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Merci Chifuyu

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Merci Chifuyu

C'est comme si j'avais pris une cuite de treize ans. Mes souvenirs se mélangent, qu'est-ce que j'ai bien pu faire hier pour finir dans cet état ? J'ai l'impression d'avoir été mort.

Mes yeux s'ouvrent péniblement, aveuglés par la lumière pénétrant dans la pièce. J'ai sommeil, je fracasserai bien une ou deux racailles. Je ne sais pas où je suis et pourtant l'endroit me parait familier. Une odeur d'humidité vient me frapper de plein fouet me donnant la nausée. Je suis dans une cave ?

M'habituant peu à peu à mon environnement, je constate que non, je ne suis pas sous terre, mais plutôt dans un bunker. Les murs sont recouverts de mousse et je soupçonne mon lit de fortune de venir d'une décharge. Une serviette de bain en lambeaux sert de rideau pour cacher la lumière. Quel jour sommes-nous ? Qu'est-ce que je suis supposé faire ?

Je remarque la présence d'un élastique autour de mon poignet que je m'empresse d'utiliser pour attacher mes cheveux formant une grosse boule de nœuds, ils sont tellement gras, j'ai peur de me voir dans un miroir. J'ai une marque rouge sur mon poignet, je ne sens presque plus ma main. Je me sens vieux, plus qu'avant en tout cas. J'ai faim et sens mes os à travers ma peau. Le sol est jonché de rations de survie vides et de bouteille d'eaux amassées dans un coin.

C'est ça l'enfer ? Je suis mort hein ? Condamné à rester seul, sans personne avec qui me battre ou à protéger. Tout semble pourtant si réel. Je suis si perdu et fatigué que je ne prends pas la peine de bouger ou de sortir. Mon corps est lourd et léger à la fois. Je me sens sale, tellement sale. Je me sens bien trop vivant.

Je me souviens d'avoir enfoncé un couteau dans mes tripes. Je ressens à nouveau la douleur de cette incision à vif se diffusant dans tout mon corps. Je grimace, laissant glisser ma main sur mon ventre. Il n'y a rien si ce n'est que mes cotes et quelques organes. Je n'arrive plus à distinguer ce qui est réel ou non.

Plus avide de comprendre, je glisse ma main dans mon dos, je ressens alors une aspérité étrange. Une cicatrice. Je n'en ai qu'une sur deux. Est-ce que je me suis dégonflé au dernier moment ? Je n'ai pas choisi de mourir finalement. Je regarde autour de moi. J'aurais sûrement dû. Combien de temps est passé depuis ce jour ?

Des souvenirs se mélangent, j'ai l'impression qu'ils ne sont pas vraiment les miens. Je me souviens d'avoir fui Tokyo, d'avoir trainé de villes en villes pendant des années. D'avoir intégré un gang à l'autre bout du pays puis de l'avoir quitté. Et enfin de cet endroit. Je suis resté seul ici jusqu'à me laisser presque mourir de faim. Je ris silencieusement, c'est clair, ce n'est pas moi. Je fais pitié.

Je pense au Toman. À Mikey, Draken, Pachin, Mitsuya et Kazutora. Il m'a planté ce con. C'est lui qui devrait être à ma place à se lamenter dans son coin en se disant 'Sérieusement, je suis une merde, j'ai buté le frère d'un de mes meilleurs potes'. Enfin, ce n'est pas tout à fait son genre. Il est du genre à transformer sa honte en colère. Il serait capable d'essayer de me buter à nouveau pour qu'il n'y ait plus de témoin du drame de cette nuit-là.

𝐔𝐍𝐃𝐄𝐀𝐃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant