Une nuit agitée...

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Je n'ose pas la regarder, ma tête est baissée, mal à l'aise dans cette situation. Je me demande si elle ressent la même gêne que moi. Elle dégage une assurance indéniable, elle sait ce qu'elle veut, cela se voit et se ressent.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur son appartement et elle me laisse passer devant.
- Je t'en prie, mets-toi à l'aise, me dit-elle en me dépassant pour se diriger vers la cuisine semi-ouverte.
- Merci, ajouté-je timidement.

Je la suis, m'avançant vers le spacieux salon en direction d'une chaise haute près du bar qui sépare la cuisine du salon. Je la regarde, elle est de dos, en train de préparer le petit-déjeuner. Mon esprit, et surtout mes yeux, se détournent vers ses fesses. Je ne peux m'empêcher de la détailler, son corps est parfait.

- Pourquoi moi ? dis-je en brisant le silence qui régnait dans la pièce.
- Je vais être honnête avec toi et je ne vais pas passer par quatre chemins, me dit-elle sans se retourner. J'ai une proposition à te faire, mais avant d'en parler davantage, mangeons.

Elle dépose devant moi une assiette d'œufs brouillés et du bacon ainsi qu'un verre de jus, puis s'installe sur le tabouret à côté. Nous mangeons, je sens son regard se poser sur moi de temps en temps, ce qui me fait rougir. J'ai envie de partir en courant pour me cacher, je suis concentrée sur mon assiette, mal à l'aise. Que va-t-elle me demander ? Je ne la connais pas et, pire encore, elle ne me connaît pas non plus. Une fois le repas terminé et les assiettes débarrassées, elle prend enfin la parole.

- J'ai donc une proposition à te faire.
- J'avais compris. Mon ton est froid, direct, et je suis assez surprise de ma propre réaction.
- Tu peux me tutoyer s'il te plaît, on est entre nous et ça me donne l'impression d'être vieille.
- Euh... mais... bon, d'accord, dis-je finalement.
- Parfait. Alors, j'ai besoin de quelqu'un pour m'accompagner durant cette semaine. Ma famille organise une sorte de réunion de famille dans un cottage afin de passer du temps ensemble et se détendre... elle marque une pause avant de continuer... je ne veux pas subir encore une fois les réflexions concernant mon célibat et mes choix de vie.
- En gros, vous voulez que moi, la petite barmaid d'un hôtel, me fasse passer pour votre petite-amie ?
- C'est ça.
- Non, désolée... je n'en dis pas plus et je me lève en direction de l'ascenseur.

Elle se lève également, me rattrape en attrapant mon bras et me fait face. Oh, ses yeux sont magnifiques, pourtant, je n'arrive pas à déchiffrer exactement ce qu'ils essaient de me dire.

- Pourquoi moi ? Tu pourrais choisir n'importe quelle fille, elles rêvent toutes d'avoir la femme la plus belle et inaccessible de la ville, même pour une semaine... (J'ai osé dire ça à voix haute, ça sonnait mieux dans ma tête).
- Justement, je ne veux pas n'importe quelle fille... elle a l'air gênée, désemparée, peut-être même fragile, ne ressemblant en rien à la femme d'affaires froide que les magazines décrivent. Ma famille connaît beaucoup de monde, ils sauront immédiatement si c'est une femme connue, que ce soit un mannequin, une célébrité... tu vois.
- Honnêtement, qu'est-ce que j'y gagne ? Je n'ai besoin de rien et je n'ai envie de rien, donc je suis désolée, mais je ne peux pas accepter. (Ce n'est pas que je ne le veux pas, au contraire, mais comment vous dire... j'ai un putain de CRUSH sur elle !! Et puis je suis banale, quoi, je n'ai rien de spécial).

- Écoute, j'ai un contrat tout prêt avec tous les détails inscrits. Regarde-le, réfléchis-y et dès que tu as une réponse pour moi, appelle-moi, d'accord ? me dit-elle en me tendant une grande enveloppe ainsi qu'un morceau de papier avec son numéro (probablement personnel) dessus.

Je prends la grande enveloppe entre mes mains, sentant mon cœur battre la chamade. Mon esprit est en ébullition, hésitant entre la raison et cette opportunité qui se présente à moi. Je ne peux m'empêcher de regarder une dernière fois ses yeux, cherchant des réponses, des indices, mais elle reste énigmatique.

- Je vais y réfléchir, lui dis-je d'une voix à peine audible.
- Prends ton temps, Victoria. Je suis confiante que tu prendras la bonne décision.
Je lui adresse un sourire timide, puis tourne les talons pour quitter son appartement. Une fois dans l'ascenseur, je laisse échapper un soupir, mon esprit en ébullition. La journée ne fait que commencer, mais déjà elle est remplie d'incertitudes et de choix difficiles à faire. Je sens que ma vie est sur le point de prendre un tournant inattendu, et je ne sais pas encore vers où il me mènera.

Sans dire un mot de plus, je pris l'ascenseur et descendis au rez-de-chaussée, en direction de chez moi. Une heure plus tard, après avoir pris une bonne douche, je m'allongeais sur mon lit, l'enveloppe toujours en mains. Devais-je l'ouvrir maintenant ? Attendre ? Réfléchir encore ? Mon cerveau était en ébullition. J'optais finalement pour l'idée de me coucher directement et de dormir un peu, espérant que le manque de sommeil me permettrait de clarifier mes idées. Peut-être que je me réveillerais de ce rêve, qui sait ?

À 16h00, je me réveillai en sueur, complètement crispée dans mon lit. Les larmes coulaient le long de mes joues, témoignant de ma détresse. Je me redressai brusquement, essuyant ces larmes de tristesse, mais je ressentais une colère et une peur profondes. J'avais horreur de me sentir faible. Je me l'étais promis, je devais être forte. On toqua à ma porte de chambre, et j'aperçus la tête de mon super colocataire. Je me levai d'un coup pour lui sauter dans les bras, j'avais besoin d'un câlin. Il me rendit mon étreinte, me rassurant sans dire un mot, sans poser de questions. Il comprenait déjà, même si je ne lui avais pas vraiment parlé de mon passé. (D'ailleurs, il m'avait dit qu'il ne voulait rien savoir, car pour lui, le passé est le passé, et il faut vivre avec.) Je l'adore, ce mec ! Il savait comment me remonter le moral à une vitesse incroyable.

- Allez, file prendre une douche et te changer. On sort au bar dans une heure. Peu importe si tu es prête ou pas, on part même si tu es encore nue, dit-il en rigolant.
Mais je sais pertinemment qu'il n'oserait jamais. Il est trop protecteur pour ça.

Le bar commence à peine à se remplir. Mon sourire est revenu et je sais qu'après quelques verres, j'oublierai mon passé, mes problèmes et surtout le cauchemar que j'ai fait un peu plus tôt... Je déteste ces terreurs nocturnes !

Lui ou ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant