Je m'apprêtais à voir mon camarade de classe se faire tabasser par quatre grands lycéens, et j'étais impuissante. J'étais incapable de bouger, et même si j'avais pu le faire, je l'aurais peut-être plus encombré qu'autre chose. La seule chose que je pouvais faire pour le moment, c'était poser mes mains devant mes yeux, et attendre désespérément mon sort. Peut-être que l'un de nous deux sera en état d'aider l'autre quand nous serons tous les deux laissés dans un sale état. J'avais toujours la sale manie d'appréhender les choses et de me faire des films. J'avais parfois raison, mon imagination voyait juste, parfois non. Pour le moment je ne savais pas ce qu'il en était. J'arrivais juste à distinguer le bruit des coups qui pleuvaient les uns après les autres. Je me doutais que les lycéens avaient l'avantage sur mon camarade à lunettes. D'ailleurs, s'il avait jeté ces dernières et qu'il avait vraiment des problèmes de vue, il était fort probable qu'actuellement, il ne voyait rien. Mais après tout, c'était lui qui avait fait ça. Je n'étais pas censée avoir de remords s'il se blessait. Mais il l'avait fait dans le probable but de me protéger, les choses étaient donc différentes. Alors si jamais il arrivait quelque chose de grave...Je m'en voudrais.
Cela faisait trois bonnes minutes que j'entendais des coups être distribués. J'entendais également plusieurs cris de douleur, sans vraiment réussir à savoir de qui ils venaient. Puis un long silence se fit entendre. La seule chose encore audible, c'était celle d'une respiration saccadée.
Je repris alors mon sang froid, et retirai mes mains de devant mes yeux. Puis, j'assistai à la scène à laquelle je m'attendais le moins.Il était encore debout, alors que mes quatre bourreaux gisaient sur le sol, probablement inconscients. Je reposai alors mes yeux sur mon camarade, qui n'avait pas perdu son sourire. Il avait fait craquer son cou, puis avait retiré l'élastique de ses cheveux pour les détacher. Et c'est à ce moment là que je le reconnaissais. C'était un élève qui était déjà dans ce collège l'année dernière. Tout le monde parlait de lui, le décrivant comme une brute. Il avait un an de plus, pourtant...Il avait redoublé? Je me posais un peu trop de questions sur le coup. Il semblait n'avoir reçu aucun coup, il ne saignait de nulle part... Rien de tout cela. Son nom me revenait...Je l'avais sur le bout de la langue...B...B...
-Baji Keisuke. Ce furent ses premières paroles, alors qu'il s'était approché de moi. Comment tu te sens? Ces connards t'ont pas fait de mal?
-Comment t'es arrivé jusqu'ici? Comment t'as fait ça? Demandai-je instantanément. Je n'avais même pas répondu à ses questions. Je voulais savoir comment il avait réussi à venir à bout de quatre garçons plus vieux que lui, sans même verser une goutte de sang.
-En général, avant de demander tout ça...On répond au premières questions. Mais bon. Je les ai vu commencer à te suivre, alors je vous ai suivi à mon tour. Et puis...bah, je sais me battre? Avait-il répondu en glissant l'une de ses mains dans sa nuque après qu'il ait passé son élastique autour de son poignet. Étrangement, maintenant qu'il n'avait plus ce style ridicule de garçon trop intelligent... sa voix lui allait bien mieux.Puis quelques souvenirs me revenaient. Ce garçon, il faisait partie d'un gang. J'en avais entendu parler plusieurs fois dans les couloirs l'année précédente. Alors les rumeurs à son égard étaient vraies? Il était vraiment doué à ce point niveau bagarre? Je me posais de nouvelles questions quand aux talents de ce nommé Baji.
-Dis, au fait, comment tu t'appelles, toi? Me demandait-il par la suite, me sortant de mes pensées. Et puis réponds à mes questions à moi, aussi, ça serait plutôt cool.
-Oh! Eh bien...Je m'appelle Ryoma. Ryoma Yomohiro. Et puis sinon je vais bien, ils n'ont pas eu le temps de me frapper, tu es intervenu à temps. C'est la première fois que ça m'arrive, c'est...angoissant. Je m'étais penchée en avant pour ramasser les lunettes qui étaient restées au sol, à mes pieds, puis je lui tendais doucement. Tiens, je sais pas si tu vois quelque chose sans...
-Ryoma? C'est long...avec moi, ça sera Rym. Ouais, c'est joli, Rym, non? Il ne perdait pas son sourire, puis reprenait assez vite la parole. Juste angoissant? T'es une drôle de fille. Certaines se seraient évanouies sous la pression, ou bien les auraient suivis pour ne pas se faire frapper. Mais toi t'as eu les couilles d'en baffer un, c'est courageux. Il avait ensuite récupéré ses lunettes, que j'étais en train de tendre vers lui, puis il me remercia. En fait, j'en ai même pas besoin...c'était pour avoir l'air sérieux.Je paraissais un peu étonnée. Je n'étais pas habituée à ce qu'on m'attribue un surnom. De plus, "Rym" était un peu inattendu. Certains m'auraient appelée Ryo, ou encore Ry'. Mais Rym, c'était peu commun. Mais si ça lui faisait plaisir de me donner un surnom, qu'il le fasse. Enfin bon. Il était vrai que j'avais donné une gifle à l'un de ces lycéens, mais ce n'était pas vraiment un élan de courage. Pour moi, c'était la panique, c'est tout. J'étais encore plus étonnée quand il me disait que les lunettes étaient là uniquement pour lui donner un semblant de sérieux. Je pensais que personne ne faisait ce genre de choses là, mais visiblement, si. Il m'expliquait par la suite qu'après son redoublement, il n'avait pas envie de se rater à nouveau, et qu'il comptait faire de son mieux pour avoir de bonnes notes cette année. Il me disait aussi qu'il n'était pas à l'aise dans la tenue qu'il portait aujourd'hui, et en même temps, ça se comprenait. Si je ne l'avais pas vu retirer ses lunettes et l'élastique dans ses cheveux... je ne l'aurais pas reconnu.
Puis, après qu'il m'ait demandé, je finissais par accepter qu'il me raccompagne jusqu'à chez moi. Et sur la route, nous parlions de tout et de rien. Enfin... surtout de cours, quand même. Je lui avais proposé mon aide en langues et au niveau de son écriture, et il avait accepté directement. Je me disais que même si je n'avais pas le droit de sortir et de traîner après les cours, je trouverais bien un moyen pour l'aider, même si c'est pendant le temps de midi au collège, ou pendant une heure où nous n'aurons pas cours. Il y a toujours une solution.
Mais pendant le trajet, nous n'avons pas parlé de son gang, je n'osais pas vraiment aborder le sujet, car je ne savais pas s'il en faisait toujours partie, ou bien si c'était un sujet sensible ou non. Alors, je ne prenais pas de risques, et évitais simplement d'en parler.Une fois arrivés au bout de ma rue, je lui demandais de s'arrêter ici. En fait, je ne voulais pas qu'il vienne jusque devant chez moi. Si jamais mon père le voyait, il allait déjà commencer à se poser des questions, et j'allais avoir des restrictions en plus. De plus, il fallait que je trouve une excuse à mon retard, et un simple "j'étais avec lui" pourrait le mettre en rogne.
Baji acceptait sans broncher, et alors qu'il allait me tourner le dos pour partir, je me souvenais de quelque chose que je n'avais pas encore dit.-Baji! Attends. Je soufflais un grand coup, alors que pour la première fois depuis que nous avons commencé à parler, je lui offrais un sourire. Merci beaucoup. Sans toi, je ne serais pas rentrée chez moi.
-Bah, me remercie pas pour ça! C'est normal. Avait-il simplement répondu en souriant. Puis, il se décida à partir, me faisant un simple signe de main après avoir repris son chemin. Bye, Rym!
-Bye bye, Baji.De mon côté, j'avais parcouru la cinquantaine de mètres qui me séparaient encore de ma maison. Cette journée avait été épuisante du début à la fin. Je me sentais étrange suite à cette interpellation dans la rue. Je me rendais compte que ça n'arrivait pas qu'aux autres, en fait. Personne n'était à l'abri d'une agression, même en étant le plus commun des citoyens, certains s'attaquaient à tout. Et puis il y avait Baji. C'était un délinquant, un garçon que les gens qualifiaient comme une grosse brute sans pitié. Et pourtant, s'il ne s'était pas opposé à ce qui était en train de m'arriver, je ne sais pas où je serais actuellement, mais ça ne serait sûrement pas en sécurité derrière les murs de mon lieu de vie.
Pouvais-je dire qu'il était mon sauveur, dans un sens?
VOUS LISEZ
Angels can't fly down hell. (BAJI KEISUKE)
FanfictionJ'étais une fille désintéressée par tous ces liens qu'on pouvait créer grâce à l'amitié ou l'amour. Il était un garçon plein de remords, regrettant chacun de ses mauvais actes, en priant chaque jour d'être pardonné. Puis nous nous sommes rencontré...