Chapitre XXXV

9 3 4
                                    

Point de vue : Will.

Je fronçais les sourcils. Qui diable était ce il ? La voix d'Alys se coupa un bref instant puis elle reprit son souffle.

"- Cet homme que je ne connaissais pas venait de me sauver la vie. Je saisissais donc son aide et me relevais. Autour de nous les cadavres des Hommes de l'Est gisaient, et pourtant j'étais si soulagée. Enfin je n'étais plus seule ! Il me proposa de m'apporter son soutien, et moi, je voyais en lui mon salut : j'acceptais avec joie. Nous gagnâmes de nombreuses batailles ensemble car si il était un très bon combattant, il était aussi un excellent meneur. Ses hommes semblaient lui vouer un extrême respect, mais maintenant avec le recul, je me rends compte qu'ils le craignaient davantage. Cependant tous nos efforts furent vains car les Hommes de l'Est continuaient d'affluer. Thaddeus eut alors une idée : construire de nouvelles armes plus performantes que celles que nous avions alors. Ce fut là que je commis ma première erreur en lui révélant que mon peuple possédait une énergie si puissante qu'elle pourrait alimenter ces armes. 

Ses lèvres se serrèrent, blanchissant légèrement. Toutefois, Alys poursuivit son récit.

- Mais les Anciens refusèrent de nous donner accès à l'Anor car elle était sacrée pour mon peuple. Thaddeus entra dans une colère noire ce jour-là et il mit au point un plan avec moi pour dérober cette précieuse énergie. Mes seules conditions étaient de ne tuer ou blesser sérieusement personne. Mais comme tu peux t'en douter, je me fis berner par celui que je considérais comme mon allié et ami le plus proche. Ce fut un massacre ce soir-là, il tua tous ceux qui se mirent en travers de son chemin, femmes et enfants compris. Et moi je n'ai rien fait...

Sa voix se brisa et des larmes vagabondes commencèrent à rouler le long des pommettes d'Alys. Elle déglutit difficilement puis se racla la gorge avant de continuer.

- Je l'ai bêtement suivi, sous le choc face à tant de violence. Mon monde venait de voler en éclat, je n'étais qu'une simple prisonnière suivant son geôlier. Nous arrivâmes dans ce temple ; il tua Atehrea, la prêtresse qui m'avait élevée et gardienne sacrée de l'Anor. C'est ainsi que Thaddeus s'empara du trésor de mon peuple et qu'il mit au point des armes si puissantes que personne ne pouvait lui résister.

- Et toi, qu'as-tu fait ? demandai-je.

- Rien... J'étais si impuissante. Mon seul réconfort était de savoir que Bane, l'homme que je considérais comme mon père, était encore en vie ainsi que Castien et leur fils Ash. Je donc pris la décision de conforter le monde entier dans cette vision de parjure, de traîtresse qu'il avait de moi. Je me rapprochais grâce à cela au maximum de Thaddeus pour trouver le moment propice pour lui planter une dague dans le dos. Toutefois cet instant n'arriva jamais puisque l'Empereur m'envoya tuer Bane peu de temps après ces évènements. Or j'en étais bien entendu incapable. Mais ce que je ne savais pas c'est que Thaddeus m'avait suivie, accompagné de sa Garde. Voyant que je m'apprêtais à le trahir, il tua Bane et son amant Castien sous mes yeux avant de se tourner vers moi. Je lui tint tête mais rapidement il prit le dessus et son arme me transperça. 

A ces mots, Alys souleva sa chemise laissant apparaître une impressionnante cicatrice au niveau de son abdomen. Je serrai les dents, la colère me submergeant. Hésitant, j'effleurais avec délicatesse cette ancienne blessure qui aurait dû lui être fatale. Je sentis Alys se tendre et sa respiration se coupa. Conscient que cette action irréfléchie pouvait l'avoir gênée, je retirai bien vite ma main. Cependant, Alys me retint. Je relevai les yeux vers son visage, confus.

- J'aurai dû mourir ce jour-là et pourtant j'ouvrais à nouveau les yeux bien des années plus tard dans la maison de Xavier. La suite tu la connais.

Je la regardais à présent avec attention. Ma main toujours posée sur son ventre, je la sentis tressaillir. Ses abdominaux se contractèrent sous mes doigts froids et elle frissonna. Je laissai ma main retomber. Un fin sourire étira mes lèvres et je me décidai enfin à parler :

BlackheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant