Chapitre 1.

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Ma première journée de cours s'était bien déroulée, et le temps était passé plus vite que je ne l'aurais pensé. Je n'avais pas fait plus attention que ça au garçon bizarre installé derrière moi, puisque je n'en voyais pas l'utilité. Même si son niveau paraissait vraiment bas, il avait l'air plus que concentré. Mon but n'était donc pas de le déranger alors qu'il travaillait. Et puis je n'étais pas en cours pour me faire des amis. Je n'en voulais pas, je n'y trouvais pas d'utilité. Tous ces gens autour de moi...Ils n'étaient mes amis qu'à l'intérieur de ce bâtiment, l'année passée. Je ne voulais pas récidiver, ils ne serviraient à rien pour ma personne j'étais bien seule.

Actuellement, je venais de passer les grilles, mon sac sur le dos. C'était ma dernière année de collège avant de passer au lycée. J'allais donc sur ma seizième année d'existence. J'étais une fille des plus simples qu'il soit. Un mètre soixante-cinq, des yeux sombres, des cheveux noirs et lisses qui s'arrêtaient dans le milieu de mon dos, ceux de devant coupés en une frange rideau, qui me retombait parfois devant les yeux. Je n'avais pas de style vestimentaire trop atypique, en dehors des cours où je devais être vêtue d'un uniforme d'écolière, je m'habillais le plus souvent d'un sweat et d'un jean, très fréquemment noirs ou gris. Je ne cherchais vraiment pas à attirer le regard des autres ou à être charmante. D'ailleurs, mis à part un trait d'eye-liner sur les côtés de mes paupières, je ne me maquillais pas plus que cela.

Revenons-en au moment présent. Je venais donc de sortir du collège, et m'engageai dans les rues en direction de ma maison. J'avais une trentaine de minutes de marche mais ce n'était pas quelque chose qui me dérangeait, au contraire. J'aimais bien marcher, même si j'aurais aimé me déplacer à moto. Je trouvais ça vraiment beau, comme véhicule... et puis on voyait peu de filles sur des motos. Malheureusement, mon père à refusé catégoriquement lorsque j'ai demandé pour en avoir une pour mon anniversaire. C'était un homme vraiment strict, autant au niveau de mon comportement que de mes résultats à l'école. C'était aussi pour ça que je m'efforçais de faire de mon mieux. Je ne voulais pas l'énerver, et encore moins le décevoir. Avec lui, j'avais beaucoup d'interdictions. Je ne devais pas trainer dehors après les cours et rentrer pour réviser, je sortais très peu les week-end, je n'avais donc pas le droit d'avoir de moto, ou même de manger trop souvent des cohosts trop sucrées. J'avais encore la chance de ne pas avoir de vrais amis, sinon je pense qu'il s'en mêlerait pour pouvoir m'interdire certaines fréquentations. Enfin, c'était le cas, il m'avait déjà mis en garde : je n'avais pas le droit d'approcher "Ces délinquants tous déscolarisés et dangereux". Au fond, je savais qu'il faisait ça pour me protéger, qu'il voulait le meilleur pour moi. Mais c'était parfois un peu trop abusif, et je commençais à me demander de plus en plus si ce n'était pas pour avoir une image d'homme avec de l'influence qu'il faisait cela. J'y pensais beaucoup, comme actuellement, sur ma route, alors que mes mains étaient fourrées dans les poches de ma veste. Je m'étais depuis déjà un bon moment munie de mes écouteurs, pour pouvoir marcher en musique, alors que je me perdais un peu plus chaque seconde dans mes pensées.

Mais ce soir, quelque chose me tracassait. Je sentais une drôle de présence autour de moi, comme si je me faisais suivre de loin. Je n'accélérai pourtant pas le pas, je ne me retournai pas d'un coup. Dans ce genre de situation, il ne fallait pas montrer qu'on avait remarqué quelque chose. Et puis... Je n'étais pas sûre de moi, c'était peut-être juste une impression, ça arrive à beaucoup de personnes apparemment.
Je baissais tout de même le son de ma musique pour pouvoir entendre autour de moi, au cas où si j'entendais quelque chose ou quelqu'un m'approcher. Je ne me retournais toujours pas. Je ne voyais pas ce qu'il se passait dans mon dos. Et ce fut encore le cas pendant deux minutes, avant que je ne sente une grande main se poser sur mon épaule.

Je n'avais pas besoin de lui faire face pour le sentir, je savais déjà que c'était un garçon. A priori, il était bien plus grand que moi. J'entendais des petits ricanements, et si j'avais bien distingué, en comptant celui qui me tenait, ils devaient être quatre. Je n'étais pas une grande peureuse, je croyais plutôt au destin. Si une horreur devait m'arriver, c'était parce que c'était tracé.

