Le domaine...

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Ça fait maintenant 20 minutes que je lis et relis ce contrat. Je ne sais pas quoi penser, ni quoi faire... Mon esprit est totalement perdu. Tout va si vite, et sérieusement, qu'est-ce que ce langage juridique ? Une semaine en plus, dans sa famille ! Bon, la rémunération est vraiment intéressante, donc je peux déjà accepter ça. Ensuite, tous les frais sont pris en charge, alors franchement, ça donne envie de se laisser aller. Non, je dois me calmer, après tout, elle reste ma patronne. En ce qui concerne le partage de chambre, ça devrait aller même si c'est un peu gênant, étant donné qui elle est. Bon, passons à la suite. Le transport... Elle ne se moque pas un peu de moi là ? Hors de question que je devienne son petit toutou obéissant qui la suit partout. En moins d'une minute, j'ai traversé deux états émotionnels différents. Elle est si autoritaire et dure, mais tout change et nous sommes proches l'une de l'autre. Elle semble vulnérable, douce, mais je n'arrive toujours pas à la comprendre. Pourquoi me choisir moi, malgré tout ?

Bon, je vais laisser ça comme ça. Je vais aller me doucher et me préparer pour ma sortie avec Cal. De toute façon, elle m'a dit jusqu'à demain soir, donc j'ai le temps. En plus, demain c'est mon jour de repos.

J'enfile cette robe jaune moulante, qui m'arrive mi-cuisse. Mon décolleté en V avec des lacets met parfaitement ma poitrine en valeur. Je suis en mode séduction ce soir ! Bon, après, rien ne dit que je vais finir par coucher avec quelqu'un, mais cela ne m'empêche pas de m'amuser un peu. Trêve de bavardage, il est temps d'agir ! Je me maquille légèrement, je ne veux pas ressembler à un tableau. Je refais rapidement ma coiffure, puis je saisis mon petit sac à main. J'ai encore quelques minutes pour enfiler mes talons (que je vais sûrement détester avant la fin de la soirée).

J'arrive dans le salon et Cal m'attend déjà. Il a sorti une tenue élégante : une chemise beige et une petite veste, un pantalon cintré. Je pense que je ne serai pas la seule à chercher à conquérir ce soir, ça me fait rire d'y penser. Qui sera le premier entre nous à ramener quelqu'un à la maison ? J'essaie de ne pas partir défaitiste, après tout, Cal est un bon parleur tandis que moi, je suis celle qui attire l'attention.

- Oh tiens, un joli petit poussin ! Franchement, Vick, si je ne te considérais pas comme ma petite sœur, tu serais déjà dans mon lit. Allez, tourne un peu, mais je ne sais pas pourquoi ce soir il va faire chaud.
- Jamais de la vie tu réussiras à me mettre dans ton lit... Je tourne sur moi-même, puis nous nous fixons du regard. J'attends qu'il sorte sa prochaine connerie.
- Techniquement, tu y es déjà passée, même si tu étais complètement saoule et que tu t'es trompée de chambre, sans oublier que tu as gerbé sur mon parquet.
- Rohh... ça va ! Bon, allez, on y va. J'ai vraiment soif, dis-je en me dirigeant vers la porte.

Nous prenons un taxi en direction de la boîte de nuit. À notre arrivée, la salle n'est pas encore très remplie. Nous nous dirigeons vers le bar, où je fais la bise au barman, étant des habitués. Il ne faut pas attendre longtemps avant de commander nos premiers verres. Cal, assis au bar, commence à scruter ses potentielles conquêtes. De mon côté, un homme m'a déjà offert un verre, et je sens que ce n'est que le premier d'une longue série.

Effectivement, après deux bonnes heures et plusieurs verres avalés, je décide de rejoindre la piste de danse. Cal, quant à lui, est déjà occupé à charmer une femme, et l'atmosphère est électrique de désir (tout le monde est en chaleur ce soir ou quoi ?). L'un des hommes qui m'a offert un verre, peut-être même deux, je ne suis plus très sûre, s'approche dangereusement de moi. Il se colle à mon dos, en me tenant par les hanches, et mes fesses sont pressées contre son bassin (et il est vrai que j'ai joué les séductrices, donc vous pouvez imaginer sa réaction... bref). Il commence à dégager mes cheveux de mon cou, y dépose un baiser qui me crispe instantanément. Je me retourne et lui murmure à l'oreille que j'ai besoin d'un autre verre, puis je m'éloigne de lui en me frayant un chemin jusqu'à mon lieu de prédilection : le bar !

Il est près de 3 heures du matin lorsque ma conscience vacille (oui, l'alcool a encore eu raison de moi), je m'approche du bar lorsque l'homme avec qui j'ai dansé me rejoint. Décidément, il ne me lâchera pas. Mais cette fois-ci, avec tout ce que j'ai bu, mes membres ne répondent plus à mon cerveau. Perdue dans mes pensées, je n'ai pas remarqué son approche, son visage à quelques centimètres du mien, son souffle effleurant mes lèvres.

C'est à cet instant que tout se passe si vite. Il m'embrasse avec fougue, et je n'arrive pas à le repousser. J'ai envie de m'enfuir loin d'ici. Pourtant, je sais ce qu'il a en tête. Il me prend par le bras et m'entraîne vers les toilettes, sa force est impressionnante. Il me plaque violemment contre le mur, continuant de m'embrasser, passant de ma mâchoire à mon cou. Je suis figée, incapable de bouger, son bassin contre le mien, je sens désormais son érection pressée contre le bas de mon ventre. J'ai posé mes mains sur son torse pour le repousser, mais il les saisit, me tenant prisonnière. Mes yeux commencent à s'embuer de larmes, il serre encore plus fort mes poignets, me faisant souffrir. Je grimace légèrement. L'alcool m'a rendue impuissante, faible. Son regard devient sombre, brutal. Il veut me posséder, et j'ai horreur de ça.

Sans trop comprendre ce qui se passe, l'homme est violemment projeté en arrière par un homme grand et costaud, le plaquant au sol pour l'immobiliser. Sous le choc, mon regard est perdu dans le vide, une obscurité semble me rendre aveugle. J'entends une voix féminine hurler de colère.
- Nico, dégage cette pourriture d'ici, je m'occuperai de lui plus tard !
Je glisse le long du mur, tremblante. Les souvenirs de mon passé, datant de plus de six ans maintenant, résonnent sans cesse dans ma tête.
- Victoria, regarde-moi, c'est moi, Léo, dit-elle d'une voix rassurante. Il ne te fera rien, tu es en sécurité, me serre-t-elle dans ses bras, ma tête posée sur son épaule.
Aucun mot ne sort de ma bouche, mes mains tremblent de plus belle.
- Respire, Victoria, calme-toi. Tout va bien maintenant, je suis là, dit-elle doucement.
Après quelques minutes dans cette position, je murmure sans réfléchir.
- J'a... j'acc... j'accepte, bégayé-je difficilement.
- Qu'as-tu dit ? s'étonne-t-elle de mon incohérence compte tenu de la situation.
Je prends une grande inspiration, me redresse et plonge mes yeux dans les siens, elle est magnifique ce soir (comme toujours, direz-vous !).
- J'accepte de t'accompagner au domaine de ta famille, seulement si...

Je suis interrompue lorsque la porte s'ouvre de nouveau...

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NDA: Aller mettons un peu de suspense.(Un sourire est une clef secrète qui ouvre bien des cœurs : Robert Baden Powell)

Lui ou ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant