Chapitre XI

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Point de vue : La Fille.

Un échec. Un échec cuisant, voilà ce qu'était cette course que j'avais engagé contre Will. Bien entendu, au début, je l'avais si vite distancé, j'étais si fière de mon exploit ! Puis, un détail m'avait brutalement traversé l'esprit : je n'avais aucune idée de l'endroit où nous nous rendions....

Je dus donc réprimer mon envie de meurtre lorsque je rebroussai chemin et tombai sur un Will qui en était au stade de pleurer de rire. Je rassemblai alors le maigre reste de fierté qu'il me restai et attendis patiemment que l'hilarité du brun se calme, sans toutefois omettre de pousser un long soupir, ce qui ne manqua pas de faire redoubler son rire.

Une fois ce fâcheux accident passé, je suivis sagement Will jusqu'à notre destination, essayant de graver dans ma mémoire le moindre détail qui pourrait me faire retenir le chemin que nous prenions : on ne savait jamais.

Soudain un bruit très léger se fit entendre. Ce bruit. Il me rappelait quelque chose, quelque chose d'inscrit dans mon esprit défaillant. Ces claquements sur le sol, ces souffles... Je n'attendis pas Will et m'élançais vers ce bâtiment tout en longueur qui nous faisait face, l'ébauche d'un souvenir m'y poussait. Mes jambes me portaient si rapidement dans cette direction que je bousculai quelques personnes au passage. Dans mon dos, j'entendis Will m'appeler, mais c'était plus fort que moi : je voulais atteindre cet endroit d'où un souvenir profondément enfoui dans mon esprit semblait émerger.

Puis j'arrivai enfin dans l'entrée de ce majestueux édifice composé d'une immense cour que trois bâtiments entouraient. Je m'approchai timidement de celui sur ma gauche, suivant mon instinct.

Ces têtes fines et allongées dotées d'un regard intelligent et si humain tout en restant animal, ces robes si douces et chaudes lorsque l'on posait la main sur leur encolure, ces membres fins et puissants qui pourraient vous porter si loin, jusque même au bout de votre rêve si vous le vouliez. Mais surtout cette odeur caractéristique que j'aimais tant.

Des chevaux, oui c'est ça le mot que je cherchais : mon esprit me hurlait que cela n'était pas de simples animaux. J'étais si attachée à ces êtres me semblait-il, mais pourquoi ?

Je tendis doucement la main vers l'un d'eux, m'apprêtant à ne serait-ce qu'effleurer le velours de ses naseaux, mais soudain, ce moment vola en éclat, une voix retentit derrière moi :

"- Tu sais que ce ne sont que des machines..."

Je clignais des yeux plusieurs fois et le charme (ou le souvenir : c'était si étrange) fût rompu brusquement par la voix de Will : la vision de ces majestueux animaux de chairs et de sang se fit remplacer presque instantanément par la réalité.

Je ne pus empêcher une larme solitaire rouler le long de ma joue. J'étais sortie de ce rêve éveillé où tout me semblait si réel. Je levai mon regard vers l'animal, ou plutôt la machine, qui me faisait face. Elle n'avait plus rien avoir avec ces chevaux qu'il me semblait voir à l'instant, si ce n'est que l'apparence. En effet, bien que leur morphologie était semblable, elle ne possédait en aucun cas cette douceur, cet éclat indomptable dans les yeux. Ces derniers étaient vides de toutes expression, et sans que je ne sache bien pourquoi, cela m'attristai. Leur corps étaient constitué de métal et de rouages, leur permettant de se mouvoir. Au cœur de leurs entrailles, une lumière rougeoyait derrière cette carapace de fer qui leur servait d'enveloppe corporelle. Ces machines me rendaient mal à l'aise. Elles étaient telles des copies disgracieuses d'une forme de vie qui était pourtant si noble : cela me révulsai presque. 

J'entendis Will se racler la gorge mais voyant que je ne me retournai pas il me dit :

"- Ces machines s'appellent des Coursiers : elles peuvent parcourir de longues distances en un temps record et elles nous servent donc de moyens de transport. Je me rappelle qu'un jour Xavier m'avait expliqué que leur apparence était basée sur des animaux que les Anciens avaient et dont certains se servaient aussi pour faire des trajets plus ou moins longs. Je ne me souviens plus de leur nom... Comment les avaient-ils appelés ?...

- Des chevaux... murmurai-je.

- Oui c'est ça ! Mais comment tu le sais ?

Je ne répondis pas à sa question mais lui en posai deux autres :

- A qui appartient-il, et comment s'appelle-t-il ?

- C'est le mien, enfin celui de Xavier et Estrella mais c'est surtout moi qui m'en occupe. Il n'a pas de nom, c'est une machine mais si tu y tiens vraiment, tu peux l'appeler n°1975.

- On mérite tous d'avoir un nom... murmurai-je plus pour moi-même que pour que Will me donne une réponse.

Il sembla entendre ma remarque qui bien qu'elle n'était en aucun cas contre lui, le gêna et lui fit baisser les yeux. Je changeai de sujet, ne voulant pas créer de tensions : c'était mon problème d'être amnésique, pas le sien et je n'allais pas me venger de ma condition sur lui. Je lui demandai donc :

- Pourquoi est-il dans cet endroit si il t'appartient ?

- Il était en réparation mais je devais le récupérer justement aujourd'hui.

Il marqua une pause et reprit :

- Il faut que j'aille payer l'homme là-bas avant que nous ne partions. Attends-moi ici et ne fais pas de bêtises... me dit-il en me faisant les gros yeux sur la dernière phrase.

Je ris et lui répondis innocemment :

- Moi faire des bêtises, jamais...

Il me sourit puis partit en direction de l'homme qu'il m'avait montré. Alors que je patientais sagement (pour une fois), j'entendis des cris un petit peu plus loin. Un dilemme intérieur fit alors rage dans mon esprit : rester ici ou bien aller voir ce qu'il se passait. Le débat ne fût pas long (oui, je sais ce que vous vous dîtes, mais que voulez-vous c'était ma nature et je ne pouvais en aucun cas aller à l'encontre de celle-ci) : je m'élançai vers la source des bruits en lançant un regard contrit dans la direction de Will, bien que celui-ci ne le remarqua pas.


Je sais, je fais durer le suspens mais s'il vous plait ne me jeter pas de pierres dessus... xD

Dans tous les cas, j'espère que ce chapitre vous a plu et dans le cas contraire n'hésitez pas à me dire pourquoi aussi.

Zoubi à tous et à distance... ;)

Je vous donne une image de ce à quoi pourrait ressembler un Coursier, mais après, libre à vous de les imaginer (mais j'avoue que c'est image est assez ressemblante de ce à quoi je pensait)
:)

Je vous donne une image de ce à quoi pourrait ressembler un Coursier, mais après, libre à vous de les imaginer (mais j'avoue que c'est image est assez ressemblante de ce à quoi je pensait) :)

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