Chapitre XIV

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Point de vue : Alys.

Alors que Miles me tenais encore dans ses bras, je sentis une présence dans mon dos. Je relâchai doucement le petit garçon et me redressai. Je me tournai lentement et aperçut une silhouette familière. Cette symbiose de finesse et de force composant son corps, cette nonchalance, sans oublier ce léger sourire : pas de doutes, il s'agissait bien de Will.

Plusieurs émotions m'envahirent simultanément. De la surprise, de l'appréhension, des remords, de la gratitude et d'autres que je fis toutefois taire rapidement.

J'étais touchée par le fait qu'il soit resté à l'écart quelques instants, ne voulant très certainement pas interrompre ce moment. Mais ce geste, par sa gentillesse, me rendis encore plus nerveuse : j'étais passée outre ses conseils et je l'avais laissé en plan, si bien que lorsque que j'osai enfin prendre la parole, ce fut d'une voix incertaine :

"- Will, je commençai à avoir des remords pour t'avoir laissé tout seul...

J'attendis sa réponse tout en la craignant. Qu'allait-il dire ? Cette question me rongea quelques secondes avant qu'il ne prenne enfin la parole, un fin (et irrésistible) sourire au lèvres :

- Comment pourrais-je vous en vouloir Milady ?...

Je ne pus m'empêcher de pousser un soupir de soulagement. Toutefois l'appellation "Milady" me troubla grandement, faisant naître un sourire sur mes lèvres et une rougeur sur mes joues dans un même temps. Heureusement, Miles m'offrit une diversion parfaite :

- C'est qui le Monsieur ?

Alors que je m'apprêtai à répondre, Will me devança, se présentant au petit garçon châtain :

- Je m'appelle Will. dit-il simplement.

Pensant leur "discussion" finie, je tendis la main à Miles pour le faire rentrer chez lui, mais à ce moment précis, Will reprit :

- Tu me fais penser à quelqu'un petit, comment t'appelle-tu ?

Miles commença à ouvrir la bouche afin de donner à Will une réponse mais soudain, un grand fracas se fit entendre. Je me retournai sur le qui-vive et je sentis Will faire de même à mes côtés.

Nous vîmes alors sortir de la maison, que Miles m'avait désigné comme étant la sienne et celle de sa mère, une femme vêtue d'une longue robe à corset grise usée par le temps et d'un chapeau noir quelque peu rapiécé. Mais là n'était pas le problème, le problème se trouvait être la carabine Sharp calibre 5.2 que cette même dame tenait entre ses mains, en joue dans notre direction.

Il y eu un court moment de blanc, puis Miles s'écria d'une voix remplit de joie :

- Maman !

La femme baissa alors son arme et ouvrit ses bras tout en s'acroupissant, permettant au petit de venir se blottir dedans. Je fus attendrie par ce spectacle, et je me mis à éprouver une certaine admiration pour cette femme qui aurait été prête à en découdre si nous avions fait le moindre mal à son enfant.

Mon admiration devait sauter aux yeux puisque j'entendis Will ricaner sur ma gauche :

- Pitié, ne prend pas exemple sur elle, tu es déjà assez ingérable comme ça...

Je pouffai et lui donnai un petit coup de poing sur l'épaule, qui eut pour effet d'élargir son sourire et le mien. Mais ce petit échange, bien qu'agréable je dois l'avouer, eut aussi pour conséquence de détourner l'attention de la mère de Miles, qui serrait encore son fils dans ses bras. Son regard dériva jusqu'à nous, nous fusillant au passage.

- Qui êtes-vous et que faites-vous ici ? nous questionna-t-elle avec un ton des plus inquisiteurs.

Avant que nous n'eûmes le temps de ne serait-ce ouvrir la bouche, une petite voix nous coupa :

BlackheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant