Chapitre XXIV

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Point de vue : Will.

Le soleil finissait sa course folle et la mienne arrivait à son terme également. Je levai les yeux vers les tours de presque cristal de Thaddeus, m'éblouissant de leur éclat d'or : cette couleur me rappelant instantanément le regard brûlant d'Alys. Quelle drôle d'idée pensai-je.

Quelques mètres me séparaient encore du palier de la porte quand soudainement un léger frisson hérissa mon échine.

J'avais un mauvais pressentiment.

Cette impression ne fit que se renforcer lorsque je me rendis compte que le temps semblait suspendu. Aucun bruit ne venait troubler le silence qui devint, suite à cette brusque prise de conscience, comme plus pesant.

Je m'avançai sans un bruit en direction de l'arrière-cour, la main au dessus de mes deux Dragons. J'entrai le plus discrètement possible dans la maison, les sens en alerte. Toutefois, rien ne se passa. La pièce était plongée dans un calme total, quiétude troublée par les seuls bruits de pas de Xavier à l'étage plus haut.

Je me relâchai mes muscles crispés, laissai mes bras retomber le long de mon corps et soupirai de soulagement car si jamais il aurait fallu que je me batte, il faut être honnête avec soi-même, je n'aurais sûrement pas pu tenir bien longtemps après ma crise de ce matin.

Et tandis que je tournai les talons, dans le but de vaquer à mes occupations, trois coups frappés sur la porte d'entrée retentirent fortement. Je me figeai, mon sang se glaça dans mon corps. Une telle brusquerie, il n'y avait aucun doute possible, il ne s'agissait en aucun cas d'une visite de courtoisie. J'entendis Xavier descendre lentement les escaliers, puis il s'arrêta devant la porte, tout en me faisant signe de ne pas rester dans le champs de vision de ces potentiels visiteurs. Je m'éloignai donc, et escaladai en un temps record la charpente de la bâtisse, me permettant de posséder une vue d'ensemble du hall ainsi que d'occuper une place de choix pour un tireur en cas de défense.

Xavier ouvrit la porte et je retenai mon souffle.

- Salut mon p'tit scientifique préféré ! déclama une voix narquoise.

- Emerick... souffla Xavier.

Emerick ? Il s'agissait donc de l'homme de main de Thaddeus. Plusieurs émotions s'emparèrent de mon esprit. Colère, frustration, sentiment de vengeance, ainsi qu'une légère dose de peur que je fis toutefois rapidement taire, me focalisant de nouveau sur le dialogue entre les deux hommes.

- Ca faisait longtemps mon cher Dr Wyst ! Mais dis-moi, tu ne serais pas un petit cachottier par hasard ? insinua Emerick de son insupportable voix.

- Et que vous aurais-je donc caché ? soupira Xavier.

- Il se trouve que certains de vos voisins nous ont avoués certaines choses...

Je sentis une goutte de sueur rouler sur ma tempe suite à l'insinuation du pantin de Thaddeus. Qu'avaient-ils dit ? Cela concernait-il Alys ou bien moi ? Comment avaient-ils pu nous dénoncer ? Je fis néanmoins taire tous ces questionnement, tentant d'écouter avec attention la réponse de Xavier. Ce dernier ne se démonta pas et dis d'une voix neutre :

- Que vous ont-ils avoués pour que vous vous déplaciez en personne, accompagné d'une brigade de la Garde ?

Je souriai faiblement suite à cette réplique de Xavier : il avait réussi, sans qu'Emerick ne s'en rende compte à me renseigner sur le nombre d'assaillants si jamais le conflit devait être ouvert.

- Comme vous le savez, nous avons perdu plusieurs hommes lors de notre expéditions dans le Désert Mort et tout nous porte à penser que vous ou l'un de vos proches en est le responsable. Mais ce n'est pas tout, de nombreux habitants de ce quartier de la ville nous ont assuré que cachiez une femme décrétée ennemi de notre Etat en ce lieu.

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