Chapitre 12.

158 14 1
                                    

Cela faisait une bonne demi-heure que nous étions restés ainsi, l'un contre l'autre, à profiter du calme qui nous entourait, et à profiter de ce beau ciel étoilé, le silence rythmé par la douce musique qui s'échappait de mon téléphone.
Baji avait évidemment relevé la tête pour que nous puissions à nouveau parler des étoiles, comme si nous n'avions pas eu cette discussion qui l'avait rendu si faible. Mes doigts étaient toujours enfilés dans ses cheveux, et ses bras étaient toujours passés autour de ma taille.

Je sentais que mon visage était bouillant, que mes joues étaient écarlates. Je n'avais pas besoin de le voir pour le comprendre, non, je le savais pertinemment. J'avais ce drôle de nœud à l'estomac qui était si récurrent depuis que je m'étais avoué que j'aimais ce beau motard. Cette sensation n'était pas désagréable, au contraire. J'avais l'impression de ressentir de l'adrénaline, et j'appréciais cet étrange sentiment.
Dans un moment de silence, où nous ne parlions plus, Baji tournait sa tête vers moi avec s'être redressé sur l'un de ses coudes. Nous étions si proches... il me surplombait un peu, sa tête était juste au dessus de la mienne.
Il me regardait dans les yeux, avant de me sourire faiblement. Et dieu qu'il était beau, vu sous cet angle.

— Rym, merci d'être là pour m'écouter. Commença-t-il en me souriant. Je ne te serai jamais assez reconnaissant pour te comporter ainsi avec moi.
— C'est normal, andouille. Tu as aussi été là pour m'écouter, avec Chifuyu, quand ça n'allait pas avec mon père. Je ne te remercierai jamais assez non plus.

Puis les mots glissaient tout seuls de mes lèvres. J'étais tellement à l'aise avec lui, que j'arrivais à faire tomber la barrière que je m'étais imposée, celle de ne pas me livrer sur ce que je ressentais personnellement. Tout était tellement facile à dire, je n'aurais jamais cru pouvoir réussir à exprimer tout cela.

— Tu sais, vous êtes uniques, tu es unique. Tu es arrivé dans ma vie à un moment où je ne me permettais plus d'avoir d'amis, et tu m'as certainement sauvé d'un avenir bien tumultueux. Si tu n'avais pas été dans cette ruelle ce soir là, et que tu n'avais pas pris ma défense, je pense que j'aurai fini par sombrer dans ces choses là. Je pensais que je n'étais pas faite pour avoir des amis, sortir, tout ça... Mais en fait le problème ne venait pas de moi mais du cocon dans lequel mon père m'a emprisonnée. Je veux lui tenir tête maintenant, car vous êtes les seuls élèves de ce foutu collège à réussir à me faire décrocher ne serait-ce qu'un sourire. Surtout toi... merci, Baji.

Mon discours semblait avoir attendri le grand brun qui se trouvait à mes côtés. Son sourire était encore plus doux. Mais autre chose avait changé dans son regard. Ses yeux brillaient. Ils brillaient comme s'il contemplait quelque chose d'extraordinaire, alors que juste sous ses yeux, ce n'était que moi. J'étais curieuse de savoir ce qui se passait dans sa tête, mais je me ravisai dans un premier temps. Est-ce que c'était raisonnable de tenter ce genre de conversation, de lui demander ce qu'il voulait à ce moment? Est-ce que j'étais prête à me livrer encore plus sur le fond de ma pensée et de lui dire que le simple fait que de voir son joli visage au dessus du mien me rendait à moitié folle ? Je sentais mon coeur battre la chamade sous ce beau regard, il me rendait complètement différente.

Puis mon esprit tapait du poing. Pourquoi me retenir, au final? Pourquoi ne pas oser, après tout, si les choses n'étaient pas réciproques, il me pardonnerait certainement après quelques temps. Mais si les sentiments n'étaient pas partagés, est-ce que je réussirais à m'en remettre ? J'avais un peu de mal à penser à ce genre de choses. Est-ce que j'arriverais à le revoir de la même façon qu'avant, lorsque je n'avais pas conscience de ce que je ressentais?
Et ces yeux d'ambre qui me détaillaient avec douceur me donnaient encore plus la boule au ventre. Comment était-il possible d'être aussi attirant? Mes yeux dérivaient un instant sur ses fines lèvres étirées par son sourire qui dévoilait ses canines plus pointues que la normale. Et si j'osais ?

Lorsque je relevais les yeux vers lui, les rougeurs sur mes joues s'intensifièrent. Son regard avait encore changé, c'était comme si nous nous étions compris. Nous en mourrions d'envie tous les deux, je commençais maintenant à en avoir le cœur net. Le silence qui régnait depuis quelques instants, rythmé par la musique, finissait par être brisé par le joli brun.

— Ryoma... Je peux? Dis-moi que je peux le faire... Avait-il murmuré alors que je me rendais compte de notre proximité, son souffle s'échouant faiblement contre ma peau.

J'étais incapable de parler. Ma maladresse m'aurait certainement fait dire n'importe quoi et gâcher le moment. Alors, avec un peu d'hésitation, je hochais positivement la tête, de manière très brève. Nous voulions donc la même chose, et ça tordait mon pauvre coeur dans tous les sens. L'entendre dire mon nom complet me rendait encore plus faible, c'était assez inhabituel mais dans sa bouche, mon nom était si beau...
Un nouveau sourire de la part de Baji s'offrît à ma vue, avant qu'il se laisse fondre sur mes lèvres, avec cette douceur que je lui assimilais maintenant de manière systématique.

L'échange était doux, bref, innocent et inexpérimenté. Il n'avait rien d'obscène ou de sensuel, mais il était pourtant chargé d'émotions. Depuis quand attendions nous cela? Nous n'osions certainement pas faire le premier pas, mais dans le fond, c'était tout ce que nous désirions.
Les preuves étaient concrètes, les meilleurs amis ne se comportaient pas ainsi. Ce baiser était la simple traduction du doux sentiment qu'était l'amour. Nous faisions connaissance avec cette belle émotion en même temps, et ensemble qui plus est.

Ce chaste baiser fut alors rompu par le motard, qui laissait nos visages très proches l'un de l'autre, tellement proches que ses lèvres frôlaient presque les miennes lorsqu'il parlait, me faisant comprendre ces deux mots si importants, dans un murmure.

— Je t'aime, Rym...

Ces deux mots résonnaient dans ma tête, comme une douce mélodie. Il étaient si bien prononcés, par sa voix qu'on devinait grave même dans ses murmures.
Je m'étais contentée de l'embrasser en retour, et nous finissions par ne faire que cela de notre nuit blanche. Parler de tout et de rien, l'un dans les bras de l'autre, s'interrompant parfois pour s'embrasser brièvement. Et ce que j'aimais ce moment, ce que j'aimais ce Baji Keisuke.

Angels can't fly down hell. (BAJI KEISUKE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant