Chapitre XV

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Point de vue : Will

Amber Eade. Ce nom faisait remonter tant de choses dans mon esprit. Les bons souvenirs comme les mauvais. J'étais partagé, d'un côté, j'étais plus qu'heureux de revoir celle qui avait toujours été présente pour moi lorsque je n'étais qu'un gamin, mais d'un autre côté, elle me rappelait un passé que je redoutais et tentais difficilement d'oublier.

Je vis La Fille me jeter un bref coup d'oeil. Elle devait se demander ce qu'il m'arrivait. Je voulu la rassurer d'un sourire mais je n'y parvins pas, ce dernier restant coincé dans ma gorge.

Cette situation m'oppressait. Je ne voulais pas que La Fille sache qui j'étais réellement sinon, je n'avais aucun doute sur le fait que plus rien ne serait pareil. Il ne fallait pas qu'Amber lui révèle la moindre information. Je me mis donc à chercher une échappatoire pour fuir cette personne, qui bien qu'elle fut un certain temps comme une deuxième mère pour moi, m'effrayait à présent, par ce qu'elle pourrait révéler.

En pleines réflexions je fus tout à coup surpris par une étreinte des plus maternelles et une voix chargée d'émotions que je reconnu comme celle d'Amber :

"- William, c'est bien toi ?... Je suis tellement désolée petit, si tu savais..."

Je baissai alors les yeux vers cette femme qui faisait partie à part entière de mon enfance. Je fus troublé par le fait qu'à présent je la dépassais d'une tête, elle qui me paraissait si grande autrefois. Je ne savais pas comment réagir à cette étreinte et à ces paroles : j'alternais entre colère et peine (un bien triste mélange).

J'en voulais à Amber pour m'avoir laissé seul après la tragédie qui avait touché ma famille, mais comment pourrais-je faire ressortir cette haine dévorante qui était devenue mienne sur cette femme qui avait très certainement ses propres raisons pour avoir agi de la sorte. Je ne pouvais pas la blâmer pour avoir voulu se protéger, elle et sa famille, même si cela impliquait le fait de m'abandonner face à la mort. Finalement, je ne pouvais rien dire car malgré la souffrance, je comprenais sa décision et cela n'en était que plus douloureux.

Je répondis alors à son étreinte et lui dit :

- Tu avais tes raisons et cette histoire ne te concernait pas.

Amber éclata en sanglot puis me lâcha. Il y avait une telle culpabilité dans son regard que cela me désarçonna. Je tournai la tête, ne supportant pas ses prunelles portant tout son mal-être en ma présence. Mes yeux se posèrent alors sur La Fille qui semblait avoir suivi avec attention notre échange mais elle ne posa toutefois aucune question, bien que je me doutais que son esprit devait être en ébullition. Je reportai ensuite mon attention sur Amber, qui avait reculé de plusieurs pas :

- Ne t'en veux pas Amber, tu avais des personnes à protéger, je te comprends. C'est mieux comme ça, si tu étais restée, tu serais sûrement plus là à l'heure qu'il est.

- Cela ne m'excuse en aucun cas !

- Moi je te pardonne Amber, alors ne te torture pas, je n'en vaux pas la peine...

Elle se rapprocha à nouveau de moi et mis sa main sur mon épaule, le regard on ne peut plus sérieux :

- Tu es sans aucun doute l'une des personnes les plus courageuses que je connaisse, affrontant cette triste vie avec un sourire là où beaucoup d'autres restent terrés derrière un mur de larmes, s'apitoyant sur leur propre sort. Ne dis jamais que tu n'en vaux pas la peine car pour moi, il n'y a rien de plus faux. Tu es devenu quelqu'un de formidable et tu ne t'en rends même pas compte.

Je fus soufflé par cette affirmation. J'avais l'impression de redevenir un gosse en face d'Amber. Je lui souris alors, relevant la tête. Mon ancienne nourrice se pencha alors vers moi et me chuchota :

BlackheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant