes. Ses reniflements surpris John B qui commença à parler.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il
Elle arrêta de renifler et essuya ses larmes.
— Papa s'en fout de moi, depuis toujours.
— Pourquoi tu dis ça ?
— M'envoyer des lettres c'était pas suffisant pour moi. Tout ce que je voulais c'était être avec lui, en sécurité. Alors j'ai attendu... des années ! Pour qu'il vienne me voir, ne serait-ce qu'une fois. Et- Et la seule fois où je l'ai vu il n'a même pas daigner me dire un mot.
Il y eut un silence, même si on pouvait encore entendre ses reniflements.
— Ça a toujours été pour toi, ses lettres ont toujours parlé de toi, de tes accomplissements, de ta vie. J'ai toujours répondu à ses lettres "Oh, il doit être drôle John B" ou "J'aimerais bien le voir!" mais lui il n'a jamais répondu à mes lettres, il n'écrivait qu'à propos de ses belles journées avec toi...
Elle cacha son visage de ses mains.
— Papa a toujours tout donné pour toi. Et maintenant qu'il n'est plus à la maison, il ose me dire de venir pour te protéger ? Parce que tu as besoin de moi ? Alors que tu ne sais même pas que j'existe ! Putain, mais s'il savait à quel point j'avais besoin de lui... J'ai toujours voulu venir ici pour le voir et qu'il me prenne dans mes bras, je sais pas.. qu'on vive une vraie vie de famille !
Elle s'éloigna de John B.
— Et il est toujours désolé, mais ce n'est même pas sincère... J'ai comme l'impression que... il n'a jamais voulu de moi comme enfant. "Tu dois devenir forte pour ton frère." Tu parles.
Elle avait craché ces derniers mots. Littéralement.
— Il voulait juste que Daniel s'occupe de moi et qu'on me pourrit la vie pour toujours. En premier : maman, ensuite les Chasseurs, maintenant lui. Et peut-être que je pourrirais touteseule.
Son silence parlait pour elle, elle en avait juste marre de vivre la vie horrible qu'on lui a donné. Vous allez dire mais elle est née pour ça, non ? Ouais, mais il n'y avait pas écrit les conditions et circonstances qui allaient se passer par la suite lorsqu'elle a signé son acte de naissance dans le ventre de sa mère.
— Dès que je ne faisais pas partie de sa vie, papa t'as mis dans tes priorités. Moi, je n'étais plus rien.
Un deuxième silence s'éternisa.
— Je savais que tu existais.
Les yeux d'Isabelle s'éclaircissent.
— Quoi ?
— La dernière fois qu'on a parlé... Papa et moi, on s'est disputé... C'était la première fois que j'entendais ton nom. J'avais trouvé des photos de nous petits et j'ai demandé à papa qui était la fille sur la photo, toi. Quand j'ai su que j'avais une sœur... Je suis parti en vrille. J'en voulais à papa de t'avoir caché.
— Au moins, on est deux à le détester.
Ils sourirent.
— Quand je suis rentré, papa était plus là.
— Ouais, on connaît la suite.
Isabelle respira un bon coup. Elle regarda son frère, et pour la première fois, les deux se firent une étreinte qui signifiait tout leur amour fraternel.