-Qu'est-ce que vous me voulez?  Ce fut ma seule question, je la prononçai sur un ton calme, même désintéressé. Je n'avais pas le temps de chercher midi à quatorze heures, autant qu'ils me disent de suite ce qu'ils voulaient de moi. Je me défendrai comme je pourrai... et voilà.
-Je veux que tu nous suive. On cherche des petites collégiennes pour notre réseau, on en manque. Me répondit l'une des voix masculines. En entendant la profondeur de celle-ci, et suite à l'appellation "petites collégiennes", je me doutais bien vite qu'ils étaient au moins des lycéens.

Puis mon sang se glaçait. Je n'étais pas du genre à être effrayée pour rien, mais là il y avait bel et bien une raison. C'était donc ça, mon destin? Me retrouver dans un réseau proxénète mené par une bande de délinquants? L'adrénaline et les nerfs me montaient. Je ne voulais pas de ce destin, alors, poussée par une envie de liberté, je ne mis pas longtemps à me retourner pour coller une gifle à l'un de ces idiots. Moi seule, je ne pourrai rien faire, je savais déjà que j'avais perdu d'avance, mais je voulais me défendre, montrer que j'étais contre ça.
Après ce coup qui n'avait pas été envoyé de main morte, celui que me tenait à la base au niveau de l'épaule m'avait lâché pour reculer et poser sa main sur sa joue. Il s'en suivit une injure de sa part, puis l'un des trois qui ricanait comme une hyène prit la parole à son tour.

-Alors, si tu ne veux pas venir avec nous, tu vas crever ici, ma jolie! En plus t'as tapé un supérieur, là! M'avait-il lancé alors que les deux autres s'étaient avancés vers moi en souriant d'une façon malsaine. Je savais que c'était cuit pour moi, qu'on allait sûrement me laisser pour morte dans cette petite rue que j'empruntais habituellement pour être au calme, pas au milieu de la foule de passants qui peuplaient les rues principales. J'aurais du me mêler à la population, ne pas m'isoler... Quoi que, ils savaient que j'étais une collégienne, ils avaient donc du me suivre depuis ma sortie tout à l'heure. Alors ils m'avaient choisie. Peu importe le moment, ça aurait pu être dans n'importe quelle rue, peu importe, ils auraient saisi l'occasion pour me faire ça. Je sentais mon heure arriver, figée par la peur, alors que ces deux grands gaillards s'approchaient de moi sans perdre leur hideux sourire. J'aurais pu fuir, je voulais fuir, mais je n'y arrivais pas, c'était comme si mon corps n'obéissait plus à mon cerveau.

Puis, au moment où l'un des deux géants allait s'apprêter à abattre son poing dans mon ventre, je vis une paire de lunettes s'écraser sur son visage. Les deux avaient tourné la tête vers la provenance de cet objet un peu improbable. J'avais fait de même, puisqu'il était peu commun de recevoir une paire de lunettes dans le visage dans ce genre de circonstances. Avant que je ne le voie, j'entendis une voix grave prendre la parole.

-Oi! Vous jouez à quoi, bande de bâtards? C'est une collégienne, c'est pas de votre âge, ça!

C'était lui.
Mon voisin de derrière en classe, ce garçon qui paraissait complètement tendu pendant qu'il écrivait. Il se trouvait là, devant moi, ses lunettes maintenant au sol. Il semblait énervé. Mais comment était-il arrivé jusqu'ici? Il nous avait suivis aussi? Était-il conscient de ce qu'il était en train de faire? Ces garçons étaient quatre, et je doutais du fait qu'il réussisse à se défendre. C'était bien beau de vouloir jouer les héros, mais quand on en était pas capable, il valait mieux ne pas essayer. Pourtant, ce jeune homme à la tête d'intello, il se tenait devant eux, avec un grand sourire, mais des sourcils froncés qui montraient sa colère. Il comptait se battre avec eux? Je ne savais pas si c'était pour faire le beau ou bien jouer les héros, mais cette histoire ne me rassurait pas. Alors que les quatre hommes s'étaient retournés vers lui, je n'arrivais qu'a articuler quelques mots, que je lui lançais dans un cri.

-Espèce d'idiot! Fuis! Ils vont te massacrer!

Mais c'était trop tard, après avoir rapidement desserré le nœud de sa cravate, et déboutonné les deux premiers boutons de sa chemise, il s'était élancé sur eux comme une furie, avec une agilité qui m'avait énormément surprise, d'ailleurs.

Angels can't fly down hell. (BAJI KEISUKE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant