Une promesse...

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Mon taxi vient de s'arrêter devant la maison. Je règle la course, le cœur battant, puis m'avance d'un pas hésitant vers la demeure. Il est 1h du matin et toutes les lumières sont encore allumées. Après une grande inspiration, je frappe à la porte. Celle-ci s'ouvre, laissant apparaître le visage de ma mère. Elle n'a pas changé. De petite taille, les cheveux bruns au carré, derrière ses lunettes de lecture se trouvent deux beaux yeux verts. Je me jette dans ses bras, malgré le fait que nous nous soyons éloignées, cela m'a manqué. Elle m'invite à entrer, et tout est exactement comme dans mes souvenirs. Nous n'avons pas échangé un mot. En réalité, je ne sais pas quoi dire, mais c'est elle qui brise le silence.
- Installe-toi, c'est ta maison, me dit-elle.
- Merci, mais on sait toutes les deux que je ne me suis jamais sentie chez moi ici, répliquai-je d'une voix froide. Je ne peux rien y faire, je déteste cette maison, comme toutes les autres d'ailleurs.
- Alors pourquoi es-tu là ? Tu reviens vivre ici, à Los Angeles ? Il y a toujours ta chambre, tu sais ! me demande-t-elle avec espoir.
- Maman ! Je ne reste pas, je suis en ville pour la semaine. Je suis passée parce que j'avais besoin de... Je voulais simplement te voir, lui dis-je, essayant de dissimuler mon stress et mon inquiétude à l'idée de croiser mon père.

Je sens une présence derrière moi et, instinctivement, je me retourne. Mon corps se crispe, un frisson parcourt ma colonne vertébrale. J'étais tétanisée par la peur.

- Et moi, je n'ai pas le droit à un câlin de ma chère fille ? dit-il avec un sourire mauvais.

Mon père est grand, brun avec quelques cheveux blancs, les yeux marrons. Son visage est sévère, fermé, sa mâchoire souvent contractée. Son regard peut à la fois hypnotiser et paralyser sur place, mais je fais tout mon possible pour l'éviter afin de ne pas ressentir cette sensation d'être un agneau effrayé devant son bourreau. Tout mon être me dit de fuir, de m'éloigner de cet homme. Il est mauvais, mais je sais qu'il y a pire que mon géniteur, et cela me terrifie. Face à mon père, je ne suis rien, faible.

- J'attends ma fille ! élève-t-il la voix, me ramenant à la réalité.

Je m'approche donc à pas hésitants pour faire ce qu'il me demande. Cela me répugne, j'ai envie de vomir. Je me sens sale, cette étreinte semble interminable.

Il me chuchote à l'oreille : "C'est une bonne fille, tu vois, rien n'est si compliqué. Maintenant, va me préparer un verre comme je l'aime, pour fêter ta visite. Et tu iras aussi prendre une douche et te changer, tu empestes l'alcool."

Sur ces mots, je m'exécute, la tête baissée, me dirigeant vers la cuisine sans jeter un regard à ma mère. Je sais qu'elle aussi a la tête baissée. C'est grâce à mon père, si l'on peut dire, que je suis devenue barmaid. Depuis mon plus jeune âge, il m'a appris à préparer des cocktails, à mélanger les alcools, et cela est devenu une passion au fil du temps. Je crois d'ailleurs que si jamais il devait être fier de quelque chose chez moi, ce serait mon talent pour les boissons. Je reviens dans le salon avec une tasse de thé pour ma mère, un scotch pour mon géniteur et moi. Nous avons rapidement discuté, en survolant certains sujets sensibles, tels que mon homosexualité ou mon départ précipité.

Après avoir fini mon verre, je me dirige vers la salle de bains pour prendre une douche. L'eau est brûlante, laissant des marques rouges là où le jet percute ma peau. Mon corps atteint une chaleur telle qu'il semble fumer. J'enroule une serviette autour de ma peau endolorie. Je saisis mon téléphone pour consulter les messages de Léona, qu'elle m'a envoyés un peu plus tôt. J'en ai également reçu d'autres il y a peu de temps, il y a à peine 30 minutes.

De Léona - 00h16 :
Vicky, s'il te plaît, réponds.

De Léona - 00h23 :
Ne pars pas, reste ! Où vas-tu ?

Lui ou ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant