Chapitre XXVI

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Point de vue : Xavier.

Alys s'était effondrée. Je vis avec douleur Will essayer de ramper vers elle, mais que pouvait-il y faire ? Personne ne peut survivre à un tel tir d'Anor, pas même cette fille si tenace. C'est la mort dans l'âme que je m'approchai de mon apprenti, le tirant vers moi car rester ici ne fera que rendre sa peine plus grande, et il ne fallait pas oublier qu'Emerick n'était pas mort, risquant de revenir à tout instant.

Je ne pouvais pas laisser le dernier des Crown mourir pour une fille dont l'âme s'était déjà envolée. Cela me fendait le cœur, je n'avais pu m'empêcher de m'attacher à elle malgré tout, presque comme un père avec son enfant, et je voyais bien que Will avait noué un lien étroit avec cette fille au regard brûlant. La peine était si lourde à porter.

Je passai mes bras sous les aisselles de mon ancien apprenti et le tirai vers la porte, l'éloignant de celle qui reposait à terre. Il cria, la voix emplit d'un désespoir percutant :

"- Non ! Laissez-moi ! ALYS !"

J'étais si mal de le forcer à abandonner Alys, mais il fallait que je le sauve. Il était le seul à pouvoir tenir tête à Thaddeus et à ainsi pouvoir tous nous libérer de son joug. Je le sentis brusquement n'opposer plus aucune résistance et cela me terrifia pendant un court instant. Je vérifiai avec empressement son poul et je fus soulagé de constater qu'il était toujours présent, bien que plutôt lent. Je redoublais d'effort pour tirer Will hors de la bâtisse en proie aux flammes et réussi à sortir hors de mon ancienne maison avant qu'une des poutres ne tombe, bloquant la sortie.

Je hissai William sur le Coursier que j'avais laissé à l'entrée de la demeure. Je montai à mon tour peu gracieusement sur son dos et pris le temps de fixer pendant quelques instants ma maison, mon laboratoire, mon sanctuaire partir en fumée. Je retirai mes lunettes et essuyai mes yeux d'où coulaient un flot de larmes. Je repensais également à Alys. Je l'avais abandonnée.

Emerick a raison, je suis un raté. pensai-je.

Au prix d'un immense effort moral, je fis faire volte face au Coursier de Will, le faisant repartir au petit trot afin de ne pas aggraver les blessures de mon ancien apprenti.

Une dernière étincelle de courage et de fierté me consuma, et avant de totalement quitter les lieux, j'osai crier :

"- Etes-vous fiers d'avoir été de fervents partisans de Thaddeus en nous dénonçant ?... Bandes de lâches !"

Je laissai n°1975 repartir. Nous n'avions nulle part où aller mais il fallait que j'arrive à trouver un endroit pour soigner William. Et tandis que je m'engageais dans l'une des petites rues parallèles à la principale, j'entendis une voix étouffée m'appeler :

"- Dr Wyst !

Je tournai la tête de gauche à droite, tentant de voir à qui appartenait cette voix. J'aperçu alors un mouvement dans la pénombre et finis par distinguer la personne me faisant face : Mme Eade.

- Descendez de votre Coursier et suivez-moi ! s'exclama-t-elle.

- Pourquoi diable devrais-je vous faire confiance ? sifflai-je.

- Allons, vous connaissez bien les liens qui me lient à William !...

Je hochai la tête et mis pied à terre, tout en prenant garde à ne pas blesser mon ancien apprenti plus qu'il ne l'était déjà par cette manœuvre.

- Par tous les diables ! Bien qu'Estrella m'ai prévenue, je ne pensais pas qu'il serait en si piètre forme ! s'écria-t-elle.

- C'est donc Estrella qui vous a mis au courant de notre situation ?

BlackheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant