Chapitre XXXIV

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Point de vue : Will.

"- Je m'appelle Ash, dernier des Anciens, fils de Bane et Castien, tous deux assassinés par Eléanor la parjure, le bras droit de Thaddeus".

Je n'eus pas besoin de regarder Alys pour sentir que toute la tension qui émanait de son corps. Cependant, avant que je n'esquisse un mouvement dans sa direction, je sentis un léger courant d'air qui hérissa les poils de mon bras et entendis des talons frapper rapidement le sol de pierre : Alys venait de faire volte-face et quittait la pièce.

"- Alys ! Attends ! m'exclamai-je.

Toutefois, elle continua d'avancer sans me lancer un regard, ses longs cheveux flottants dans son dos furent la dernière vision que j'eus d'elle avant qu'elle ne s'en aille. Mon cœur se serra, je venais à peine de la retrouver qu'elle fuyait à nouveau. Je me tournai vers Ash, le menaçant de mes deux Dragons. Mon regard se durcit, il était le responsable du mal-être d'Alys, c'était là la seule explication plausible :

- Qui est cette Eléanor ? demandai-je.

Un rictus traversa le visage de l'homme, tordant ses traits. Il croisa les bras, faisant ressortir sa musculature dans une vaine tentative de m'impressionner sans doute. Son air se fit soudain supérieur : il savait une chose dont je n'avais pas connaissance. Une chose qui devait être si importante qu'il avait un avantage sur moi. Pour lui, je n'étais qu'un ignorant, un enfant naïf et cela se voyait dans ses prunelles d'acier.

- Ce n'est pas à moi de répondre à cette question, demandes donc à Alys car elle la connaissait bien. répondit-il sèchement.

Peu satisfait de sa réponse et encore confus face à la situation, je posai la seconde question qui me taraudait l'esprit :

- Comment pouvez-vous être un Ancien ? Ce peuple a été entièrement décimé par Thaddeus et son armée il y a de ça plus de cent ans ! C'est impossible ! interrogeais-je, perplexe.

En effet, je ne comprenais pas. Cet homme qui, si me fiais à son physique, paraissait avoir tout au plus dans les trente-cinq ans, assurait avec une franchise désarçonnante être un Ancien. Or ce peuple avait été anéanti le centenaire précédent. Ce Ash aurait dû être un vieillard si il était réellement un rescapé de ce terrible génocide orchestré par l'Empereur. Un début de migraine commença à se faire sentir lorsque l'homme qui me faisait face me répondit simplement avec une certaine rudesse :

- L'Anor..."

Je fronçai les sourcils et soupirai, agacé. Ne pouvait-il pas me donner des réponses plus concrètes ? Je décidai de stopper ce stupide interrogatoire qui ne menait à rien et m'avançai vers la grande lance que l'homme avait posée au sol. Je la récupérai et commençai à partir à la recherche d'Alys. Avant de passer le seuil rocheux menant à un grand couloir, je m'arrêtai et jetai un dernier coup d'œil vers le soi-disant dernier des Anciens :

"Pas bougé." le menaçai-je.

Puis, je suivis les traces d'Alys. Marchant silencieusement dans le couloir faiblement éclairé, je tentais de deviner où Alys pouvait s'être échappée. Je rangeai mes deux armes jumelles, les coinçant dans ma ceinture, et attachai dans mon dos tant bien que mal la lance d'au moins un mètre quatre-vingt de l'homme, lorsqu'une fine brise souffla l'une des uniques bougies allumée et située dans une petite niche rocailleuse. L'obscurité m'entoura. Je m'arrêtai quelques secondes, le temps que mes yeux s'adaptent au manque de luminosité. Alors que je me remettais en marche, une douleur fulgurante traversa ma jambe et mon genou se bloqua. Je grimaçai puis entourai mon articulation "réparée" de mes mains, geste dérisoire qui ne me fit que ressentir un certain malaise quand je sentis le froid créé par ma prothèse de jambe. Je fermai les yeux un court instant, ravalant la souffrance accumulée depuis mon opération par Xavier. Ce dernier avait raison, ma prothèse avait besoin de quelques ajustements avant de pouvoir être totalement opérationnelle et ne causer plus aucune douleur, mais mon voyage à dos de Coursier jusqu'ici n'avait pas vraiment arrangé les choses... Cependant, je ne pouvais perdre de temps : Alys avait besoin de moi. Je me remis donc en marche avec peine, claudiquant. Je poursuivis mon laborieux périple, jusqu'à ce que j'entendis le clapotement émis par de l'eau sur de la pierre. Je m'arrêtai brièvement afin de saisir d'où provenait ce bruit léger. Tous mes sens en alerte, il me sembla que cela venait d'un petit renfoncement dans la roche du mur. Je soulevai doucement le lierre et découvris une nouvelle entrée cachée : je m'y engouffrai avec prudence.

BlackheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant