La rencontre...

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J'ai eu l'impression d'être en mode ralenti lorsque son verre s'est approché de ses lèvres, puis quand il l'a reposé. Son regard semblait s'illuminer, et je pouvais lire un grand "Wow" dans ses yeux. J'avais envie de sauter de joie, mission accomplie ! Maintenant, j'avais vraiment faim, mon estomac gargouillait...

- Tout va bien ? demanda Léona à son potentiel client.
- Heu... oui... Je suis désolé, mais wow ! Ce cocktail m'a transporté dans un autre monde, il est excellent !
- Je suis ravie d'entendre cela...

Ils ont ensuite commencé à discuter affaires, et l'homme n'a pas pu s'empêcher de commander ma boisson tout au long du repas. Mon estomac se tordait, j'espérais qu'ils finiraient bientôt, je n'en pouvais plus. Cal avait repris son service, s'occupant des tables. Soudain, mon chef m'appela.

- Victoria, s'il te plaît, viens ! dit-il depuis la table de la big boss et de son client.
Merde, avais-je fait quelque chose de mal ? Je suis fichue ! Respire et reste calme... Je m'approche d'eux, fébrile comme une petite fleur qui n'ose pas s'ouvrir sous la rosée du matin.

- Heu... oui ? dis-je, très hésitante. C'est alors que l'homme se leva.
- Mes félicitations, Mademoiselle. Votre boisson est divine et m'a totalement subjugué. Je reste sans voix. Votre chef vient de m'expliquer le concept, et je tenais personnellement à vous remercier. Ce cocktail restera le meilleur que j'aie jamais bu de ma vie. Bien entendu, je comprends que tout dépendra de mes désirs si je reviens ici.

Quoi ? J'en reste bouche bée ! Jamais un "Élite" n'avait fait ça auparavant, féliciter la barmaid.

- Mer... merci, je suppose..., réussis-je à dire rapidement, me reprenant car il était un client. Mais oui, vous avez raison, tout dépendra de vous lorsque vous franchirez ces portes.

Et là, bien sûr, ce qui ne devait pas arriver... Mon estomac... Heu... j'allais partir en courant, merde ! Mais mon manager prit le relais et me sauva.
- Oui, vous devez avoir faim. J'ai demandé à ce qu'elle reste pour préparer cette spécialité. Victoria, vous pouvez aller prendre votre pause déjeuner, merci, me dit mon chef, fier de moi.
- Attendez, dit le client stupéfait, mais il est 17 heures, le repas a duré toute l'après-midi ! Vous auriez dû prendre votre pause à quelle heure ?
J'hésitai un instant à répondre ou à obéir à mon chef.
- À 11 heures.
Il se tourna vers la patronne, elle aussi stupéfaite. Je commençai à rougir, gênée par la situation.
-Sérieux Léo, j'espère que tu lui laisseras une sacrée prime. On ne vous retient pas plus longtemps, vous devez effectivement avoir faim depuis 11 heures. Mais pourquoi n'avez-vous pas pris votre pause quand même ?
- Parce que je suis la seule à pouvoir préparer cette boisson, personne ne peut me remplacer étant donné le flot de commandes. Il n'y avait tout simplement pas d'autre option. Je vous remercie... Je... mais j'ai été interrompue par un stagiaire d'un mois qui galérait derrière le bar, faisant tomber des objets et faisant patienter les clients. Je n'ai pas pu terminer ma phrase, alors sans dire au revoir, je suis partie comme une voleuse pour sauver mon collègue.

Tous les trois sont restés plantés là, me regardant sans voix, lorsque mon manager intervient naturellement.
- Mais comment fait-elle pour être toujours au taquet, rattraper le retard et servir les clients aussi rapidement ?

Le jeune homme se penche vers Mademoiselle Lightwood, émerveillé.
- Dis-moi, tu saurais comment je pourrais obtenir ses coordonnées ?
Elle le foudroie du regard, qui signifie clairement "jamais". Mais elle ne répond pas.

Le client a quitté l'hôtel. Je me suis dépêchée de corriger les erreurs de mon collègue, de servir les clients restants, et en jetant un coup d'œil à l'heure, j'ai poussé un soupir plus fort que je ne l'aurais voulu. Soudain, une voix derrière moi m'interpelle :
- Ce fut une longue journée ? Je me retourne rapidement, surprise de voir que c'est la big boss qui s'adresse à moi.
- Oui... Oh, mince... Pourquoi est-ce qu'elle me parle à moi ? Je me demande intérieurement.
Elle me regarde avec un air préoccupé et demande : À quelle heure étiez-vous censée travailler aujourd'hui ?
- De 9h à 11h et de 15h à 6h demain, je réponds rapidement. Son expression montre qu'elle est surprise par ces horaires, qui peuvent parfois être plus longs ou plus courts.
- Donc votre pause est seulement de 11h à 15h, si je comprends bien ?, demande-t-elle, cherchant à clarifier.
- Oui... en général, je rentre chez moi, mange rapidement et me repose un peu pour tenir l'après-midi et la nuit...Je lui réponds, sentant le poids de la fatigue qui se fait sentir.
Elle semble soucieuse et poursuit : Vous travaillez beaucoup trop d'heures, vous ne pouvez pas maintenir un rythme comme celui-ci. Je parle en connaissance de cause.
Je reste un instant silencieuse, cherchant mes mots pour expliquer ma situation. - Honnêtement, ça va... C'est devenu mon rythme de vie maintenant, je m'y suis habituée, je dis finalement d'un ton sincère.
Elle me regarde avec un mélange d'incompréhension et d'inquiétude.
- Comment cela ? Depuis combien de temps travaillez-vous avec ces horaires ? Est-ce tous les jours ?
Je prends une légère inspiration avant de répondre : Eh bien... oui, ce sont mes horaires, mais je ne travaille pas le dimanche et le mercredi. Cela fait bientôt six ans, je crois... Je sais que c'est inhabituel, mais j'ai réussi à m'adapter.
Son regard traduit son étonnement face à ma réponse. - Pardon ? Six ans ! Mais comment avez-vous fait ?
Avant que je puisse répondre, son téléphone sonne et elle s'excuse pour répondre à l'appel. Profitant de cette distraction, je me glisse discrètement pour quitter les lieux. J'ai vraiment faim et je n'en peux plus. Il est temps pour moi de rentrer chez moi et de prendre enfin ma pause bien méritée.

C'est une fois rentrée chez moi que j'ai reçu un e-mail de mon chef. Il m'informait que pour récompenser mon travail bien mérité, j'avais la soirée et le lendemain de repos offerts par la patronne, selon son assistant Franck. Génial ! J'ai sauté de joie, sachant que je ne reprendrais le travail que jeudi, et en plus, je ferais la nuit, donc ce serait assez tranquille. Vous commencez à me connaître, qui dit temps libre dit sortie !

Nous voilà en boîte, encore une fois. Il est à peine 19 heures et nous commençons à boire comme s'il n'y avait pas de lendemain, à danser et à nous faire draguer. Je commence à sentir les effets de l'alcool qui montent doucement vers mon cerveau. Je me sens bien, jusqu'à ce qu'elle entre dans la boîte. Je n'aurais jamais pensé la voir ici, accompagnée de deux autres belles jeunes femmes, probablement des mannequins comme d'habitude. Elle n'a pas l'air très à l'aise, cet univers n'est pas le sien. Elle qui aime avoir le contrôle, là c'est foutu, elle n'a aucune chance. Elles se dirigent vers un petit groupe de personnes et engagent la conversation. De mon côté, je me perds vers minuit ou une heure du matin. Ma robe dessine parfaitement mes courbes, bien qu'elle soit assez courte. À un moment donné, je perds de vue madame la boss, elle n'est plus à sa table.

Et là, je perds complètement le contrôle de moi-même et me dirige vers le bar, mon domaine ! Je n'avais pas remarqué qu'elle était également au bar, en train de draguer une autre femme. Elle ne m'a ni vue ni reconnue, du moins je l'espère. Je continue mes excès de comportement.

- Hé, Vicky ! Descends, il est temps que tu rentres avec ton joli cul ! Me hurle-t-il dessus.
- Ah ! Laisse-moi tranquille, Cal ! Et là, je commence vraiment à me lâcher, je vous l'ai dit, plus de maîtrise de moi-même. Donc je commence à danser un peu comme une strip-teaseuse.

C'est à cet instant que nos regards se croisent. Moi, en train de me déhancher sur ce fichu bar, et je ne sais pas comment, mais l'instant d'après, elle me fait descendre, je ne sais pas comment elle a fait. Elle est là, tout près de moi, si proche que je peux sentir son parfum enivrant, la chaleur qui émane de son corps, perdant l'équilibre de temps en temps.

- Merci ! Bon, allez, Vick, je vais appeler un taxi et on rentre.
- Je la ramène. Léona jette un regard froid à une nana qui attend sans doute le coup de Cal ce soir. Tu as déjà quelqu'un à t'occuper ce soir, tu ne pourras pas faire les deux.
- Non, je vais pas la laisser, vous n'avez pas à vous... hm...
- Il ne lui arrivera absolument rien avec moi, dit-elle d'une voix autoritaire et glaciale. Son visage est si sérieux que j'en ai des frissons.

Le regard de cette femme en dit long, et Cal le comprend. Il accepte de me confier à elle. Moi, complètement ivre, je deviens insupportable. Elle doit me porter pour que je la suive. Elle me met dans la voiture et me ramène. Je m'endors tellement vite, elle gare sa voiture sur une place de parking souterrain. Elle me sort en me portant dans ses bras, où mon dieu, je me sens si bien, en sécurité. Je me blottis encore plus contre elle, qui me porte. Je crois me souvenir d'une chose avant de sombrer dans un sommeil profond et fatal : on prend un ascenseur... Mais attends, il n'y a pas d'ascenseur pour aller au loft...

Lui ou ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant