La Californie...

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Léona avait insisté pour me ramener au loft, et franchement, je n'étais pas en état de rentrer seule. Nous nous tenions toutes les deux devant la porte de l'appartement. Une fois à l'intérieur, je l'invite à s'installer et à se sentir chez elle. Cal m'avait envoyé un message pour me prévenir qu'il passerait la soirée avec son plan cul, ce qui signifiait que je serais seule avec Léona. Même si j'aurais aimé avoir mon meilleur ami à mes côtés pour me réconforter, je savais que Léona savait exactement quoi faire.

- Tu veux boire quelque chose ? demandai-je.
- De l'eau ira très bien, répondit Léona en se tournant vers moi alors que j'étais toujours affalée sur le canapé.

Je dépose un grand verre d'eau sur la table basse pour mon invitée, pendant que moi, vous l'auriez deviné, j'avais la bouteille de whisky à la main et buvais directement à celle-ci. Je m'affale de nouveau sur le canapé, perdue dans mes pensées. Honnêtement, je ne m'attendais pas à revivre mes dires.

- Alors, tu es d'accord pour m'accompagner, mais tu ne m'as pas donné ta condition ? demanda Léona.
- Euh... je... je t'accompagne si, pendant cette fameuse semaine, je peux rendre visite à quelques personnes... finis-je par dire, restant vague dans mes explications.
- Aucun problème, tant que tu rentres au domaine, répondit-elle d'un ton sérieux. Je savais bien qu'elle voulait en savoir plus, mais mon expression fermée la dissuada pour l'instant.

Après avoir discuté de tout et de rien, je me décide enfin à aller prendre une douche et à me démaquiller. Je réapparais dans le salon en peignoir, ma patronne s'est assoupie devant la télévision. Il doit être environ 5h du matin lorsque Cal entre en trombe. J'ai lancé la machine à café lorsque la porte claque, me faisant sursauter et réveillant Léona au passage. Il ne semble pas surpris, j'espère qu'il ne s'imagine pas qu'il s'est passé quelque chose avec elle. Rien que d'y penser, je rougis. Pour éviter tout embarras supplémentaire, je me précipite vers la chambre pour m'habiller.

- Ouais, c'est ça, fonce habiller ton joli petit cul, dit-il en claquant mes fesses au passage. Je tiens à te rappeler qu'on a une invitée, ajoute-t-il ensuite en se tournant vers Mlle Lightwood avec un grand sourire.

- Aïe...! dis-je sans me retourner, puis je m'engouffre dans ma chambre. J'ai presque senti la tension d'énervement monter chez ma boss après la claque. Elle semble protectrice, je ne lui en veux pas vraiment après ce qui s'est passé aux toilettes. D'ailleurs, je ne lui ai pas demandé qui était le grand costaud et ce qu'elle voulait dire par "je m'occuperai de lui après". Je lui demanderai à l'occasion.

Une semaine plus tard, Léo ne m'a pas reparlé depuis cette soirée (et franchement, cela m'arrange), elle avait énormément de travail à faire pour se préparer au voyage en Californie. Je suis extrêmement stressée d'une part parce que je vais devoir me faire passer pour sa petite amie devant sa famille, et d'autre part parce que je n'ai absolument pas préparé ma valise. Il est 18h et notre avion décolle à 22h30 pour un vol de 5 heures, et laissez-moi vous dire que je déteste prendre l'avion.

On toque à ma porte et je vois Cal entrer dans la chambre qui est sens dessus dessous, comme si un ouragan était passé par là.

- Prête, bébé ? L'heure approche, dit-il avec une petite mine triste.
Il va me manquer, ce con.

- Oui... non... enfin oui, je crois que j'ai tout, dis-je confuse, ne sachant plus où donner de la tête.

- Ne stresse pas, tout se passera bien, me rassure-t-il en me prenant dans ses bras.

Je n'aime pas mentir, mais je ne pouvais pas lui dire la véritable raison de ce voyage avec Léo, alors je lui ai simplement expliqué qu'elle devait rendre visite à sa famille en Californie et qu'elle souhaitait que je l'accompagne en tant que barmaid lors des réceptions qu'ils organisent. Le plus dur, c'est qu'il a été carrément heureux. J'en ai eu le cœur serré, me disant que c'est une sacrée opportunité puisqu'il y aura pas mal de personnes plus ou moins célèbres ou connues.

Je viens d'enregistrer mes bagages et je fais un dernier câlin à mon ami avant de me diriger vers la salle d'embarquement. Je lui ai promis de le tenir informé, et il m'a surtout souhaité de profiter de l'occasion et de me souhaiter bon courage pour les jours à venir...

J'avais repéré Léona, concentrée sur son téléphone, assise à une table avec un délicieux café. Je me dirigeais vers elle, ma présence ne lui étant pas immédiatement apparente. Son visage s'illumina de surprise en me voyant, ce qui me fit sourire. Son expression sérieuse disparut, laissant place à un sourire séduisant, capable de faire fondre n'importe qui (bon, peut-être même moi à ce moment-là, mais je vais me reprendre).

L'annonce monotone de l'embarquement interrompit notre conversation, nous nous dirigeâmes alors vers notre porte d'embarquement. J'eus l'impression que la patience de Léona atteignait son point de rupture. Nous étions toutes les deux dans la file de la première classe (elle avait bien sûr pris des billets pour la première classe, ce qui n'était guère surprenant !). À ce moment-là, je retrouvai la femme stricte, fermée et froide en elle, tandis qu'elle tapotait les billets du bout de ses doigts fins. Notre tour approchait lorsque j'entendis une voix stridente prononcer mon nom.

- Viii !!
Je n'eus pas le temps de comprendre, la femme se jeta littéralement dans mes bras, ce qui déclencha un regard meurtrier de ma patronne à son égard. Était-elle réellement jalouse ?
La jeune femme, en se redressant un peu, m'embrassa longuement sur la joue. Je la repoussai doucement pour reprendre mes esprits.
- Oh mon dieu Vi ! Je n'arrive pas à le croire, c'est vraiment toi ! Putain, tu es toujours aussi canon avec ce corps de rêve, dit-elle.
- Heureuse de te voir aussi, Chachou. Je me tournai vers Léo pour la présenter. Léona, je te présente Charlotte, la fille de la meilleure amie de ma mère. On a presque grandi ensemble, (pourquoi ai-je l'impression de devoir me justifier ?) et Charlotte, voici Léona, ma patr...
- Sa petite-amie, m'interrompit Léo en me prenant par la taille. Un frisson me parcourut au contact de sa main et mes joues devinrent instantanément rouges. Je la regardai avec de grands yeux, sans comprendre ce à quoi elle jouait.
- Eh bien... une chose est sûre, tu n'as pas changé. Tu as toujours eu bon goût, dit Charlotte avec un sourire aux lèvres. Bon Vi, ce n'est pas que je n'aime pas discuter, mais si tu as le temps, passe à la maison pour qu'on puisse parler du bon vieux temps et surtout de ces dernières années, finit-elle en remettant son billet à l'hôtesse.
- Chachou, tu sais que je ne peux pas te promettre ça, et surtout... je la regardai droit dans les yeux, sachant pertinemment qu'elle comprendrait la suite de ma phrase.

Léo donna ensuite nos billets pour monter à bord. On nous dirigea ensuite vers nos sièges. À peine nos affaires rangées et assises, je me retournai vers ma compagne de voyage pour lui demander des explications.
- Pourquoi tu lui as dit ça ?
- Parce que c'est ce que je suis, chérie. Il va falloir t'y habituer rapidement, me dit-elle avec un sourire de satisfaction, comme si elle était ravie de pouvoir montrer que je lui appartenais désormais pendant une semaine.
- Seulement devant ta famille, je tiens à le rappeler, affirmai-je perplexe.
- Pas exactement. Je te présente à ma famille en tant que ma compagne. Je n'ai jamais précisé qu'il n'y aurait qu'elle. Il y aura aussi des amis de la famille. Je ne peux pas te présenter de cette façon à mes proches et prétendre devant mes amis que je suis ta patronne et qu'il n'y a rien entre nous, sans que cette dernière ne soit au courant. Et je tiens à te rappeler que ton contrat débute vendredi soir, donc il est actuellement en cours jusqu'à notre retour dans une semaine, dimanche soir, me dit-elle à voix basse pour éviter les oreilles indiscrètes.

(Je n'arrive pas à croire ça ! Bon, elle a peut-être raison, mais elle aurait pu éviter cette situation, surtout que Charlotte est proche de ma famille. J'espère ne pas avoir à leur expliquer cette histoire de petite amie. Mais bon, si c'est comme ça, Léo, tu ne seras pas déçu de ce qui t'attend.)
- Très bien, je vais en profiter pour me reposer un peu, lui répondis-je avec un ton légèrement ironique et agacé.

Mais avant de me mettre à l'aise pour dormir, je me penche légèrement de son côté, par-dessus l'accoudoir. Ma main se pose délicatement sur sa joue et je lui dépose un baiser sur l'autre. Sans réellement y accorder plus d'importance, je me positionne ensuite pour dormir. Pourtant, j'aurais tellement voulu plonger mes yeux dans les siens à ce moment-là, cherchant à déchiffrer ses pensées, ses émotions, la réaction que cela lui a provoquée. Elle semble si inaccessible, mais je ne peux m'empêcher de me demander : suis-je spéciale pour vivre cela, ne serait-ce que pour une semaine ? Ou ne suis-je qu'un jouet de plus qu'elle utilise à sa guise ?
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NDA: Merci à tous de continuer cette histoire, je vous réserve pas mal de surprise, pour l'instant tous reste secret et mystérieux mais se n'est que le début. Bientôt vous allez découvrir certains souvenirs du passé, qu'ils soient bons ou tout son contraire....mauvais.

Lui ou ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant